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Lada Priora TMS : la future griffe sportive ?

Les zones industrielles poussiéreuses de Togliatti nous rappellent plein de souvenirs. Il y a dix ans l'usine Lada étaient entourée de petites officines spécialisées en tuning. C'est dans cet hangar que le motoriste Egorov installait ses moteurs, derrière ces clôtures qu'on montait des kits carrosserie surdimensionnés sur la 110 et ici dans ce magasin qu'on pouvait acheter des pièces pour améliorer les performances de la Samara... Aujourd'hui dans les rues de l'Avtograd (nota : la ville de l'Automobile) se sont les marques étrangères qui font la loi et dans les banlieues, les concessionnaires qui les vendent ont poussé comme des champignons. Désormais plus personne ne s'intéresse à l'amélioration des Kalina ou des Priora. Il reste pourtant des enthousiastes comme le prouve la récente Lada Priora TMS.

TMS c'est le nouveau nom de la légendaire firme Torgmash, qui en 1995 était l'un des premiers ateliers sérieux de tuning à recevoir le soutien d'AvtoVAZ. Par l'esprit d'entreprise de l'un de ces créateurs, Vladislav Nezvankine, Torgmash a non seulement surmonté les crises et la baisse d'intérêt pour le tuning sur base VAZ, mais devrait aussi sereinement envisager son avenir. D'autant plus qu'un nouveau président directeur général a été nommé à la tête de la société : Victor Chapovalov. C'est lui par exemple qui a fait participer la Priora au championnat du monde de voitures de tourisme (WTCCC) lorsqu'il était à la tête du département compétition d'AvtoVAZ. Là-bas il a également travaillé sur des produits destinés au grand public, comme la Lada Priora Sport, un modèle légèrement amélioré non pas pour la course, mais pour un usage quotidien.

L'équipe de Lada Sport avait ainsi travaillé sur le châssis et le moteur avait été modifié par le Département compétition. Pour que la voiture puisse espérer trouver acquéreur ils devaient tenir compte d'un chiffre : le coût de la préparation ne devrait pas dépasser 70,000 roubles. La fabrication devait être assurée soit par le Département compétition soit par l'usine OPP pour une production maximum de 2,500 exemplaires par an.

Mais à l'automne 2009 les idéologues du projet se sont retrouvés au chômage. La participation au WTCC a été abandonnée après seulement une saison. Nezvankine a quitté le Département compétition et sans soutien de l'usine, l'équipe de Chapovalov cessait de fait d'exister. Pour ces hommes, Torgmash était une issue de secours. La société survivait grâce à une commande de l'usine pour préparer les Kalina de course et avait participé à la réalisation des prototypes de Priora Sport qui avait servi de pace-cars en ouverture de certaines épreuves du WTCC. La Lada Priora TMS est donc la suite du développement de cette Priora Sport.

La Priora TMS avec ses différentes améliorations, dont le kit carrosserie et les modifications dans l'habitacles, vaut environ une Priora et demi. Pour les 475,000 roubles demandés, on peut s'acheter par exemple une Renault Logan toutes options de 102ch ou la nouvelle VW Polo Sedan modestement équipée... Le jeu en vaut-il la chandelle ?

La Priora TMS est beaucoup plus puissante. La puissance de son moteur avec un arbre à cames modifié et une nouvelle programmation de son boitier électrique passe de 98ch à 122ch (le couple est de 160Nm, soit 15Nm de plus que le moteur standard). C'est le collecteur d'échappement de série, qui contient le catalyseur, qui limite la puissance. Mais pour des raisons politiques il a été conservé, car cela permet de rester dans la norme Euro-4 et chez TMS on espère bien que la Priora TMS entre au catalogue d'AvtoVAZ.

