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VAZ-2101 : ni un aspirateur à gonzesse, ni une voiture de course...

... mais une voiture qui vous emmène d’un point A à un point B.

Vous n’oublierez jamais la force qu’il vous a fallu pour claquer la portière. Vous n’oublierez jamais non plus le son du démarreur qui après deux ou trois tours fait tourner le moteur de manière régulière. Tout le monde connaît ces bruits. On a souvent commencé sa vie d’automobiliste au volant d’une VAZ-2101. Maintenant pour certains cette voiture n’est qu’une vulgaire « Tazik » qui se traine sur la route. Pour d’autres c’est une Kopeïka, lointain souvenir d’enfance ou de jeunesse. Pour d’autres encore, c’est un rêve, parfois même vieux de 30 ans.

Cela fait déjà longtemps que le pays qui produisait le premier modèle de Jigouli n’existe plus. Pourtant elle roule encore sur les routes du monde entier et refuse obstinément de partir à la casse... comme l'a fait la grande et puissante Union Soviétique.

Je vais vous parler d’une voiture simple mais pourtant très fiable. Ma Lada, une VAZ-2101. Je la possède depuis 2007. Déjà à cette époque elle n’était plus toute jeune. Cette Kopeïka, ou plutôt VAZ-21013, est tombée de la chaîne de montage en 1982. 25 ans plus tard, elle est tombée entre mes mains encore dans teinte jaune d’origine. L’ancien propriétaire de cette voiture était un ouvrier émérite de l’usine « Azota » de Grodno qui avait été gratifié d’une « Lada ». Les années ont passé et en 2007 la Kopeïka est devenue orpheline.

Le grand-père était évidemment un très bon conducteur et c’est pourquoi la voiture était en parfait état quand elle a été vendue. C’est d’ailleurs comme si c’était elle qui m’avait trouvé puisqu’elle n’a jamais été mise en vente par le biais d’une annonce ! La voiture était simplement parquée dans un garage. Elle attendait. Je l’ai vue par hasard et pour seulement $500 je l’ai achetée à la veuve de son propriétaire.

Quand je suis allé l’immatriculer, on m’a demandé quel numéro je voulais. En plaisantant j’ai répondu « Donnez-moi un numéro de mafieux ». L’inspecteur m’a donné le numéro « 6006 BM-4 ». J’ai tout d’abord voulu refuser car je n’avais pas envie de payer un supplément uniquement pour ce beau numéro. Mais l’inspecteur m’a dit que j’allais payer le tarif normal. Ne pensez-pas que j’ai mes entrées auprès de la police. Je ne suis qu’un étudiant à l’université de Grodno !

En 2007, elle n'avait que 100 mille kilomètres au compteur. Ce n’est pas beaucoup pour une voiture âgée de 25 ans. Maintenant elle en a 190 mille. Je n’ai même pas regardé une fois le moteur en 6 ans comme beaucoup d’autres pièces de ma « Tazik ». Pourtant je dois avouer que je n’en prends pas un soin particulier : je roule toute l’année avec, le moteur et le châssis sont fortement sollicités. C’est un vrai miracle mais ma Kopeïka atteint encore la vitesse maximale spécifiée par le constructeur et n’en est pas loin pour les accélérations (le 0 à 100 km/h est atteint en 20 secondes). Je sais que pour une voiture moderne ce n’est rien du tout mais n’oubliez pas que ma Jigouli vient de fêter ses 31 ans ! Et ne riez pas trop fort, vous verrez dans 30 ans ce que vaudra votre inomarka (NDT : voiture étrangère).

L’utilisation intensive influe sans doute sur l’état de la voiture. En 2010, la voiture a dû être entièrement repeinte et 3 ans après, il a fallu protéger les soubassements. Il y a quelques semaines j’ai refait un traitement anticorrosion et je pense qu’après l’hiver je restaurerai complètement les bas de caisse. Cela peut attendre, ils ne sont pas perforés par la rouille. En 6 ans j’ai investi environ $600 au total dans cette voiture. J’ai changé plusieurs fois les plaquettes de frein, la pompe à eau, les supports du ventilateur et aussi les biellettes de suspension. J’ai aussi remplacé la ligne d’échappement. La seule chose inhabituelle que j’ai rencontré est la portière arrière bien pourrie (alors que la voiture n’a jamais été accidentée et que les autres portes sont encore en relativement bon état). Pour des raisons esthétiques, je l’ai remplacée (et ce d’autant plus qu’elle ne m’a coûté que $10). Les bas de caisse m’ont coûté 28,000 roubles. Drôles de chiffres, non ?

Il convient de noter que la voiture n’est jamais tombée en panne. Elle a toujours roulé même si elle demande souvent « Remplace-moi cette pièce cassée ». Je les change et elle me remercie toujours en roulant très bien, même par -30°C. Je pense que la liste des pièces remplacées pour une si vieille auto n’est pas si longue. Cela prouve non seulement la qualité de cette voiture, mais aussi sa simplicité. Ce ne sont pas des mots sans signification. Si vous ne me croyez pas, demandez à vos parents ou à votre grand-père (voire même à votre grand-mère).

L’intérieur est assez spacieux et lumineux. On remarque les grandes surfaces vitrées. Le tableau de bord ne comporte qu’un unique tachymètre (gradué jusqu’à 160 km/h même si dans les faits la Kopeïka ne peut atteindre que 142 km/h), un compteur à cinq chiffres, une jauge à essence, une jauge de température moteur, un témoin de pression d’huile et de liquide de frein. C’est simple.

