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Quand l’histoire de l’automobile n’est que plagiat.

Dans l’histoire de l’automobile, les contrefaçons et les copies sans licence sont plus nombreuses que cela puisse paraître. Il n’y a pas que les Chinois qui excellent dans ce domaine. En leur temps, les Soviétiques ont aussi fait très fort. Auto.mail.ru se souvient.

Par le passé, personne n’était dupe en achetant du « Champagne Soviétique ». Aujourd’hui, nous ne sommes pas plus surpris de voir dans les magasins du Louis Vuitton chinois ou d’entendre à la radio du rap russe. La copie existe dans tout secteur industriel et dans tout art. Les meilleures idées se répandent et se multiplient à l’infinie. Dans l’automobile, il n’y a pas une marque qui se distingue par son savoir-faire unique : les innovations, sous une forme ou une autre, sont adoptées par tous les fabricants. Mais cela ne change rien au fait que certains produits sont grossièrement copiés. Si une réplique chinoise de iPhone ressemble extérieurement à l’original, elle est loin d’en avoir les fonctions ou les qualités.

A compter du milieu des années 60, les voitures soviétiques ont été créées pour être exportées et c’est pourquoi elles faisaient l’objet d’un examen minutieux pour s’assurer qu’elles ne violent pas les droits de brevets internationaux. Mais avant cela, les ingénieurs soviétiques copiaient sans hésiter les meilleures idées des modèles étrangers, allant même jusqu’à utiliser certains composants ou certaines pièces. Parfois ces copies étaient faites sans véritable réflexion et sans vraiment savoir pourquoi les ingénieurs étrangers ont appliqué telle ou telle solution technique. C’est un peu ce que l’on voit aujourd’hui avec les modèles proposés par l’industrie automobile chinoise.

Le premier exemple date de la Grande Guerre Patriotique, quand sont apparues les « Willys soviétiques », les GAZ-64 et GAZ-67. Elles copiaient la Bantam BRC40 américaine, sur laquelle avait été créée la légendaire jeep Willys MB. Le Commissaire à l’Industrie lourde, Viatcheslav Malichev, avait ordonné de copier ce modèle avec tant de soin que les ponts, initialement empruntés à la GAZ-61, ont été raccourcis spécialement pour que les voies de la jeep soviétique soient les mêmes que la Bantam. Cela ne donnait aucun avantage en matière de franchissement et n’avait fait que compliquer le travail. C’est pourquoi, lorsqu’ils ont finalement créé la GAZ-67, les voies ont été élargies.

La légende veut que la limousine ZIS-110, lancée en 1945, ressemblait à la Packard américaine, parce que Staline était un fan de la marque. Les historiens de la marque ont par la suite confirmés que les panneaux de carrosserie n’en étaient pas la copie exacte. Ce sont des éléments de style qui ont été repris. Mais, il y a plus de similitudes entre les deux voitures que par exemple entre une Lifan Smily et une Mini ! Structurellement et techniquement, la ZIS était une copie non autorisée de plusieurs voitures américaines. Elle était équipée d’un moteur 8 cylindres de 6 litres de 140 ch fonctionnant à l’essence A-70, considérée alors comme exotique en URSS.

On sait que la Moskvitch-400-420, apparue en 1946, est en fait une copie de l’Opel Kadett des années 30. Le célèbre historien de l’automobile soviétique Lev Chougourov a écrit qu’en l’absence de plans, les ingénieurs soviétiques ont pris des mesures directement sur les pièces d’une vraie Opel.

Le seul exemple pour lesquels les ingénieurs soviétique ont peut-être été eux-mêmes victimes de plagiat est la Pobeda. On sait qu’elle a été le précurseur d’une nouvelle tendance dans le design automobile, suivie par un certain nombre de constructeurs européens et américains. La presse soviétique a ainsi remarqué la ressemblance de la Standard Vanguard anglaise avec la GAZ Pobeda. Mais on ne peut pas dire que cette dernière soit de conception tout à fait originale. En faisant l’éloge de ce modèle, les journalistes ont gentiment fait remarquer que sa suspension avant était pratiquement la copie de celle de l’Opel Kapitan.

Il n’est pas difficile de voir que la Zaporojets ZAZ-965 - la « Bossue » - par sa forme arrondie caractéristique et par ses solutions techniques est une copie de la Fiat 600. Sa remplaçante, la ZAZ-966 « à oreilles » rappelle de son côté fortement la NSU Prinz IV.

