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GAZ-14 Tchaïka : Dream-car.

Toutes les voitures de légende ne sont pas forcément occidentales. Certains modèles "made in USSR" sont dignes de figurer dans cette catégorie. Vingt ans après la chute de l'empire soviétique, Za Roulem revient sur une des représentantes emblématique de l'époque : la GAZ-14 Tchaïka.

La dissolution de l'Union et le développement du capitalisme qui s'en est suivi ont eu des répercutions particulièrement visibles sur le plan automobile. Les Jigoulis et Volga, qui étaient encore peu de temps avant source de fierté et symbole de richesse, ont cédé sans combattre leur place à des Mercedes, Lincoln ou de simple Toyota d'occasion, provenant d'autres pays. Ces voitures avaient des moteurs plus puissants, des boîtes automatiques, la climatisation et beaucoup d'équipements électriques. L'industrie locale n'était pas en mesure de fournir cela. Enfin, pour être plus précis, elle pouvait le faire, mais pas pour tout le monde.

Les hauts dignitaires du régime circulaient en ZIL ou en Tchaïka. Aujourd'hui, il est encore possible de se mettre à leur place et voir ce qu'ils pouvaient ressentir à bord des ces prestigieuses limousines. Ce n'est qu'une question de prix. Un demi-million de roubles. C'est ce qu'on demande pour cette GAZ-14 de 25 ans en bon état de conservation : 77,000 km au compteur, moteur de 220 chevaux, boîte automatique, intérieur cuir, vitres électriques et la climatisation.... de la taille d'une motopompe. Pour ce prix, vous pouvez vous offrir une Audi A6 neuve, mais dans ce cas personne ne se retournera à votre passage...

La dernière version de la GAZ-24 a été produite jusqu'en 1988. Ce n'est donc pas encore une voiture trop ancienne et elle est encore dans le coup pour être utilisée quotidiennement. Mais il faudra compter sur son appétit féroce : un peu moins de 30 litres aux 100 km !

Encore aujourd'hui, cette Tchaïka en impose et impressionne beaucoup plus qu'une désormais trop courante Mercedes Classe S. De nos jours, quand on trouve une limousine soviétique en vente, il faut s'attendre à trouver soit une épave ou une pièce de musée. La GAZ-14 qui illustre cet article est entre les deux. Proche du musée, elle n'est pourtant pas encore prête à y entrer. Pas plus qu'à la casse, heureusement. Elle a été repeinte. Un travail qui aura coûté 70,000 roubles à son propriétaire, mais on remarquera quelques petits points de rouille qui sont là pour indiquer l'âge réel de la voiture.

Les vitres des quatre phares portent la mention "Sdelano v Rossii" (fabriqué en Russie). D'ailleurs ils proviennent de la VAZ-2106. La voiture a conservé ses rétroviseurs d'origine. Heureusement car les remplacer coûte une fortune : le rétroviseur gauche coûte 3000 roubles et le droit est en rupture de stock. Cette voiture a été réformée du parc N°1 de la Présidence de la Fédération de Russie. son nouveau propriétaire lui a remplacé les bas de caisse (10,000 roubles chacun) et les deux portes arrières (15,000 roubles pièce). Le reste de la carrosserie était dans un superbe état.

Bien entendu, aujourd'hui encore on ne trouve pas de magasin où l'on peut acheter des pièces de rechange de Tchaïka, mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Une brève recherche sur l'internet montre qu'on peut facilement trouver des pièces, si on a de l'argent. On peut trouver de tout chez les restaurateurs, les collectionneurs et les "antiquaires" : éléments de suspension, pièces de moteur et même de carrosserie.

La voiture est équipée de pneus quasi neufs mais d'importation, le plastique des feux arrière brillent et il n'y a rien à redire de l'extérieur. Mais en cherchant bien on comprendra pourquoi la voiture n'est pas faite pour être exposée : les vitres sont teintées comme sur une vulgaire 2109 car d'origine on trouvait un rideau pour isoler les passagers du monde extérieur. A l'intérieur le cuir règne et le massif tableau de bord en est recouvert. A l'origine, le chauffeur avait le droit à du cuir mais les passagers à du velours !

