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L'histoire de la piste FSO de Zeran.

La piste d’'essai FSO de Zeran est l'’un des symboles les plus importants de l'’automobile polonaise d’'après-guerre. C’'est sur celle-ci que des records d’'endurance ont été battus et que de nombreux prototypes comme la Syrena Sport, la Warszawa 210, la Syrena Mikrobus et bien d’'autres, ont été testés.

La Commission d’'Etat pour la Planification Economique a signé le 31 juillet 1948 un décret pour la construction d’'une usine automobile à Varsovie et l'’achat de la licence de production de la Fiat 1400. Les travaux d'’aménagement du terrain prévu pour la construction débutent presque immédiatement et c'’est à la fin de l’'année 1948 que la construction de l’'usine peut commencer. Les plans initiaux prévoyaient également la construction d’'une piste d’essai. Elle est évoquée dans un communiqué de presse datant de juillet 1949 :

« Les travaux de terrassement de la piste d'’essai (des véhicules en sortie de chaine) sont effectués par 320 jeunes hommes de « Sluzby Polsce » (« Service pour la Pologne »). Ils doivent faire face à toute une série de problèmes : étangs à remblayer, jardins-ouvriers qu'’il faut protéger au moins jusqu'’à l’'automne... La piste devrait ressembler à un huit allongé et faire une longueur de 2,000 mètres. Pour la réaliser on a compté environ 250 mille mètres cubes de remblais. La construction doit s’'achever en octobre 1950 et les jeunes pionniers auront alors déplacé 100,000 m3 de terre. Pour l’'instant, au 15 juillet, ils en sont à 25,000 m3 et ils sont dans les temps » (Motoryzacja N°8, aôut 1949).

Peu de temps après on apprend une nouvelle qui va changer l’'histoire de la piste de FSO et de toute l'’industrie automobile polonaise. Fiat a remis en cause l’'accord avec la partie polonaise. Si aujourd’'hui il est difficile de déterminer les causes de cette décision, c'’est sans doute lié à une aggravation de la guerre froide. L’'Italien Fiat vient de bénéficier d'’un important prêt du Plan Marshall et le gouvernement a désormais accès à du charbon bon marché. Comme la licence concédée au gouvernement polonais devait être payée avec cet « or noir », cela n’'était donc plus rentable pour Fiat.

Laissons les causes de côté pour nous concentrer sur les conséquences. Cela créé tout un émoi. La construction de l’'usine était bien avancée et il n'’y avait plus de licence pour y fabriquer un véhicule ! Début 1950, l'’Union Soviétique accorde gratuitement à la Pologne une licence de production pour la GAZ M20 Pobeda. La production de celle qui va s’'appeler FSO Warszawa peut enfin débuter à Zeran.

Dans cette confusion, les travaux de construction de la piste d’'essai ont été suspendus. On va mettre près d’'une décennie à les remettre en route. C’est ce que rapporte le magazine Motor dans son numéro du 6 juillet 1958 : « L'’usine de Zeran près de Varsovie a entrepris la construction d’'une piste d'’essai pour les voitures produites dans l'’usine. La piste est longue de 3 km, y compris une partie avec différents types de revêtements. Les virages relevés permettront aux pilotes de l’'usine d’'atteindre les vitesses maximum. On prévoit d’'achever les travaux au troisième trimestre » (Motor, n°27/1958).

L'’emplacement de la piste n’'a pas changé tout comme les principaux objectifs du projet qui ont pourtant été légèrement affinés dans les années 1952/1953. Dans la pratique, la majeure partie des travaux avait été terminée en 1949. La piste était située sur un terrain longeant la Vistule, le long de la rue Stalingradzka (aujourd'hui rue Jagiellonska). Le budget total était de 5 millions de zlotys. Le projet comprenait la construction d’'une piste d'’une longueur de 2,200 mètres et non pas 3 km comme indiqué plus tôt par erreur. Elle avait la forme du chiffre huit.

Le projet est décrit de la sorte en 1958 :

« La circulation des véhicules sur la piste se fera dans le sens des aiguilles d'’une montre et sa capacité maximale sera de 5 à 6 voitures par km (...). Les lignes droites auront une surface asphaltée permettant d'’entendre les défauts acoustiques. Les virages ont un rayon de 85 mètres au Nord et de 75 mètres au Sud avec une inclinaison de 30 degrés. Ils sont réalisés en pavés en granit car il est très difficile de réaliser ce type de virage en béton. Cela devrait permettre de passer les virages à une vitesse comprise entre 103 et 110 km/h. Les lignes droites autoriseront une vitesse maximale de 150 km/h.

