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GAZ-3105 : sans avenir ?

C’est le titre d’un petit article parue dans un quotidien soviétique avant la chute de l’URSS et dont voici la traduction :

« Sur la photo, vous voyez l’un des prototype du nouveau modèle de l’Usine Automobile de Gorki. C’est une GAZ-3105 – une voiture pour les hauts-fonctionnaires. La production en série (250 exemplaires par an) doit débuter en 1990 mais la disparition de son principal commanditaire - le Comité Central du PCUS – et le manque de moyens a repoussé sine die le début de sa production. Il est désormais possible que la 3105 serve de base à des modèles moins chers, les 3103 et 3104.

Fiche technique : dimensions – 5,05x1,8x1,43 m , empattement – 2,87 m , poids – 1800 kg, transmission intégrale, moteur : V8, 3,38 l, 132 kW (180 ch), accélérations de 0 à 100 km/h – 12 sec, vitesse maxi – 195 km/h, consommation moyenne – 14,1 l/100 km. »

Voir ce scan ici : http://avtoarhiv4ik.ru/_ph/4/2/209335381.jpg

La GAZ-3105 a déjà été évoquée ici :
http://autos.groups.yahoo.com/group/Sovietauto/message/2195 (lien transitoire). Mais voici aussi un petit article historique très complet traduit ci-dessous :
http://gaz-volga.ru/en/volga/projects/118-gaz-3105-volga.html

En 1968, l’Usine Automobile de la Volga commence à produire la quatrième génération de sa voiture de classe moyenne, la GAZ-24 Volga. Initialement on prévoyait que cette voiture serait produite entre 10 et 15 ans. En 1978 la cinquième génération de Volga devait être présentée pour être définitivement retirée de la chaîne en 1983. Pourtant de nombreuses raisons, notamment politiques et financières, ont eu raison de ces projets. Plutôt que d’arrêter la voiture, il a été décidé de la moderniser profondément. C’est ainsi que dans les années 70 est lancé le projet GAZ-3101. Il prend du retard et en 1978 la GAZ-24 n’est finalement que très légèrement modifiée.

GAZ continue pourtant à faire du lobbying pour son projet qui se transforme progressivement en GAZ-3102. En octobre 1980, le premier secrétaire du PC de Biélorussie, Petr Macherov, se tue dans un accident de voiture près de Minsk. C’est une des raison pour laquelle la production de la GAZ-13 Tchaïka est définitivement stoppée (il est mort dans cette limousine). Apparue en 1959, assemblée à la main et jamais proposée à la vente aux particuliers, la GAZ-13 était exclusivement destinée à transporter l’élite soviétique. Sa remplaçante, la GAZ-14 Tchaïka, apparue en 1976 était plus luxueuse et plus prestigieuse et il avait été décidé de poursuivre la production de la vieille Tchaïka en
parallèle, malgré son archaïsme apparent. Dans la confusion régnant après l’accident de Macherov, l’ordre est donné d’en arrêter la production.

C’est ainsi qu’apparaît un vide dans la hiérarchie tacite des véhicules officiels. C’est pourquoi on pense à la GAZ-3102 qui depuis plusieurs années attend l’approbation des autorités. La situation est paradoxale : GAZ commence à assembler parallèlement deux Volga. La vieillissante GAZ-24 et ses dérivés sur la chaîne principale et sa version améliorée, la GAZ-3102, construite à la main et destinée à la Nomenklatura.

En mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir et le pays entre dans un nouveau cycle. C’est l’ère de la pérestroïka. A cette époque la GAZ-24 est totalement obsolète que ce soit techniquement ou extérieurement. La GAZ-3102, si elle paraît plus moderne à côté des voitures étrangères de la seconde moitié des années 70 (la Mercedes-Benz W123 par exemple), ne peut être qualifiée au mieux que de conservatrice face à une voiture neuve du milieu des années 80 (W124 si on se réfère toujours à Mercedes). Les deux voitures doivent être remplacées en urgence. Dès le début, il est décidé de reprendre les solutions de la GAZ-3102 sur la GAZ-24 tout en lançant en parallèle le développement d’une toute nouvelle voiture.

On s’inspire de la troisième génération d’Audi 100 (1983) et après une étude approfondie il est décidé d’en reprendre un grande partie de la cellule de son habitable et de copier sa transmission. La gamme devra se composer des trois modèles et de leurs dérivés. Le modèle de base doit être la GAZ-3103 à traction avant et moteur quatre cylindres, la GAZ-3104, une propulsion à un moteur six cylindres et la GAZ-3105 doit disposer de quatre roues motrices, d’un moteur V8, d’un empattement rallongé et d’une foule d’équipements supplémentaires.

En 1986 sont construits les 4 premiers prototypes de GAZ-3103/4/5. En même temps, GAZ lance en série la Volga modernisée attendue depuis longtemps. La GAZ-24-10 apparaît enfin avec près de dix ans de retard. Compte tenu de la nature « temporaire » de la GA2-24-10, il est décidé d’abandonner le restylage extérieur.