Mais hormis ces considérations, l'intérieur est bien aménagé. Il n'est pas pire que les limousines américaines de la même époque. S'assoir sur la banquette arrière est toujours aussi confortable et il n'y a rien de comparable à ces boutons écrits en russe ! A l'avant, on est assis comme dans une Jigouli : la place n'est pas très confortable pour un conducteur plus grand que la moyenne. Le volant parait énorme. Toutes les équipements électriques et les différents boutons fonctionnent bien. Le Neiman ressemble plus à une serrure de boîte au lettre. Mais peu importe. Au démarrage, le moteur de 220 chevaux gronde de contentement. Mais cette comparaison est galvaudée car au ralenti on ne l'entend presque pas : le vilebrequin est équipé d'amortisseurs de vibration, qui couplés aux poussoirs hydrauliques réduisent considérablement le bruit de fonctionnement.

Si vous avez l'intention d'utiliser une GAZ-14 tous les jours il faudra prévoir un beau budget pour la réfection du moteur. 40,000 roubles pour les poussoirs hydrauliques, 10,500 pour les coussinets auxquels vous pourrez rajouter 20,000 roubles pour la pompe à huile de la boîte auto à 3 rapports. Il vous en coûtera de 70,000 à 100,000 roubles pour un moteur complet. Ajoutez à cela les éléments de suspension : 6,000 roubles pour un amortisseur neuf, 3,500 à 4,000 pour les rotules. Les plaquettes de freins vous coûteront la même somme.

Le châssis à longerons, l'empattement long, les ressorts mous de la suspension arrière : tout invite au voyage tranquille et confortable qui permet de comprendre aussi que les vitres teintées ont du bon. Même les piétons laissent passer la voiture ! C'est bien à l'arrière que la voiture vaut la peine d'être essayée. Ce n'est pas une voiture à conduire. L'acheter constitue un véritable investissement dans une légende de l'URSS.

Vous aurez probablement deviné que le journaliste de Za Roulem n'a pas acheté cette "voiture à remonter le temps". C'est une voiture qui reste chère pour une utilisation au quotidien. Il voulait simplement avoir le plaisir de monter dans celle que l'on surnommait alors "Tchlenovoz" (transporteuse des membres du PC). Le propriétaire actuel souhaite s'en séparer car il a désormais un autre rêve automobile...

La deuxième (et dernière) génération de GAZ-14 Tchaïka a été produite de 1976 à 1988. Destinée exclusivement à un usage officiel, elle n'a jamais été commercialisée. Son moteur de 5,5 litres développe 220 chevaux et permet à la voiture de passer de 0 à 100 km/h en 15 secondes. La vitesse maxi est de 175 km/h. Au total, 1120 GAZ-14 ont été fabriquées.

La GAZ-14 Tchaïka a des freins avant à disques, des laves phares sous pression, des vitres latérales athermiques incurvées, une suspension avant sur rotules et la climatisation. Il est à noter que cette dernière est située dans le coffre et refroidissait seulement la partie arrière.

Une version cabriolet GAZ-14-05 a été réalisée à la demande du Ministère de la Défense de l'URSS pour les défilés militaires. Elle a été construite à 15 exemplaires. Non moins intéressante est le break, réalisé en Lettonie chez RAF sur commande de la 4ème Direction du Ministère de la Santé.

Légende des photos :

  • GAZ-14 Tchaïka.
  • D'origine, les sièges avant étaient certes en cuir, mais d'une autre couleur. Noir.
  • Ces interrupteurs chromés commandent les vitres électriques.
  • Cet autoradio est d'origine et il fonctionne encore. Une véritable voiture à remonter dans le temps.
  • On peut voir à l'œil nu que cette climatisation est faite pour durer. On savait ce que ventilation voulait dire à l'époque.
  • La Tchaïka a cette pièce en commun avec n'importe quelle Kopeïka. Ce blocage de déflecteur n'a pas su résister à l'épreuve du temps.
  • L'habitacle est prévu pour sept personnes. Les places médianes sont sur strapontins. L'accoudoir gauche cache une commande déportée pour l'autoradio.
  • Pour une voiture de ce type, les traces de rouilles sur les moulures chromées peuvent être comparées aux étoiles d'un bon cognac.
  • D'origine la Tchaïka était chaussée de pneus spéciaux "Granit". Avec les années il a fallu les remplacer par des pneus importés. Les enjoliveurs sont d'origine et très appréciés des restaurateurs.
  • Les phares viennent de la Chesterka (VAZ-2106).
  • Même 25 ans après sa sortie, la voiture n'a pas perdu de sa solidité et de sa rigueur. On la remarque sur la route !

Lu sur : http://www.zr.ru/a/377315/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #GAZ, #GAZ-14, #Tchaïka, #Limousine