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Bien qu'une grande partie du territoire russe soit enneigée une bonne partie de l'année, les motoneiges n'y ont pas été produites en masse avant les années 70. C'est à cette époque que l'Usine de moteurs de Rybinsk (RMZ) a commencé à s'y intéresser. Alors que d'autres constructeurs qui s'y sont essayés sont tombés dans l'oubli, RMZ, devenue depuis Russkaïa Mekhanika, fête aujourd'hui ses 40 ans. C'est une entreprise prospère qui se porte bien.
Durant la Première Guerre Mondiale, le gouvernement tsariste a adopté un programme pour construire un ensemble d'usines de construction automobiles. L'une d'entre elles devait être la société "Russki Renault" dans la ville de Rybinsk. Des voitures n'y seront jamais produites et à partir de 1924, la société se consacre à l'aéronautique. Elle produit des moteurs pour les avions-espions, des chasseurs et des bombardiers. Dans les années 50 elle commence à produire des réacteurs.
Comme toute entreprise travaillant pour le complexe militaro-industriel, cette usine avait l'ordre de produire des "biens de consommation". Et elle en produisait : des centrifugeuses, des haches, des planches à roulettes et d'autres babioles. Un jour, le directeur de RMZ, Pavel Derounov a l'idée de produire quelque chose de plus high-tech : des motoneiges ! Une idée mise en œuvre avec un certain succès et en 2004, la production est séparée de RMZ et prise en charge par une société nouvellement créée : Russkaïa Mekhanika.
Légende des photos (jusqu'aux années 2000) :
- Maquette de la motoneige "Buran", réalisée pour des prises de vue publicitaires en 1971. Les premiers prototypes se distinguaient par l'absence de refroidissement forcé, de la transmission à variation continu, et de la marche errière et aussi par la faible puissance du moteur (18 ch contre 40 ch pour la Ski-Doo Valmont). Il a donc fallu trouver un autre moteur en s'inspirant du Rotax 1969. Ce moteur bicylindre deux temps (635 cm3 avec un alésage/course de 76x76mm) avec un taux de compression de 8,2 développe 27ch entre 5000 et 5500 tr/min. Le refroidissement est assuré par un ventilateur entrainée par une courroie sur le vilebrequin. La transmission à variateur dispose d'une marche arrière.
- La première motoneige RMZ est copiée du Ski-Doo Valmont 640 canadien. La configuration "un ski / deux chenilles" a été choisie par le directeur de RMZ, Pavek Derounov, alors que les spécialistes de l'usine lui avait suggéré de commencer avec une motoneige à deux skis, plus simple et plus légère. Derounov aurait alors dit : "Quelle est la moto la plus populaire dans notre pays ? L'Ural. Une machine puissante et solide. Pourquoi ferions-nous un jouet ? Voilà ce que nous allons faire" en se référant à la Valmont. En mars 1971, les trois premiers prototypes sont essayés dans l'enceinte de l'usine. Ils utilisent un moteur de 18 ch de moto IZH Jupiter couplé à une boîte 4 vitesses. La chenille est réalisée à partir d'un convoyeur à bande.
- En février 1973, après les essais, une Commission Gouvernementale décide de lancer la production en masse du Buran. Avant la fin de l'année, le millième exemplaire est produit. A ce jour, ce sont plus de 250,000 Buran et ses dérivés qui ont été fabriqués. Ce n'est pas le chiffre qui choque mais la longévité de ce modèle. Il pourrait rentrer au livre des records !
- Prototype de la motoneige Saturn à double ski (1975) équipée d'un moteur RMZ-640 et d'une large chenille (460 mm) et d'une boîte de vitesses à deux rapports plus marche arrière. Avec un moteur poussé à 45 chevaux, cette motoneige pouvait pratiquement atteindre les 100 km/h. Elle avait un dessin original et un certain nombre d'innovations que l'on ne rencontrait pas sur les modèles occidentaux (comme par exemple les disques de variateur flottants, la suspension du ski sans ressort...). Mais le directeur n'a pas apprécié ce prototype (à priori il aurait pensé : "Pourquoi se casser la tête ?") et a ordonné de repartir de zéro.
