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30 ans de voiture populaire : de la VAZ-2105 à la Ford Focus.

Cette année nous avons célèbré un anniversaire important : il y a 40 ans était fabriquée la première VAZ-2101. Un évènement d'autant plus important quand on sait qu'une des descendantes de la légendaire Kopeïka, la VAZ-2105, est encore fabriquée de nos jours. Za Roulem a décidé de célébrer cet anniversaire en organisant un comparatif pour le moins inhabituel.

Pour un homme, outre l'anniversaire de sa propre naissance, l'achat d'un voiture est un jour important. Si pour certains c'est l'évènement de la semaine ou du mois, comme l'achat d'un manteau de fourrure ou l'inscription à une croisière, pour d'autre c'est l'achat de toute une vie. Du temps de l'URSS c'est d'ailleurs la deuxième proposition qui dominait.

Rappelez-vous les Jeux Olympiques de 1980 : un évènement à la fois proche et ancien. 30 ans se sont écoulés. La mort de Vysotsky, le quinzième anniversaire de Medvedev... Une grande partie de la population de l'époque n'envisageait même pas un jour s'offrir une voiture. C'était "l'âge d'or de la stagnation". VAZ tournait déjà à plein régime : 720,000 voitures par an. Le manque de voitures particulières se faisait de moins en moins sentir. La qualité des productions de Togliatti n'était pas encore tombée au plus bas (cela interviendra plus tard). Trois familles de véhicules se partageaient la ligne de montage : la 2101, la 2103 et le tout-terrain 2121. C'est cette même année qu'a débuté la production d'un modèle plus moderne, la 2105. Il comportait un grand nombre d'innovations : les ceintures de sécurité à inertie, des phares halogènes et des pneus radiaux. Il s'agissait d'avancées majeures dans le domaine de la sécurité. D'un point de vue technique on trouvait un carburateur plus économique et une courroie de distribution à la place de la chaîne.

Si l'on était convaincu des qualités de ce nouveau modèle, fallait-il encore trouver l'argent pour pouvoir se l'offrir. Ne pensez pas au crédit puisqu'à l'époque de l'URSS ce type de service n'existait pas réellement. Il fallait donc économiser. Combien ? Le calcul est simple : le prix d'une "piaterka" neuve était d'environ 8200 roubles, soit 164,000 tickets de métro à 5 kopecks, 3700kg de charcuterie ou seulement 2300 bouteilles de vodka, un plaisir qui n'était pas bon marché à l'époque. Avec un salaire moyen de 150 roubles par mois, le citoyen soviétique avait donc peu de chance de pouvoir acheter cette voiture. Il faudrait par exemple économiser la totalité du salaire d'un membre de la famille pendant 4 ans et demi pour réunir cette somme. Un couple avec deux enfants devrait donc manger des pâtes pendant cinq ans et vivre sans chichis pour pouvoir s'offrir la dernière Lada. Mais il y avait aussi des familles sans personne à charge ou d'autres avec des salaires de 600 à 800 roubles, comme les chauffeurs dans le Grand Nord, les mineurs, les artistes ou les "camarades dirigeants".

De toute manière, les volumes de production du pays et l'absence d'importation (et nous exportions près d'un tiers de notre production !) faisaient qu'il y avait moins d'un million de voitures pour 200 millions d'habitants en URSS. Peu importait donc leur prix de vente puisqu'il n'y en avait pas assez. D'où ce déficit chronique régulé par des files d'attente antidémocratiques.

Il y a 30 ans, il n'y avait aucun endroit où le citoyen soviétique ordinaire pouvait se rendre (même en jouant des coudes dans une queue à 4 heures du matin) et s'inscrire pour acheter une voiture dans un, deux, trois, cinq ou dix ans. Seuls les modèles les plus impopulaires, qui comme toutes les voitures avaient augmenté de 20% au 1er juillet 1979, étaient parfois mises en vente libre à des horaires précis dans des endroits ou des villes inattendues. Cela arrivait qu'une connaissance vous appelle pour vous dire qu'aujourd'hui à Iaroslav on "proposera" des Moskvitch 2140 à 7300 roubles ou qu'à Iakhroma on allait "brader" jusqu'à demain des Niva à 10300 roubles et que vous devez vous y rendre sur le champ si vous êtes intéressés.

