Même si elle n'est plus produite la Lada Samara reste infiniment populaire. Elle a souvent reçu des surnoms. Le plus connu est « Zoubilo » en raison de son profil caractéristique en forme de burin. Un autre est « La Porsche des pauvres »... Chaque Vosmerka (VAZ-2108) et Deviatka (VAZ-2109) aurait en effet quelque chose de Porsche !
Et ce n’est pas une légende : les spécialistes du centre d'ingénierie de Porsche ont été réellement impliqués dans la mise au point des trains roulants de la Samara et ont aussi fait profiter les ingénieurs de VAZ de leurs conseils en ce qui concerne la carrosserie, la suspension et le moteur.
Le détail de plus typique est cette sorte de « bosse » sur le toit qui permet de charger l’essieu arrière pour une meilleure stabilité à vitesse élevée. La parenté entre la VAZ-2108 et les Porsche (et en premier lieu avec le modèle 924) se remarque aussi dans d’autres détails. Par exemple les poignées de portes extérieures et les tirettes d’inclinaison des sièges avant.
La raison officielle de la coopération avec le constructeur allemand est plutôt triviale : les Allemands en la personne du directeur de Porsche Ernst Fuhrman voulaient en quelque sorte compenser les dommages causés à l’Union Soviétique pendant la Seconde Guerre Mondiale. En tous cas, il a exprimé cette idée lors d’une rencontre avec Victor Poliakov, le Ministre de l’Industrie Automobile de l’URSS, en 1975. Cela n’avait toutefois rien d’une « aide humanitaire » puisque tout a été fait en échange d'espèces sonnantes et trébuchantes.
Initialement l’accord signé pour une période de trois ans avec Porsche prévoyait d’autres projets pour un budget de 500,000 Deutsche Marks par an : une Niva avec des panneaux de carrosserie en aluminium, un moteur essence fonctionnant avec un mélange pauvre ainsi qu’un restyling de VAZ-2103. Toutes ces études ont été réalisées. En outre, dans le cadre de cet accord, un groupe de spécialistes de VAZ (designers, carrossiers, motoristes) étaient basés en permanence à l’usine Porsche entre 1976 et 1978.
En janvier 1980, VAZ a signé un contrat avec Porsche pour le projet « Gamma », la future VAZ-2108. Initialement, l’accord prévoyait uniquement le développement de la Vosmerka, la berline trois portes à hayon avec un moteur de 1,3 litre, même si chez VAZ on travaillait en parallèle sur toute une gamme, c'est-à-dire la berline 5 portes mais aussi des moteurs de cylindrée différente (1,1 et 1,5 litre).
Dès l’automne 1980, les spécialistes allemands ont donc commencé à faire leurs recommandations pour la future hatchback soviétique. Ce sont en particulier eux qui ont proposé le longeron avant fixé en prolongement du plancher. Une solution identique avait été mise en œuvre sur l’Opel Kadett, une voiture novatrice pour l’époque.
Les spécialistes de Porsche ont également suggéré la conception du moteur et ont également peaufiné les trains roulants de la future Vosmerka sur le polygone de Weissach. Ils ont également fait des propositions pour certains accessoires qui ont été achetés plus tard sur licence (jambe de force, conception de la poutre arrière, radiateur, mécanisme de vitres, etc..).
Peu à peu la Vosmerka a pris forme et en 1981 les nouveaux prototypes commencent à être testés. Conformément aux règles en vigueur chez Porsche ils ont été appelés « série 100 ». En 1983, les prototypes « série 300 » passent avec succès les tests d’homologation. Les spécialistes de Porsche feront également leurs recommandations pour l’optimisation des chambres de combustion et l’amélioration du système d’alimentation et d’allumage.
Cela ne veut pourtant pas dire que la paternité du moteur revient aux Allemands : il a été conçu par une équipe de jeunes ingénieurs de Togliatti (G. Litvine, V. Mechkov, A. Palamartchouk, A. Simulman et A. Sorokine). Cependant, conformément au contrat signé avec l'Allemagne, la mise au point du moteur 1,3 litre VAZ-2108 a été menée par Porsche.
Détail intéressant : à la même époque, le même centre d’ingénierie de Porsche s’est vu confier par le constructeur espagnol Seat, la mise au point d’une voiture très similaire à la Samara, la première génération de Seat Ibiza. Et on peut d'ailleurs remarquer quelques détails extérieurs identiques à la « Zoubilo », comme par exemple le large montant central ou les poignées de portes.
Mais contrairement aux ingénieurs soviétiques qui avaient leur propre fierté, les Espagnols n’ont pas refusé « d'ornementer » la culasse avec l’inscription « System Porsche » ce qui a augmenté de manière évidente la côte de cette petite berline aux yeux des acheteurs potentiels.
Durant toute sa carrière la Vosmerka est restée silencieuse sur sa paternité avec les Porsche, si ce n'est sur ces qualités de roulement. Ces gènes sont aujourd’hui désormais connus. Cela explique clairement le charisme de la traction avant soviétique et l’amour que lui voue la « génération Facebook ».
Lu sur : http://www.kolesa.ru/article/system-porsche-chto-nemeckogo-bylo-v-sovetskoj-vosmerke-2015-09-27
Adaptation VG