Ce comparatif avait commencé de manière habituelle. Nous avions récupéré les Renault Fluence, Chevrolet Cruze et Ford Focus et réservé le polygone d’essai de Dimitrov quand nous avons eu un coup de fil : « Un vrai miracle ! AvtoVAZ nous prête pour quelques jours la VAZ-2116 que nous pourrons essayer dans leur centre d’essai de Sosnovka ».
A quoi bon la comparer avec des voitures existantes me direz-vous ? Rappelez-vous qu’en décembre 2006 nous écrivions dans nos pages que si le développement du Projet C se déroulait comme prévu elle serait mise en production ces mois-ci et ses concurrentes directes seraient justement ces 3 berlines.
Nous sommes arrivés à Togliatti sans encombre avec les trois voitures et nous sommes rendus de bon matin au centre d’essai de Sosnovka, situé à une demi-heure de la ville. Destiné aux essais routiers, on nous promettait que ce centre appartenant à AvtoVAZ était plus moderne que le polygone de Dimitrov : à la fin des années 80 on prévoyait d’y construire plusieurs pistes, une énorme surface « ski-pad » pour effectuer des tests en toute sécurité, mais le budget finalement accordé n’a permis que la construction d’un ovale de 10km avec des virages relevés permettant de rouler à des vitesses constantes jusqu’à 250km/h. C’est donc là que nous avons décidé de tester la vitesse maximale de nos trois voitures, ou plutôt nos quatre voitures.
Voici donc la VAZ-2116, un des trois prototypes roulants encore en vie. Au total 11 voitures ont été construites. Celui-ci recouvert d’une teinte vert foncé métallisé a été fabriqué début 2008 et s’est vite transformé en véhicule de démonstration pour Boris Aleshine, alors président d’AvtoVAZ. D’où ce bois absurde à l’intérieur, et la surcharge de poids en isolation acoustique, cette immatriculation de « mafieux » avec le chiffre 600, raison pour laquelle les essayeurs d’AvtoVAZ ont surnommé cette voiture, la « 600 »... Ces derniers temps, la « 600 » était utilisée quotidiennement par Maxime Nagaïtsev, l’un des principaux initiateurs du projet C. Avant notre venue, la voiture a été révisée, des pneus été montés... Rien d'autre ?
Côté design, on ne peut bien sûr pas la comparer avec les trois berlines étrangères. Face à elles, la VAZ-2116 semble très impersonnelle. Mais ce n’est pas une tare : c’est une voiture ordinaire, mais moderne.
La poignée de porte offre une prise en main naturelle. S’installer à son volant aussi : on est assis aussi haut que dans la Focus. Cela permet aux passagers arrière de glisser facilement leurs pieds sous les sièges avant. Avec son plafond haut, la VAZ-2116 est la plus spacieuse des quatre ! Certes, le grand perdant est le coffre : court et peu profond, il est plus petit que celui des autres.
L’intérieur est assez indigent, mais toutes les commandes sont à leur place. Le siège conducteur est très moelleux et soutient bien le corps. Il est réglable en hauteur. Le volant est réglable dans les deux directions, avec une amplitude aussi grande que sur les voitures étrangères. Le pédalier est « temporaire » comme le mécanisme de direction : les ingénieurs de la firme ZF, qui devait fournir toutes les éléments du châssis du Projet C ont fourni pour les premiers prototypes un pédalier de Jaguar.
La commande de boîte est également « temporaire ». Le mécanisme devait être fourni par la firme allemande Dura et pour les prototypes les ingénieurs d’AvtoVAZ ont choisi des éléments d’Opel Astra et de Hyundai Getz. Vraiment ? Nous sommes sceptiques car nous avons essayé un prototype de Priora à moteur 1,8 avec les mêmes commandes à câbles que le Projet C. Le débattement du levier de vitesses est très court, il n’y a pas de vibrations dans le levier : la classe !