Le principal endroit pour pouvoir obtenir une voiture neuve au prix officiel était, bien sûr, son lieu de travail. Ici on avait plus de chance. Parfois dans les usines dites "stratégiques", un simple ouvrier pouvait recevoir sa voiture après deux ans (il ne faut pas oublier qu'il devait tout de même financer son achat !). Mais l'attente moyenne au niveau national pour obtenir une voiture neuve était de cinq à sept ans. De plus, les militants actifs du parti ou des organisations syndicales étaient prioritaires sur les listes d'attente. La plupart du temps, les citoyens qui avaient enfin de la chance recevaient cette missive laconique : "Petrov, vous recevrez au troisième trimestre une VAZ-2101" (une version correspondant à 6600 roubles d'économies). Ou cette autre variante : "Sidorenko, au deuxième trimestre vous devrez payer une VAZ-2106" (chère, elle coûtait 9300 roubles mais son côté prestigieux correspondait le plus souvent à ce que l'on recherchait).

Tout cela était la triste réalité et provoque souvent une légère pointe de nostalgie chez ceux qui ont vécu dans les années de stagnation. Il faut espérer que ce chemin de croix pour acquérir une voiture fasse définitivement partie du passé. Les générations actuelles sont désormais confrontées au problème du choix et n'ont plus à se poser la question "quand ?" mais "combien ?".

Aujourd'hui, le salaire moyen dans le pays est d'environ 19,000 roubles. Que peut-on se permettre avec de tels revenus ? Il est fortement envisageable de s'acheter une voiture très populaire comme la Ford Focus qui, richement équipée s'affiche à 740,000 roubles.... Dans les mêmes conditions qu'ils y a 30 ans, les économies de 4,5 années s'élèveront à 1,026,000 roubles, soit suffisamment d'argent pour que le chef de famille s'achète cette Ford Focus et que sa femme s'offre une Chevrolet Matiz. C'est pour cela que nous avons choisi de comparer cette Ford avec le rêve le plus cher du citoyen de l'Union Soviétique de l'année des Olympiades à Moscou, la VAZ-2105.

La comparaison ne peut bien sûr pas être directe. Ces deux best-sellers, la Focus et la 2105, ont été mises l'une à côté de l'autre pour mesurer les changements technologiques qui se sont opérées au cours des trois dernières décennies, et voir comment ont évolués nos perceptions du confort, des capacités dynamiques et de la tenue de route. Dans les années 80, le parc automobile ne pouvait pas troubler l'automobiliste soviétique par sa diversité. Il percevait de manière différente le dessin d'une voiture, s'adaptait aux défauts d'ergonomie, et les ceintures de sécurité étaient plutôt vues comme des éléments "décoratifs" sans intérêt particulier. Très peu de gens se préoccupaient des questions environnementales. En réglant lui-même son carburateur, le propriétaire d'une Jigouli ne recherchait qu'une chose : le fonctionnement régulier du moteur...

Aujourd'hui, le conducteur est exigeant en tout : style, confort et sécurité. Nous n'imaginons pas une voiture sans direction assistée, et des options comme la climatisation ou les sièges chauffants ne sont plus considérées comme un luxe. S'assoir dans une Lada Classique, c'est se demander de quelle monde elle vient avec une pointe de nostalgie...

