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Sergent, l’avant-goût de Bora.

« Une voiture avec une plateforme modulaire, une carrosserie allégée grâce à l’utilisation de matériaux composites avancés, la propulsion hybride ». Plus les années passent, plus ces mots nous sont familiers et plus on croise ces techniques sur les voitures de tous les jours. Mais pouvez-vous imaginer que l'on pensait déjà à ces solutions il y a 20 ans ? Pas chez les constructeurs allemands, mais ici en Russie, en 1995 !

En effet il y a 20 ans, le Ministère de l’Education et des Sciences de la Fédération de Russie a lancé un programme complexe portant le nom de « Association », dans le but de reconvertir des bureaux d’études et des instituts de recherches liés au complexe militaro-industriel en les faisant travailler sur des sujets liés à l’économie du pays.

Dans les années 1995-1998, 15 projets ont donc été lancés dans le cadre ce programme, dont le projet « Aeroservis ». « Aeroservis » était à la fois un projet technique, technologique et humain (avec la formation de pilotes et de techniciens) dont l’idée était de fabriquer des ULM équipés pour traiter les plantations contre les insectes nuisibles et les maladies (avec des équipements de pulvérisation de faible volume utilisables à des hauteurs allant jusque 3 mètres). Ce programme intégrait également les projets « Deltaplane » (bureau d’étude « Cristall » de Saint-Pétersbourg) et « Jeep » (bureau d’étude « Parsek » de Togliatti).

L’objectif du projet « Jeep » était de réaliser un petit tout-terrain portant le nom de « Sergent » pour les centres « Aeroservis » et destinés par exemple au transport des ULM, des équipages ou des équipes d’entretien ainsi qu'aux livraisons de matériels, de carburant et de produits chimiques.

Ce véhicule était constituée d’une structure modulaire basée sur la mécanique de la « Reine du tout-terrain », la VAZ-2121 « Niva ». Bien entendu, l’utilisation au maximum de composants et de pièces provenant de voitures de production nationale était à l’époque un énorme avantage.

Pour améliorer encore plus les capacités en tout-terrain, la fiabilité et la durabilité de la voiture, il avait été décidé d’utiliser un vrai châssis. Ce châssis-cadre constitué de profilés en aluminium et d’un plancher en polymère thermodurcissable permettait au « Sergent » d’être extrêmement léger. Les panneaux de carrosseries étaient réalisées selon la technique habituelle « fibre de verre plus résine époxy ». Au final et en ordre de marche, la voiture pesait 300 kg de moins que la Niva de base. Outre la réduction de poids, la carrosserie en plastique et le châssis en aluminium ne craignaient pas la corrosion, un point particulièrement important par climat chaud et humide.

La conception du « Sergent » lui permettait d’être facilement et rapidement transformé selon l’utilisation souhaitée. Comme le prouvent les dessins d’époque, on imaginait divers types de carrosseries comme un pick-up, un camping-car et même un tout-terrain à six roues !

En tout, seulement 3 « Sergent » ont été fabriqués : le premier d’entre eux avec le moteur habituel 1,7 litre essence de la Niva, le second avec un moteur pas facile à trouver sur la chaîne de VAZ, le 1,8 litre diesel VAZ-343 fabriqué par l’usine « BarnaulTransMach ». Mais la version la plus intéressante était celle équipée d’un moteur... hybride !

Un moteur hybride d’une conception inhabituelle puisque ce concept n’a pas son équivalent dans le monde d’aujourd’hui. Si le moteur de Niva entraînait de manière habituelle l’essieu arrière, les roues avant étaient couplées à un générateur qui rechargeaient des batteries. La voiture disposait donc d’un mode électrique. Il suffisait au conducteur d’appuyer sur un bouton pour enclencher le système, les roues arrière étant entraînées par l’intermédiaire d’un moteur électrique à courant continu de type PT-125. Simple et génial !

Bien sûr, ces projets ne pouvaient ne pas intéresser le Ministère de l’Agriculture et le Ministère de la Défense, ce dernier ayant besoin d’un véhicule léger pour l’armée. Les projets « Deltaplane » et « Jeep » ont ainsi été appuyés par ces deux ministères car ils étaient particulièrement prometteurs. Dans le cadre du projet « Jeep » et sur commande du Ministère de la Défense, on a d’ailleurs étudié une version du « Sergent » avec un blindage léger contre les balles et les éclats d’obus.

Finalement le projet « Aeroservis » a reçu en 1998 un prix du Conseil des Ministres de la Fédération de Russie dans le domaine des sciences et techniques. Mais les bonnes nouvelles s’arrêtent là. La même année, avec la fin du programme de reconversion et la réorganisation du Ministère de l’Education des Sciences, tous les projets ont été suspendus aux bureaux d’études « Cristall » et « Parsek »...

C’est ainsi qu’il y a 20 ans, un petit et modeste tout-terrain à quatre places s’est essayé en Russie aux futures tendances de la production automobile de ce début du 21ème siècle !

Lu sur : http://www.kolesa.ru/article/gibridnaja-niva-s-kompozitnym-kuzovom-proekt-serediny-90h-2015-06-24
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Prototype, #Sergent, #Bora