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GAZ-21 au Monte-Carlo : 50 ans déjà !

Cette année, nous fêtons le 50ème anniversaire de l’engagement de plusieurs GAZ-21 au Rallye Monte-Carlo 1964. La course a été remportée par la Mini Cooper N°37 alors que pour la « Volga » l’épreuve a été rude. C’est le magazine Za Roulem qui raconte le mieux l’histoire de cet évènement. Et elle peut être richement illustrée par des photos des éditions 1964 (et 1965) publiées sur le site « SovietRally ».

Commençons par les équipages :

  • Epreuve 1964 :

N° 22 - HB 0047 (plaques jaunes) E. Vaskovitch - G. Dobrovolski
N° 29 - HB 0067 (plaques jaunes) V. Mossolov - L. Degtiarev
N° 31 - AB 0053 (plaques noires) S. Tenichev - A. Dmitrievski
Véhicule d’assistance : 2328 IouAN

  • Epreuve 1965 :

N° 88 - HB 0064 - V. Mossolov - G. Dobrovolski
N° 92 - 2420 IouAN - A. Karamichev - G. Tsimmerman
N° 88 (?) - GV0019 - voiture ouvreuse de A. Ipatenko (DOSAAF Moscou) - Uno Aava (Kalev Tallinn),

Le Monte-Carlo est une épreuve magique et ces trois Volga GAZ-21 et deux Moskvitch-403 chargées de pièces de rechange, de roues de secours, de nourriture et de vêtements avaient de quoi détonner sur fond de yachts de luxe, de voitures de sport et de casinos. D’ailleurs, le célèbre casino n’était pas accessible au commun des mortels soviétique !

En janvier 1964, les cinq équipages venus d'URSS n’ont pas eu peur de prendre part au très difficile et très prestigieux Rallye Monte-Carlo. Tous les cinq ont d’ailleurs terminé l’épreuve. Les détails de cette participations sont issus d’archives personnelles de Guennadi Dobrovolski, pilote de rallye, pilote-essayeur de l’usine de Gorki, spécialiste des compétitions aéronautique, de motos et de voitures.

La participation des équipages russes au Monte-Carlo était indispensable pour montrer en Europe les voitures soviétiques et ainsi augmenter les exportations et attirer des devises. A l’époque, les voitures fabriquées en URSS étaient déjà vendues à l’étranger : les Moskvitch étaient distribuées en Scandinavie, en Grèce, en Belgique, dans les pays d’Asie et d’Afrique. Les Volga, robustes et fiables, rivalisaient avec les voitures étrangères de classe moyenne. Leurs débuts dans le plus prestigieux des rallyes européens devaient leur permettre d’augmenter leur popularité et de hisser le drapeau de l’URSS à un niveau encore plus élevé. C’est Avtoexport qui s’était chargé d’engager les voitures à ce rallye.

Ce sont deux Volga amenées par GAZ et une par NAMI, ainsi que deux Moskvitch-403 d’AZLK qui sont arrivées dans la principauté. Les meilleurs coureurs automobiles soviétiques se trouvaient à leur bord. Au volant des GAZ-21M aux couleurs officielles de GAZ – carrosserie noire et toit blanc – se trouvaient les pilotes essayeurs de l’usine connaissant dans les moindres détails leurs montures. L’équipage de la voiture numéro un était composé de Guennadi Dobrovolski, le fils du célèbre photographe automobile Nikolaï Dobrovolski, et du pilote-essayeur E. Vaskovitch. Dans la seconde on trouvait le sextuple champion d’URSS V. Mossolov et son ami L. Degtiarev. La voiture engagée par NAMI était occupée par S. Tenichev et A. Dmitrievski. Le directeur de l’équipe soviétique était le célèbre pilote A. Ipatenko. Les pilotes soviétiques avaient déjà participé à des rallyes sur les routes des pays socialistes comme la « Course pour la Paix et l’Amitié » et le « Raid Polski » où ils avaient remporté des victoires. Ils avaient aussi pu se mesurer en 1963 aux pilotes européens sur le Rallye de l’Acropole. Cependant, le Monte-Carlo était d’une toute autre difficulté et les « athlètes » soviétiques ne pouvaient même pas imaginer ce qui les attendait !

Seules des voitures de série étaient autorisées à s’engager. La préparation du moteur ou la réduction de poids n’étaient pas permises. Cependant les voitures pouvaient être fabriquées avec des pièces spécialement sélectionnées. Certains accessoires étaient également obligatoires. A. Ipatenko avait centralisé la commande et les avait achetés à l’étranger. Chaque voiture recevait ainsi des phares additionnels, des appareils de navigation, des ceintures de sécurité – en 1964, aucune voiture russe n'en disposait en série. Sur le toit on avait installé un puissant phare de recherche provenant d’un autobus ZiL-127. Le navigateur pouvait, directement depuis l’habitacle, le faire tourner à 180°. Les pneus hiver ont été achetés à l’arrivée des voitures en Europe. Il s’avérait que toutes les voitures engagées avaient des pneus à clous et que seules les voitures soviétiques allaient se risquer à affronter les glaces des Alpes avec des pneus classiques. En plus, les pilotes russes n’avaient jamais conduit de voitures montées avec ce type de pneus ! Les équipages avaient tout de même tenu à conserver leurs pneus été dans l’habitacle au cas où le nouveaux pneus seraient endommagés par les routes de montagne. Alors que les concurrents étrangers cherchaient à maximiser l’allègement de poids, se séparant même des vêtements superflus... les soviétiques ne voulaient pas prendre de risques et emmenaient aussi des pièces détachées et des outils. Les voitures chargées à ras bord servaient à la fois de maison et de station-service...