Le moteur est vivant. Il n’est pas pire que dans la Focus. Mais sur la VAZ-2116, la gestion électronique du moteur n’est pas vraiment optimisée et c’est pourquoi jusqu’à 4000 tr/min on ressent des vibrations. De plus selon les ingénieurs, l’assemblage manuel de la carrosserie et l’isolation phonique de cet exemplaire de démonstration augmentent le poids de la voiture de 200kg. Nous avons tout de même mené un cycle complet de mesures et pu constater que la VAZ-2116 accélère plus fort que la Chevrolet Cruze et dispose d’une vitesse maxi identique. Au freinage, elle n’est battue que de 4,5 mètres par les étrangères, équipée de l’ABS. Il faut rappeler que cet équipement devait être monté en série sur le Projet C.
En bref, ce prototype ne se conduit plutôt pas trop mal ! Les ingénieurs indiquent que leur « objectif était d’offrir à la VAZ-2116 la même tenue de route que la Focus, tout en conservant la garde au sol de 170mm, typique des Lada, adaptée aux routes défoncées (russes) ». On ne peut toutefois comparer ce prototype à des voitures de série. Mais les passagers n’ont pas trop à souffrir de toutes les irrégularités, et plus important, la voiture est stable en ligne droite et l’on prend les virages sereinement, la direction étant suffisamment communicative. En plus, ce n’est pas encore un prototype de pré-série... les
ingénieurs ont assemblé cet exemplaire en partant de plans et de maquettes en trois dimensions !
Impossible donc de comparer directement cette VAZ-2116 à ses concurrentes. On ne peut que deviner à quoi aurait pu ressembler une VAZ-2116 de série. Mais à en juger par cette « 600 », les ingénieurs ont réussi le principal : une mise en forme réussie, rigoureuse, une carrosserie moderne et une cinématique de suspension classique. Une très bonne base de travail pour des exemplaires de pré-série, mais ceux-ci n’ont jamais vu le jour.
Aurait-elle coûté les 12 à 15 milles dollars annoncés ? Aurait-elle été un succès commercial ?
En tous cas, la VAZ-2116 a terminé seconde du sondage « de sympathie » effectuée sur notre site internet (23,27% des voix). Est-ce que cela montre la loyauté des Russes à la marque Lada ? De la croyance ? De l’espoir ? De l’amour ? Une chose est certaine : en Russie, il y a encore beaucoup de gens qui rêvent d’une Lada moderne. Celle qu’ils attendent aurait pu être cette VAZ-2116. Peut-être a-t-elle encore une chance de voir le jour ?
Légendes des photos concernant la VAZ-2116 :
- Design intermédiaire, plastiques bas de gamme, éléments de Priora pour combler les trous : volant, bloc compteur, comodos, plafonnier avec son porte-lunette bancal, boutons des lèves-vitres... A quoi pourrait ressembler la version de série ? On l’ignore mais l’ergonomie de ce Projet C est excellente.
- Malgré l’assise élevée, comme dans la Focus, l’espace au dessus de la tête est immense. Les sièges très mous, comme sur une voiture française des années 80, sont réglables en hauteur et offrent un bon maintien latéral.
- Sur cette voiture, les commandes de climatisation proviennent d’une Priora, mais avec un gestion plus moderne. Le système audio offre un écran de contrôle pivotant.
- Les commandes de phares proviennent de la Priora et la boîte à gants est spacieuse.
- Le sélecteur de vitesse dispose d’une commande par câbles. La boîte de vitesse automatique à 7 rapports KATE n’a encore jamais été montée en série sur un modèle Lada.
- Les vides-poches sur les portières sont spacieux. La poignée d’ouverture est en métal. Mais pourquoi la vis est-elle positionnée à un endroit si visible ?
- Entre les sièges avant on trouve un autre vide-poche. On remarque que les ingénieurs ont apporté un soin tout particulier aux commandes d’ouvertures.
- Il y a même des emplacements pour des tickets de stationnement.
- Dans le vide-poche central sont aménagées des buses de ventilation pour les sièges arrière. La banquette est chauffante et on trouve les deux interrupteurs au même endroit.
- Les passagers arrière disposent de spots de lecture, mais ils sont un peu loin, disposent d’un accoudoir confortable et de beaucoup de place pour les jambes.
- Comme sur les voitures étrangères, un petit bouton en caoutchouc commande la serrure électrique d’ouverture du coffre. Le volume paraît faible et il semble loin des 500 litres revendiqués.
Lu sur : http://www.autoreview.ru/_archive/section/detail.php?ELEMENT_ID=71414&SECTION_ID=2042
Adaptation VG