De plus, dans la partie médiane située entre la piste et la Vistule, des aménagements seront réalisés pour tester les prototypes de l’'usine. Les différentes zones seront organisées de la manière suivante : une portion de 100 mètres de chaussée ondulée (d’'une amplitude de 5 cm tous les 1 mètre) portant le nom de « machine à laver », 250 mètres de route plate en béton aménagée avec des nids de poule ou des raccords transversaux, une autre portion de 150 mètres de « machine à laver » avec une plus forte amplitude (20 cm tous les 15 mètres), le reste de la surface étant recouverte de pavés en granit.

Dans la boucle sud, la piste sera également bétonnée pour effectuer différents tests et disposera également d’'une « baignoire » remplie d’'eau pour des tests d’'étanchéité.

L’'accès à la piste à partir de l’'usine se fera par un tunnel passant sous la rue Stalingradzka. Pour être complet, des murs de soutènement vont être construits dans les virages et toute la zone va être clôturée » (Motor, n°27/1958).

Cette piste a été conçue pour remplir deux fonctions très importantes. La première consiste à essayer les voitures de série qui viennent d'’être fabriquées sur une distance allant de 5 à 40 km en fonction des exigences du processus. Une autre tâche toute aussi importante est de tester les prototypes. Avant sa construction, il était également prévu de l’'utiliser pour des évènements sportifs. On envisageait même de construire une tribune le long de la Vistule. Mais ce projet ne s'’est jamais concrétisé et on ne sait d'’ailleurs pas si quelqu’'un avait vraiment l’'intention de prendre une telle décision. Pourtant, peu de temps après son ouverture cette piste a accueilli des évènements sportifs.

Les 2 et 3 octobre 1959 on décide d’'établir avec un scooter Osa M50 le record polonais d'’endurance sur la durée de 24 heures. La piste est mesurée en traçant une ligne à exactement 90 cm du bord intérieur de la piste. Elle fait exactement 2127,5 mètres de long. Il s’'agissait non seulement de tester le scooter mais aussi la piste... puisqu'’il n'’était pas sûr qu'’elle convienne à l’'organisation de ce type d’'évènement. Et si le record a été réussi et utilisé à des fins de propagande, on s’'aperçoit que la piste est très inégale, surtout dans les courbes pavées. L’'Osa y a roulé à la vitesse moyenne de 62,5 km/h.

Un peu plus d’'un mois plus tard, le 13 novembre 1959, la Syrena est soumise à un test similaire. Cette fois-ci, on a décidé de parcourir la distance de 5,000 km. La Syrena va les couvrir en 65 heures 27 minutes et 8,4 secondes à la vitesse moyenne de 76,87 km/h. On peut également noter qu'’immédiatement après son ouverture, la piste va être utilisée pour tester la Syrena Sport, comme en témoignent les rares photos existantes et le reportage de la chaîne de télévision polonaise TVP. Les années suivantes, la piste ne sera utilisée que pour tester des prototypes et vérifier les voitures sortant de l’'usine.

Au fil du temps, la piste est tombée en ruine et a servi à stocker les véhicules neufs. En 2011, un partie du terrain de terrain, 27 hectares, est vendue à une société de développement immobilier pour le prix de 144 millions de zlotys. Peu de temps après, le petit bâtiment vitrée caractéristique par son toit à l'’architecture intéressante et l’'un des symboles de la piste, est détruit. Cela indique clairement que le nouveau propriétaire du terrain n'’en a rien à faire de l’'histoire. Dès le début, il était clair qu’'un lotissement serait construit sur ce terrain, mais la crise du logement et l’'attente de décisions du Ministère de l’'environnement a repoussé la mort de la piste.

Pour l’'instant, la piste est gérée par la société Carevent.pl. Elle a été nettoyée, les trous bouchés et les buissons coupés. En 2013 une piste à faible adhérence va être mise en place et la piste sera utilisée pour des évènements sportifs et la formation de pilotes automobiles. Pour combien de temps ? On parle de cinq ans. La suite n’'est pas connue mais l’'avenir est plutôt sombre.

Lu sur : http://oldtimery.com/index.php?option=com_content&view=article&id=491:historia-toru-fso
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #FSO, #Usine, #Record