Mais en 1988, la politique influe de nouveau sur la production de l’usine. La victime est la GAZ-14 Tchaïka dont la Gorbatchev vient d’ordonner par décret l’arrêt de la production, un signe de la « lutte contre les privilèges » qu’il a engagé depuis son arrivée. Le Conseil des Ministres demande alors à GAZ de se concentrer précisément sur la GAZ-3105, qui est donc destinée à remplacer la Tchaïka, et de laisser le reste pour plus tard. On revit la même situation qu’au début des années 80. Au lieu d’une voiture de grande série, on se retrouve avec une voiture à produire en petite série pour les fonctionnaires de niveau intermédiaires pour lesquels la ZIL n’est pas destinée et pour lesquels la GAZ-3102 est pas assez représentative. En 1990, la nouvelle voiture commence à être testée par l’usine.

Mais en 1991, l’Union Soviétique finit par s’effondrer. GAZ entre sur l’économie de marché et doit évaluer la situation. Le retrait de la Tchaïka est intervenu sur fond de la libéralisation de l’économie soviétique et par conséquent, la place qu’elle occupait a été prise par les voitures étrangères. L’apparition de celles-ci en Russie a définitivement privé la Volga de tout prestige, y compris la GAZ-3102 dont on a pourtant levé en 1991 l’interdiction de vente aux particuliers. Et personne n’a vraiment besoin de la GAZ-3105 qui vient d’être développée... Son équipement nécessitait de trouver des fournisseurs qui n’existaient pas dans la Russie post-soviétique, ce qui l’a rendait très chère dans un pays en proie à la crise économique. Et les projets de versions moins coûteuses, les GAZ-3103 et GAZ-3104, étaient restés figés depuis l’année 1988.

C’est pourquoi il est décidé d’en finir avec la GAZ-24-10. En avril 1992 est lancée la GAZ-31029 dont l’extérieur rappelle en certain point la GAZ-3105.

Mais revenons à celle-ci. En 1987, GAZ fabrique les premiers prototypes qui se distinguent par un certain nombre d’innovations comme la direction assistée à crémaillère, le volant réglable en longueur et en inclinaison, la transmission permanente aux quatre roues avec différentiel central autobloquant et le tout-électrique incluant le verrouillage centralisé des portes. La suspension est de type MacPherson à l’avant et à l’arrière.

La voiture se distinguait aussi par son habitacle aux courbes plus douces . Même si elle faisait les mêmes dimensions que la Volga, elle était plus spacieuse et disposait de sièges électriques. Aérodynamique, elle avait un Cx=0,35 / 0,36. Il était même prévu l’installation de la climatisation. La GAZ-3105 se distinguait aussi de son moteur V8 à carburateurs (des K-114 remplacés plus tard par des Pierburg). Ce moteur était un dérivé du moteur VAZ-21083 et disposait d’une boîte cinq vitesses double arbre avec embrayage monodisque à sec. Le moteur disposait d’un allumage transistorisé et d’un limiteur de régime. Il était également prévu d’installer l’ABS et d’un pot catalytique. Son prix en concession variait de $50,000 à $60,000 comparable à celui des voitures étrangères de la même catégorie.

En 1992, la voiture est montrée à l’étranger lors des salons de Leipzig et de Bruxelles où elle fait sensation. Mais elle était pour le gouvernement trop coûteuse et de 1992 à 1996 elle n’a été produite qu’à 55 exemplaires alors que le volume prévu était de 250 par an.

La GAZ-3105 a connu un certain nombre de modifications. Au départ, la 3105 avait un carburateur K-114 et développait la puissance de 156 ch. Les versions ultérieures avaient un carburateur Pierburg 4A1 et développaient 170 ch. Un version dérivée d’une injection Lucas développait également la puissance de 170 ch. Il y a également une version GAZ-31054 équipée d’une injection et d’un boitier électronique de la société Abit de Saint-Pétersbourg dont l’indice moteur était GAZ-321.10. L’une des dernières versions, réalisée par les ingénieurs de GAZ après la fin de la production de la GAZ-3105 est un modèle avec un moteur ZMZ-406 à injection car il fallait vendre les derniers modèles restants et GAZ avait déjà cessé de fabriquer le moteur GAZ-321.10.

Les GAZ-3103 (traction avant) et GAZ-3104 (4 roues motrices) développées plus tard sur la GAZ-3105 et présentées au Salon de moscou en 1998 n’ont pas atteint le stade de la série.

Pour être complet sur la GAZ-3105, je vous invite à découvrir ces deux vidéos trouvées sur Youtube.com. La première est un film promotionnel datant de 1994. Un document d’époque exceptionnel où l’on voit la voiture évoluer dans la neige (ce qui permet d’apprécier sa transmission intégrale et le son du V8). On l’aperçoit aussi sur la piste d’essai et en présentation statique dans le bureau d’étude de GAZ. La seconde est un essai réalisé récemment pour Utro.ru. Ces deux vidéos sont à conserver !

Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #GAZ, #3105, #Vidéo