Le rallye commençait traditionnellement de différents endroits d’Europe situés à équidistance de Monte-Carlo. De chaque ville partaient ainsi plusieurs voitures. L’équipe soviétique est partie de Minsk. Les différents membres de la délégation de l’URSS se relayaient tour à tour au volant. C’est ainsi que le traducteur I. Brianski a eu un accident de la circulation au volant d'une des Moskvitch-403 en dépassant un camion. Une voiture arrivait en face. Il devait soit ralentir et retourner dans sa voie de circulation soit terminer la manœuvre. Il a choisi la première solution. Sur la route glissante, la Moskvitch a dérapé et a quitté la route. I. Brianski a été blessé. Lorsque A. Terekhine, le mécanicien qui l’accompagnait, a compris que l’accident serait inévitable, il s’est jeté sur la banquette arrière et n’a même pas souffert d'une égratignure. L’équipe venait de perdre une voiture de rallye mais une Moskvitch-403 identique avait pris la route de Monte-Carlo comme voiture d’assistance. C’est elle qui allait prendre le départ.

Les Volga et les Moskvitch ont pris la route depuis Minsk tout comme un équipage anglais à bord d’une Morris Mini Cooper. Les difficultés ont commencé rapidement. Le road-book donné au départ de Minsk était inexact et les Russes ont perdu un temps précieux pour trouver la route (il fallait respecter des heures de passages à des points précis). S. Tenichev et A. Dmitrievski se sont ainsi retrouvés à 4 heures du matin dans une ville d’Allemagne à demander leur chemin à une vieille dame, seule personne présente dans la rue à une heure aussi avancée de la nuit ! Elle ne comprenait pas ce que voulaient ces deux hommes en pantalons de survêtement, vestes de cuir et casques de moto sur la tête, arrivés à bord d’une voiture étranger et de marque inconnue et s’exprimant dans une langue inconnue. Passé le moment de frayeur, elle a toutefois réussi à les remettre dans le droit chemin ! La fatigue les gagnait et le café n’aidait même plus. Sur les portions de route les plus simples, pilote et navigateur échangeaient leur place pour que le pilote puisse faire une petite sieste.

Mais les vraies difficultés les attendaient dans les montagnes : les Moskvitch manquaient de puissance pour pouvoir gravir les pentes abruptes sans sur-solliciter leur mécanique et les Volga manquaient de maniabilité dans les virages étroits et verglacés. De plus, les voitures étaient beaucoup trop chargées ce qui augmentait leur inertie.

Sur les Moskvitch, le levier de vitesse a cassé plusieurs fois. Le mécanisme fragile ne supportait pas le nombre trop important de changement de vitesses et il a fallu réparer souvent sur le bord de la route. La Volga de E. Vaskovitch et G. Dobrovolski a vu son pare-brise brisé par une pierre. Le pire a été connu sur la route qui traverse le centre historique de Monte-Carlo et qui se compose de nombreux virages à 180°. Face à des voitures plus maniables comme les Volvo Amazon, Saab 96, Mercedes 300 SE, Renault, Simca et Fiat 600, les chances étaient clairement inégales... Ces concurrentes étaient plus légères, plus puissantes, plus maniables et il y en avait qui avaient même déjà des freins à disques. Pourtant, certaines n’ont pas tenu la distance et n’ont pas terminé le rallye. Les Russes ont eux réussi à surmonter toutes les difficultés. Ils n’ont pas pris la première place mais les cinq voitures ont atteint la ligne d’arrivée et ont reçu une médaille d’or en présence du Prince Albert de Monaco et de la princesse Grace !

La victoire a été remportée par la Morris Mini Cooper qui, comme les Soviétiques, était partie de Minsk. La deuxième place a été prise par un équipage venu de RFA au volant d’une Ford Falcon Sprint et la troisième place par des Suédois à bord d’une Saab 96. Les Russes venaient toutefois de s'ouvrir les portes de l’Europe.

La même année en 1964 en Suède, au « Rallye du Soleil de Minuit », une épreuve comptant pour le championnat d’Europe, l’équipage G. Dobrovolski et A. Karamechev a pris la cinquième place. Plus tard, les Moskvitch-412 ont brillé dans les exigeants rallyes-marathon transcontinentaux comme le London-Sydney en 1968 et le London-Mexico en 1970. Et l'apogée a été atteinte en 1974 quand à bord de la même Moskvitch-412, S. Brundza et A. Karamechev ont remporté le Tour d’Europe et ramené en Union Soviétique une médaille d’or. Mais ça c’est une autre histoire...

Lu sur : http://fishki.net/auto/1242412-rally-monte-carlo-1964.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Sport, #GAZ, #GAZ-21