- Par ses caractéristiques, le prototype "Poïsk" (1980) n'avait rien à envier aux meilleurs modèles étrangers. Ses concepteurs ont utilisé un moteur à refroidissement liquide (celui de hors-bord "Privet" de 22 ch), un châssis riveté en duralumin, des freins hydrauliques, une suspension de ski avec amortisseur hydraulique télescopique. La chenille était suspendue, une technique inédite. Plusieurs prototypes ont été réalisés mais ils ont ensuite été détruits sur ordre du directeur qui voulait que les ressources restent concentrées sur le Buran de série.
- Le Bars est une version destinée aux militaires (principalement pour les gardes-frontières) réalisée en petite série à partir de 1982. Elle se distinguait par son phare de recherche sur le capot et un emplacement pour un poste radio militaire R392 avec son antenne. Les contrôles de fin de production étaient renforcés.
- Prototype de la motoneige légère à double ski "Ikar" avec un demi moteur de Buran développant 17 chevaux (1983). Elle se distinguait par son confort grâce à sa chenille suspendue, par son faible poids et son caractère économique. Certes, la transmission ne disposait pas de marche arrière, mais c'était souvent le cas pour les modèles étrangers destinés aux loisirs. Autre particularité : le réservoir était installé devant la selle comme les motos traditionnelles.
- L'Ikar a été produite en petite série (50 exemplaires) en 1984. Son apparence extérieure rappelait la Yamaha Exciter 440 de la fin des années 70. Le capot était embouti d'une seule pièce. Ce modèle a beaucoup plu aux sportifs et une partie des exemplaires produits ont fait leur apparition en compétition.
- Conçu en 1984, cette motoneige se distingue par sa configuration 4x2 inhabituelle (deux chenilles et deux skis directionnels) et une cabine fermée.
- Le nouveau dessin de l'Ikar est signé des spécialistes du VNIITE de Leningrad. Il date de 1985. Le réservoir à essence de 28 litres est réalisé en polyéthylène transparent ce qui permet de voir facilement le niveau. Il est située dans le centre de gravité de l'engin. La quantité d'essence qu'il contient n'a donc pas d'incidence sur la répartition de poids. Le grand débattement de suspension de la chenille (jusqu'à 160 mm) augmente le confort. La configuration "un ressort/un bras de suspension" permet d'éviter à la neige de s'accumuler, l'un des défauts constaté sur le Buran. Comme toutes les motoneiges étrangères de cette catégorie, l'Ikar est une monoplace, sans marche arrière et sans démarreur électrique. Elle a été fabriquée à environ 200 exemplaires.
- Maquette à l'échelle 1 de la motoneige Arktika, commandée par RMZ au VNIITE de Leningrad en 1986. Le design est dicté par des considérations purement fonctionnelles : par temps chaud, pour éviter la surchauffe, les pilotes de Buran enlevaient le capot et conduisait sans celui-ci. Le Buran n'avait donc plus de phare puisqu'il était installé sur ce capot. Ici, le phare n'y est pas fixé. De plus, cette motoneige disposait de deux longues chenilles.
- L'Arktika-2 de 1988 est encore un projet intéressant du VNIITE de Leningrad avec un moteur central et deux chenilles de 500 mm. Elle est restée à l'état de maquette.
- A la fin des années 80, les ingénieurs ont étudié diverses versions de motoneiges articulées, y compris pour l'armée avec un châssis en titane.
- L'Arktika de série (1990) disposait de chenilles de 3700 mm de long, larges de 380 mm, et d'un large ski directionnel. Malgré l'augmentation du poids, cela permettait de réduire la pression au sol. Mais le plus important est que les ingénieurs avaient modifié la répartition de poids, qui n'était pas optimale sur le Buran. Cette motoneige est devenue un vraie franchiseuse. La puissance était passée de 28 à 33 ch.
- L'Ikar-M lancé en 1996 est simplifiée. Le réservoir en plastique translucide est remplacé par un réservoir en acier plus petit. Le petit coffre à bagages sous la selle disparait. Celle-ci est recouvert d'un revêtement noir sans fioriture. Un dossier fait son apparition mais on peut se demander à qui il est destiné, puisqu'il n'était pas prévu de passager sur ce modèle monoplace et qu'il était positionné trop loin pour le pilote.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/387646-rybinskij_fenomen/
Adaptation VG