Tourner le volant de la 2105 en manoeuvre de parking n'est pas un exercice facile. Et le rayon de braquage est si mauvais qu'il faut souvent s'y prendre à plusieurs fois. Par contre côté visibilité, c'est un vrai aquarium ! Les montants de toit sont vraiment très minces et comme ils sont verticaux les angles morts sont réduits. La Focus est typique des modèles actuels : les montants sont massifs et inclinés et ils peuvent facilement cacher un piéton. La marche arrière est pourtant d'une simplicité : les capteurs du radar de recul vous disent quand il faut freiner. Avec la direction assistée, se garer devient un réel plaisir.

Il n'est pas facile de trouver une bonne position de conduite dans la 2105 : les réglages de volant se règle au minimum, le siège est archaïque, l'espace est compté. En option, la Focus reçoit des sièges électriques et le volant est réglable en hauteur et en profondeur ce qui permet à n'importe qui de trouver une position idéale. D'ailleurs en option, on peut recevoir des équipements que les acheteurs de Jigoulis n'ont jamais rêvé pouvoir avoir : pare-brise chauffant, capteurs de pression des pneus, phare bi-xénon et bien d'autres choses. A une certaine époque, où même un autoradio médiocre était un luxe, imaginez ce qu'il en était pour la climatisation ! D'ailleurs cet autoradio était là pour compenser la mauvaise insonorisation de l'habitacle : en montant le son on couvrait le bruit du moteur ! Et dire qu'à l'époque de la 2105, la VAZ-2101 était considérée comme une voiture confortable d'un point de vue acoustique, très confortable même.

Légende des photos :

  • VAZ-2105, 8,200 roubles (1980). Ford Focus, 740,000 roubles (2010).
  • VAZ-2105, 164,000 tickets de métro. Ford Focus, 28,460 tickets de métro.
  • Cet exemplaire de 2105 est légèrement différent du modèle de série : son propriétaire a installé des pare-choc de 2107 et changé les rétroviseurs extérieurs et les phares.
  • Si chronologiquement trois décennies séparent ces deux voitures, en fait c'est beaucoup plus. Au début des années 80, cela faisait déjà longtemps que le moteur transversal et la traction avant était la règle et la Klassika avec son pont arrière rigide constituait déjà l'exception. A l'époque sous le capot, les carburateurs disparaissaient au profit de l'injection et les pneus diagonaux au profit des radiaux. Il n'était pas encore question de phares xénon, d'ABS, d'airbags, de capteurs de pluie et d'allumage automatique des phares....
  • VAZ-2105, 2300 bouteilles de vodka. Ford Focus, 5290 bouteilles de vodka.
  • Vladimir Smirnov, journaliste : " Le temps passe. Tout change. Et nos enfants regarderont l'actuelle Ford Focus comme nous sourions en regardant cette bonne vieille "Classique".
  • La Focus est bien-sûr plus facile à charger : le seuil est plus bas et l'ouverture plus large. La 2105 est typique des berlines anciennes.
  • L'habitacle de la 2105 est particulièrement chiche : un agencement archaïque, des matériaux souple, mais de mauvaise qualité et d'une texture désagréable.
  • L'intérieur de la Focus est moderne et bien agencé. Le tableau de bord en plastique mou dispose d'une finition et d'ajustements presque parfaits.
  • De nos jours, le voltmètre est une curiosité.
  • Les tirettes de chauffage sont aujourd'hui d'un archaïsme total.
  • L'écran de contrôle LCD est aujourd'hui normal.
  • Les commandes de climatisation circulaires sont très faciles à utiliser.
  • Les places arrière de la 2105 sont franchement étroites.
  • La Focus vous permet de vous installer même à trois dans un confort relatif.
  • Les montants de toit fins des Classiques offrent une excellente visibilité.
  • Comme la plupart de ses contemporains, la Focus pêche par ses angles morts.
  • Le volume du coffre de la 2105 est modeste et peu pratique.
  • La Focus permet de charger plus de bagages, surtout quand la banquette est repliée.

Lu sur : http://www.zr.ru/a/262460/
Adaptation VG

Tag(s) : #Ambiance, #Comparatif, #Lada, #VAZ, #2105