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Pangolina : la légende des samodelkis soviétiques.

L’un des exemples les plus connus de samodelkis, ces voitures « construites soi-même » soviétiques, est la Pangolina. Une voiture unique, réponse locale aux célèbres Lamborghini Countach et DeLorean DMC 12. Elle a été fabriquée en 1980 par Alexandre Kouliguine, un électricien de la ville d’Oukhta.

Ingénieur de formation, Kouliguine dirigeait le « cercle technique » de la Maison des Jeunes de sa ville natale. Aidé de ses apprentis-mécaniciens (qui n’avaient bien entendu aucune base technique sérieuse) il a supervisé l’assemblage final de la Pangolina, qu’il avait imaginé à Moscou où il avait aussi réalisé la carrosserie en fibre de verre. Toutes les matrices ont été détruites après la fin de sa construction et c’est pourquoi la Pangolina est restée unique en son genre.

Un an plus tard toute l’URSS connaissait la Pangolina. Kouliguine avait ramené sa voiture à Moscou (par train car les routes de l’URSS étaient peu adaptée à une voiture aussi basse) et rapidement la voiture et son auteur ont eu droit aux honneurs de la télévision et de la presse périodique.

Inspirée, avant tout, par la magnifique Lamborghini Countach (qui a lancée dans le monde entier la mode des voitures de sport avec une ligne en coin), la Pangolina a littéralement secoué l’imagination des amateurs soviétiques. Bien sûr, son dessin ne copiait pas totalement les lignes imaginées par le studio italien Bertone, mais notre ingénieur soviétique avait réussi à trouver des solutions élégantes et originales : il a remplacé les portière par un ensemble basculant monté sur vérins hydrauliques, installé 4 phares dans un unique bloc escamotable situé au centre du capot ainsi qu’un périscope (!) à la place des rétroviseurs. La carrosserie légère réalisée en fibre de verre était posée sur des roues en alliage « faites maison » chaussée de pneus à profil bas (incroyablement difficile à trouver à l’époque soviétique).

L’intérieur de la Pangolina était entièrement réalisé avec des pièces et des équipements provenant de Lada de série. Mais le plus remarquable était le moteur disposé à l’avant et placé pratiquement sous le tableau de bord (sous lequel il était accessible) alors que la voiture reprenait les proportions d’une voiture à moteur central arrière.

Malgré l’utilisation d’un moteur standard, la vitesse maximale de la Pangolina dépassait largement celle d’une Lada ordinaire et atteignait les 180 km/h grâce à la meilleure aérodynamique et la carrosserie ultralégère. Certaines pièces provenait d’autres véhicules comme par les essuie-glaces constitués de deux balais d’autobus Ikarus !

Dans les années 80, la Pangolina et son créateur ont participé à une série de « raids » automobiles et a même participé à une exposition internationale en Bulgarie (EXPO’85 à Plovdiv). Mais au fil du temps la voiture a perdu de sa superbe : pour être immatriculée et pour pouvoir rouler à l’étranger, Kouliguine a dû installer des roues homologuées et monter des rétroviseurs et des phares. Dans les années 90, la voiture a été accidentée. Il a fallu modifier la carrosserie et c’est alors qu’elle a perdu son toit basculant. La voiture a été repeinte plusieurs fois. Actuellement elle est « rouge Ferrari », ses vitres sont largement teintées et elle arbore des autocollants « Sport » ridicules...

Son constructeur n’a pas non plus connu une vie facile : la popularité de la Pangolina avait porté ses fruits et il a été embauché chez AZLK. Mais tout ce qu’il a pu concevoir est resté à l’état de prototype. Dans les années 90, il a émigré aux Etats-Unis où il a fondé une petite entreprise spécialisée dans la fabrication et la vente de kit-cars. Et en 2004, il a perdu la vie tragiquement dans un accident de voiture dont il n’était pas responsable...

Si la voiture a survécu à son créateur, son sort est incertain. Appartenant à un homme d’affaire, elle était exposée au Musée « Autoreview » mais il est désormais fermé pour une durée indéterminée et on ne sait pas ce que les voitures s'y trouvant sont devenues (NDT : article écrit en février 2011, la Pangolina a été vue à l'Oldtimer Gallery en septembre de la même année).

  • Légende :
  • L’auteur pose avec son œuvre.
  • A. Kouliguine au volant de la Pangolina.
  • A l’intérieur, le tableau de bord pivotant permet d’accéder au moteur.
  • Pour regarder vers l’arrière, le conducteur utilisait ce périscope.
  • La couverture du livre « Je construis une voiture », un livre sur les samodelkis construites dans toute l’URSS et qui se comptaient par dizaines) avec A. Kouliguine au volant de sa voiture.
  • Un éclaté de la Pangolina dans le même livre.
  • A la fin des années 80, la Pangolina peinte en bleu apparaissait dans le clip vidéo de la chanteuse Olga Voskoniane diffusé lors de « Enchères d’IBM », une émission où les téléspectateurs pouvaient acheter les « fruits » de divers inventeurs soviétiques.

A compléter par les photos de l’encyclopédie des samodelkis : http://www.allcarindex.com/auto-car-model/Pangolina/

Lu sur : http://retrocars.su/pangolina/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Samodelka, #Pangolina