Côté châssis et transmission les améliorations étaient attendues par rapport à la Priora de série. L'étagement de la boîte de vitesse est optimisé (il n'y a plus cet énorme trou entre le premier et le second rapport) et le débattement du levier de vitesse amélioré. Les disques de freins d'origine, qui font 265mm, sont remplacés par des disques de 280mm fournis par la société russe Alnas. Les ressorts sont remplacés par des éléments plus durs et plus courts, la garde au sol perdant 30mm. Les amortisseurs restent d'origine, mais TMS est en cours de négociation avec la société allemande KW. Les roues de 16 pouces sur mesure avec un déport de 24mm augment les voies de la Priora de 22mm. La géométrie de suspension est retravaillée, en particulier pour augmenter le survirage. Une modification classique qu'effectue Torgmash depuis dix, quinze ans déjà...

Nous avons décidé de tester la Priora TMS avec des spécialistes d'AvtoVAZ, eux qui connaissent bien les défauts de la voiture de série. Après quelques négociations et l'accord du chef du bureau d'études, nous avons donc pu commencer à enchaîner des tours sur le circuit du polygone de Sosnovka avec une berline blanche bardée des instruments de mesure "Corrsys". Au début les essayeurs de l'usine prenaient la voiture de haut et le résultat des mesures les ont rendus sceptiques. Par rapport à une Priora de série, on gagne 2 secondes de 0 à 100km/h et 5 secondes de 0 à 150km/h. Le moteur est plus coupleux à bas régime même s'il ne se dévoile qu'après 1,400 tr/min quand un bruit d'admission envahit l'habitacle. La vitesse maxi est légèrement inférieure à 200km/h. La TMS freine bien mieux que de nombreuses voitures étrangères avec un 100km/h à zéro en moins de 40 mètres.

Mais le plus important est que la Priora TMS est plus facile à conduire que la Priora de série. A l'intérieur elle est plus accueillante : le recul du siège conducteur est plus important ce qui permet aux grands conducteurs d'être mieux installés. Il n'y a plus de trous à l'accélération et en passant les vitesses on ne se cogne plus sur l'accoudoir central. Si le débattement longitudinal du levier s'est amélioré, ce n'est toujours pas le cas du débattement latéral.

La sensation au volant est plus agréable. On rencontre deux types de direction sur les Priora de série : assistance électrique avec "pignon long" (presque 4 tours de volant de buté à buté), ou assistance hydraulique avec "pignon court" (3 tours). Mais cette dernière n'est pas installée avec les voitures équipées de la climatisation. Chez TMS on donc décidé de coupler assistance électrique et "pignon court". La direction est devenue plus précise et plus informative. Elle s'alourdit lorsque la vitesse augmente et en virage elle se durcit de manière plus linéaire. Mais il est vrai que le point milieu manque toujours autant de clarté.

Malheureusement, la Priora TMS n'aime toujours pas les virages serrés. Il n'y a rien à faire à cause de la faible rigidité de la carrosserie autour du compartiment moteur et les silent-blocs de suspension un peu faibles. Malgré tout la Priora TMS donne plus de confiance à la corde et ne s'écrase pas sur la roue extérieure grâce à ses voies élargies, sa suspension plus dure et ses pneus à profil bas. Lorsqu'elle atteint ses limites elle glisse des quatre roues.

Comparée à toutes les créations des artisans de la banlieue de Togliatti (et Dieu sait combien nous en avons essayé par le passé !), la Priora TMS n'est peut-être pas la meilleure. Mais peu importe. Celle-ci pourra être appréciée aux quatre coins du pays. TMS va travailler directement avec les concessionnaires Lada. Cela en concerne cinq pour l'instant (à Togliatti, Kazan et Voronej). On évoque aussi l'idée de créer un "espace rouge" au sein de toutes les concessions du réseau Lada pour exposer une TMS et expliquer ses spécificités. Un endroit où l'acheteur pourrait se composer et commander un véhicule à la carte.

TMS voudrait devenir plus qu'une simple société de tuning et être la marque sportive d'AvtoVAZ. Est-ce que Nezvankine et Chapovalov réussiront dans cette entreprise ? Il est clair que sans le soutien de l'usine, cette entreprise connaîtra le même sort que l'engagement en WTCC... Elle ne survivra pas.

Lu sur :
http://www.autoreview.ru/_archive/section/detail.php?ELEMENT_ID=73373&SECTION_ID\
=21
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Adaptation VG

Tag(s) : #Lada, #Priora, #TMS, #Torgmash, #Sport