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Dans l’histoire automobile polonaise, la Polonez occupe une place de choix. Lancée en 1978, elle a été produite dans de multiples versions, que cela soit au niveau de la carrosserie ou de ses équipements. Le modèle que nous vous présentons aujourd’hui combine, à notre sens, plusieurs caractéristiques propres à la période de la PRL.
Cette Polonez a fêté cette année son 25ème anniversaire puisqu’elle a été produite à Zeran en 1989. Pourtant ce n’est pas dans la rue qu’elle a fait ses premiers tours de roues puisqu'elle a été envoyée au Centre de Recherche et de Développement de FSO (OBR FSO) à la demande du Commandement de la Milice de Varsovie-Motokow, son premier propriétaire. L'histoire est un peu compliquée mais ce n’est pas par accident qu’elle leur avait été confiée. Les ingénieurs du centre de recherche devaient soigner aux petits oignons la transmission de cette Polonez blanche, une 1.6 SLE à l’origine. Et quelques semaines plus tard, arrivée dans le parc de la police, elle était devenue une véritable terreur pour les pirates de la route et les criminels.
Sous le capot on trouvait un moteur 2.0 DOHC et une boîte de vitesse modifiée de Fiat 132. La transformation n’était pas nouvelle puisqu’elle avait été développée une douzaine d’années plus tôt pour la célèbre Polonez 2000, un modèle produit en quantité limitée. Outre le moteur et la boîte, on trouvait un nouvel arbre de transmission et un nouveau pont arrière. L’ensemble fonctionnait très bien mais la Polonez était désormais exempte du hurlement caractéristique par lequel on pouvait reconnaître les versions standards. En revanche, grâce à ses voies plus larges, la voiture avait un comportement bien meilleur.
La transformation permettait à la voiture de changer de catégorie. Sa puissance était de 112 ch pour 157 Nm de couple, à comparer aux 87 ch et 130 Nm de la version 1.6 SLE. C’était un écart énorme. Ceux qui ont l’occasion de conduire les deux voitures connaissent le fossé qui les sépare en terme de performances. La version 2 litres est une voiture très agréable à conduire encore aujourd’hui. Ce moteur est suffisamment souple pour rouler à 100 km/h en cinquième et accélérer de nouveau quand on appuie sur les gaz. Ce n’est pas une voiture de course, mais elle peut affronter facilement la plupart des voitures modernes. L’exemplaire présenté se distingue aussi par sa suspension et ses freins améliorés. Les quatre freins sont à disques. Ceux de l’avant sont remarquables puisque l’on trouve des pièces d’origine Brembo.
Cette voiture n’a que 27,000 km. Ce n’est pas beaucoup pour une voiture ayant servi dans la police. Elle a eu la chance d'être sauvée par son actuel propriétaire qui a pu profiter d’une voiture pratiquement aussi neuve qu’à sa sortie, avec sa peinture d’origine et une documentation détaillée !
Au début de cet article nous avons écrit que cette Polonez combinait plusieurs caractéristiques des voitures de l’époque communiste. Pourquoi ? Vous connaissez la première partie de sa vie passée entre les mains du Ministère de l’Intérieur. De cette époque il ne reste quasiment rien, si ce n’est le support du micro du système de communication. Le nouveau propriétaire, inspiré par le groupe motopropulseur et la couleur blanche d’origine a pourtant décidé de traiter la Polonez dans un style légèrement différent. Fan de rallye il s’est inspiré des voitures dans lesquelles courraient des pilotes comme Maciej Stawowiak ou Andrzej Jaroszewicz.
Cette Polonez est un modèle sorti après le premier lifting. Elle se distingue de la « Borewicz » classique par sa nouvelle calandre ou son parechoc avec les feux de position et clignotants intégrés. A l’arrière, les habillages de custodes en plastique sont remplacés par de vraies vitres et la lunette arrière a été légèrement agrandie. A cause de ses changements, la Polonez MR’87 (NDT : « année-modèle 1987 ») a reçu le surnom d’aquarium. Il est vrai que le modèle MR’87 n’a jamais fait de rallye mais son propriétaire n’avait pas l’intention de construire une réplique exacte destinée à prendre le départ de rallyes historiques et voulait simplement ajouter de la sportivité à sa Poldek dans le but de plaire aux passants et à son propriétaire lui–même.
Pour ressembler aux voitures de courses réalisées par l’OBRSO (le département compétition de FSO), cette Polonez devait recevoir quelques équipements supplémentaires. La carrosserie s’est ainsi parée de divers autocollants aux noms de sociétés célèbres de l’époque (Polmo, Pewex, Unitra ou Castrol), de numéros de course ou d’énormes logos FSO, y compris celui caractéristique, situé sur le toit. Les roues sont des ATS Classic originales de 7 pouces de large et à l’avant on trouve quatre phares Cibie caractéristiques. Les bavettes ajoutent également une touche d’authenticité. On a vraiment l’impression que cette Polonez va prendre le départ du Rallye de Monte-Carlo ! A noter que son propriétaire a pris la décision de procéder à ces modifications, en pouvant à tout moment revenir en arrière pour remettre la voiture dans son état d’origine.
L’intérieur n’est d’ailleurs pas modifié. Cela aurait été dommage de ruiner cet intérieur en parfait état. On trouve encore des protections en plastique montés en usine et, à part le pommeau de levier de vitesse légèrement usé, tout le reste est aussi neuf que neuf. Et en plus vous ne pouvez pas sentir l’odeur ! Il n’y a que les productions de FSO qui avaient cette odeur. Le volant sport de la gamme Fiat et l’autoradio Unitra Akropol, dont les stations modernes ont été pré-mémorisés, ajoute du charme à cet intérieur. Mais le mieux pour le conducteur, ce sont peut-être ces compteurs carrés et le levier de vitesse situé sur la console centrale. A une époque c’était le summum de la modernité !
Par rapport aux voitures actuelles, la Polonez est déjà très archaïque mais il y a peu de voitures qui suscite autant l’intérêt des passants. Et à conduire elle ne peut être comparée à aucune autre. Tout semble être sous contrôle mais dans les virages il faut forcer un peu (en l’absence de direction assistée). Le plaisir est énorme ! La deuxième partie de la ligne d’échappement faite sur mesure ajoute aussi à ce caractère sportif. Il n’est peut-être pas aussi joli que celui réalisé à l’origine par l’OBR avec sa sortie orientée vers le haut, mais il fait bien ressortir le son rugueux caractéristique du deux litres. La pièce originale repose bien sûr sur une étagère dans le garage du propriétaire.
Les amateurs et les collectionneurs de Polonez pourront peut-être arguer que cet exemplaire n’est pas d’origine et qu’il lui manque encore beaucoup pour être une vraie voiture de rallye... Mais cette Poldek de police et de rallye suscite toutefois beaucoup d’intérêt dans les manifestations auxquelles elle participe. Trouver une autre voiture dont l’histoire et l’état sont si originaux sera très difficile. Et c’est bien ce qui rend cette Polonez vraiment intéressante !
Lu sur : http://moto.pl/Klasyczne/1,137197,16289323,FSO_Polonez_2_0_DOHC___Test___Miks_motoryzacji_PRL_u.html
Adaptation VG