Il faut cependant rendre hommage aux ingénieurs soviétiques : ils ont compris que le fait de copier se transformerait tôt ou tard en processus créatif et stimulerait le développement des écoles d’ingénieurs. Dans la vie socio-politique du pays, les années 70 sont considérées comme une période de stagnation alors que dans l’industrie automobile soviétique, il s’agit d’un véritable « âge d’or ». L’histoire de la Kopeïka et de ses descendantes est l’exemple de ce que l’idée des autres peut donner naissance à d’autres modèles et pour le pays il s’agissait d’une véritable percée industrielle.

Il y a certes encore eu des cas de copies non autorisées. Le développement de la Moskvitch-2141, copie de la Simca 1307/1308 française, créée par la division européenne de Chrysler, et voiture de l’année 1976, est un de ces exemples. Igor Zaïtsev, l’un des responsables des équipes d’ingénierie, se souvient que les ingénieurs russes ont été humiliés par le fait que les hauts-fonctionnaires du Ministère de l’Industrie automobile leur demandent non seulement de prendre des idées, mais aussi de copier purement et simplement cette voiture. Et cet ordre devait être respecté ! Plusieurs exemplaires de la voiture française ont été achetés. L’avant de l’une d’elle a été découpé pour servir de base à une maquette roulante, une autre a été démontée pièce par pièce pour copier chaque élément. La carrosserie a été donnée aux stylistes pour qu’ils « sculptent » directement sur celle-ci le style de la future Moskvitch. Sur le plan technique certaines solutions caractéristiques de l’Audi 100 ont été copiées, comme par exemple la disposition du moteur peu courante : un bloc longitudinal combiné avec la traction avant.

L’orientation donnée aux créateurs de la Tavria ne les a pas empêché de copier les principaux traits de la carrosserie de la Ford Fiesta. La Lada Kalina reprend aussi clairement les lignes de l’Opel Corsa des années 90.

[NDT : passage sur les copies chinoises, japonaises et coréennes non traduit]

Si aujourd’hui dans le domaines de la haute technologie, les différends en matière de brevets sont courants, dans l’industrie automobile il semble que l’on soit encore restés dans le passé. Bien sûr, l’industrie automobile chinoise reste une exception en matière de plagiat. Cela fait quatre ans que le marché automobile chinois est le premier au monde, mais son industrie automobile est encore l’une des plus en retard. En l’absence de véritable école d’ingénieurs et de design, les constructeurs chinois se livreront encore longtemps à la copie...

Légende des photos :

  • Le GAZ-67, apparu pendant la guerre en 1943, n’a pas joué un rôle très important : il n’a été produit qu’à 5,000 exemplaires jusqu’en 1945. Dans les rangs de l’armée soviétique, la Jeep Willys MB qui avait bénéficié d’un accord de prêt-bail, était beaucoup plus fréquente.
  • Par sa taille, cette énorme voiture peut être comparée avec les plus grandes limousines actuelles, comme par exemple la Maybach.
  • La voiture compacte allemande a eu une seconde vie en Union Soviétique. Elle est l’un des premiers modèles conçu avant tout pour être une voiture personnelle plutôt qu’un véhicule officiel. La Moskvitch-400-420 était demandée près de deux fois moins que la Pobeda.
  • La Pobeda, qui a fait ses débuts en 1946, se montrait très performante pour l’époque et se distinguait par son excellente aérodynamisme (Cx=0,31). D’un point de vue technique, elle était également très moderne. Elle est la première voiture soviétique a carrosserie monocoque.
  • La ZAZ-965 a été lancée en 1960. Sous le nom de « la Bossue », cette voiture conçue pour être produite en masse et être facilement accessible est entrée dans l’histoire et fait l’objet de nombreuses blagues.
  • Commercialisée en 1966, la ZAZ-966 appartenait à une catégorie supérieure. Sa carrosserie trois volumes plus longue était plus moderne et son habitacle était beaucoup plus confortable et spacieux. Le qualificatif de « à grandes oreilles », à cause de la forme caractéristique de ses prises d’air, l’a poursuivi pendant longtemps. La version « sans oreilles » n’a vu le jour qu’à la fin des années 70.

Lu sur : http://auto.mail.ru/article.html?id=40228
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #URSS, #Analyse