L’éclairage est contrôlé par de gros boutons (y compris les feux de position et l’éclairage du tableau de bord). La permutation codes/phares se fait par la manette située sur la colonne de direction. Il y a deux autres manettes pour les clignotants et les essuie-glaces. Ces derniers n’ont d’ailleurs que deux vitesses : intermittente et continue. Le lave-glace est situé au même endroit que sur une voiture moderne. Il suffit de tirer le levier des essuie-glaces vers soi. La voiture n’a pas de feux de détresse et n’en a jamais eu. Le constructeur de cette voiture savait qu’elle ne tomberait jamais en panne !

Le chauffage de la Lada a toujours été célèbre pour ses performances. Quand on sait qu’il n’y a que deux buses d’aération, on est souvent étonné que par -10°C, il fait déjà 20°C à l’intérieur après seulement cinq minutes de fonctionnement. Cela n’évite pas la buée que seule la ventilation vers le pare-brise pourra enlever. La voiture est également équipée de la climatisation russe classique, mais je ne suis pas habitué à ces déflecteurs de portières et ne les utilise jamais. On trouve un boîte à gants, des cendriers (un à l’avant et deux à l’arrière) ainsi qu’un allume-cigare.

Il ne faudra pas oublier que l’alternateur n’est pas très puissant et qu’il ne supportera pas les appareils très modernes. J’ai quand même pu installer un chargeur de téléphone. Pas d’autoradio, mais mon téléphone peut s’y substituer et faire même office de télévision ! Le rétroviseur intérieur était un peu petit alors je l’ai remplacé pour un plus grand.

Je vais maintenant vous parler de ce que même une Bentley n’a pas. Premièrement les ceintures ne sont pas à enrouleurs mais sont fixes ! Quel intérêt ? Pas un seul agent de la police n’aura envie de vous embêter même si vous ne la bouclez pas. Ensuite, elle ne limite pas vos mouvements. Enfin en cas de collision, vous pourrez être éjecté, ce qui est parfois mieux... Secondo : les sièges avant peuvent être facilement repliés et former deux confortables lits. C’est une fonctionnalité très utile. En plus la banquette arrière est très molle comme le canapé que vous avez à la maison.

L’espace de chargement est relativement faible. Surtout quand on connait le mètre étalon des Biélorusses : cinq sacs de patates. Outre les pommes de terre, le coffre doit emmener la roue de secours, la trousse à outils, la pompe et le cric. Et sur la droite, on trouve le réservoir de 39 litres. Et pour que les patates n’aient pas peur du noir, le coffre est même éclairé !

Il y a beaucoup de place libre sous le capot, c’est pourquoi toutes les parties du moteur peuvent être atteinte en toute sécurité. Le moteur de 1,3 litre fait 72 chevaux. De quoi parfois battre une voiture étrangère au démarrage, surtout quand on surprend son conducteur qui pensait que de toute façon il allait l’emporter. Il faut aussi noter que la Kopeïka rivalise facilement avec de nombreux voitures « anciennes » du début des années 80. J’ai toujours mis de l’huile de synthèse dans le moteur et fait le plein d’essence d’indice d’octane 92 (même quand l’indice 80 était encore en vente). Il faut par contre reconnaître que la consommation est élevée pour un si petit moteur : en ville, la VAZ-2101 consomme en moyenne 10 litres aux 100 et sur route 8 litres. Dans ces conditions, elle ne peut même pas compter sur une boîte cinq vitesses.

Je ne parlerai pas de l’apparence extérieure de la voiture puisque tout le monde la connait. Je vais seulement préciser deux choses : le pare-chocs arrière n’est pas d’origine. J’ai dû le remplacer quand une Mercedes m'a collé de trop près. La carrosserie n’a pas souffert. Le pare-chocs a fait son travail. J’ai pu soutirer 100 dollars à son conducteur... sorte de dommages et intérêts pour cette voiture qui est restée au garage près de 20 ans . Autre détail que je voudrai souligner : les enjoliveurs. Pour améliorer l’aspect de la voiture, je les ai peints en jaune. Beaucoup appellent cela du « Belagrotuning » (du tuning agricole biélorusse), mais je ne suis pas prêt à dépenser de l’argent pour des jantes alliages.

Au final j’aimerai dire que cette VAZ-2101 n’est ni un aspirateur à gonzesse, ni une voiture de course mais une voiture pour se déplacer d’un point A à un point B. A 31 ans, ma « Tazik » remplit parfaitement sa mission. C’est sans doute pour cela que je ne veux pas m’en séparer même si j’ai les moyens depuis longtemps de m’acheter une voiture beaucoup plus jeune. Le logo de la qualité soviétique sous le capot, indique que la voiture n’est pas pire qu’une Allemande ou une Française des années 90.

Et s’il vous plait, ne pensez pas que toutes les Jigoulis sont identiques. Celles des années 1990 sont de mauvaise qualité et ont souvent déjà terminé leur vie à la casse, alors que des millions de Kopeïka du début des années 80 roulent encore ! Ma petite VAZ-21013 jaune est l’une d’entre elles et je ne m’en séparerai pas tant que son petit cœur de 1,3 litre battra encore.

Lu sur : http://auto.onliner.by/2013/09/09/vaz-2101/
Adaptation VG

Tag(s) : #Lada, #VAZ, #2101, #Témoignage