
L’économie centralisée de l’Union Soviétique impliquait une absence totale de concurrence, en particulier entre constructeurs automobiles, sauf en matière de sport automobile. Au début des années 50, ZiS ne pouvait pas rester passif face à l’apparition de la GAZ- SG1 (Pobeda Sport). C’est la raison de l’apparition en 1951 de la ZiS-112.
Elle est l’un des trésors de l’industrie automobile soviétique. Cette voiture de course pouvait atteindre une vitesse élevée pour l’époque, 210km/h. Et la version ZiS-112S pouvait elle rouler à 250km/h. Mais ce n’était pas une voiture de course. Bien que rapide, elle ne brillait pas par sa maniabilité. Lourde, cette voiture de six mètre nécessitait donc des modifications. Elles furent entreprises et, à la fin des années 50, l’équipe sportive de ZiL remporta quelques victoires sur la ZiS-112/4.
Le dessin de la ZiS-112, basée sur le châssis de la ZiS-110 est signé Valentin Rostkov. C’est lui qui avant guerre, en 1939, avait réalisé la ZiS-101 Sport. Le dessin était véritablement avant-gardiste pour l’époque. Un veritable Dream-Car à l’américaine : énorme, cette voiture mesurait 6 mètres pour trois places assises se distinguait par sa calandre arrondie accueillant un phare unique. A l’usine on l’avait d’ailleurs surnommée « cyclope ». On note également l’emploi pour la première fois d’une peinture biton blanc et bleu. Une combinaison qui est devenu par la suite la couleur traditionnelle des voitures de courses ZiL.
Au départ, la voiture était équipée du moteur de série provenant de la ZiS-110 et développant 140ch. Une puissance beaucoup trop faible pour une voiture de course de près de 2 tonnes et demi (2450kg pour être précis). Dès 1951, un moteur expérimental développé par Vassili Rodionov fut donc installé sur la ZiS-112. Il s’agissait d’un moteur 8 cylindres de 6005cm3 avec soupapes latérales basé sur le vieux bloc moteur. Largement modifié il se distinguait par les soupapes au diamètre accru, les deux carburateurs MKZ-LZ et développait 182ch à 3500tr/min. De plus, étaient prévu un radiateur d’huile, deux pompes à huile, un contrôle manuel de l’avance à l’allumage. Sa vitesse maxi était de 204km/h !
Pourtant un certain nombre de problème n’étaient pas résolus. En premier le moteur restait, comme sur la ZiS-101 Sport, un 8 cylindres en ligne, démesurément long ! La répartition des masses était loin d’être idéale. Son créateur la qualifiait même de « tétard », qui à cause d’une partie avant très lourde était très difficile à mener. Lors de sa première course, à Minsk, les pilotes et les ingénieurs de la ZiS-112 durent se rendre rapidement à l’évidence : la voiture n’était pas adaptée à la course automobile...
En 1954, l’empattement de la voiture fut raccourci de 600mm (de 3760mm à 3160mm) réduisant de fait la longueur à 5320m (contre 5920mm initialement). La mécanique également fut modifiée : le taux de compression passa de 7,1 à 8 ,7 ; deux carburateurs supplémentaires firent leur apparition. Le moteur développait désormais 192ch à 3800tr/min permettant à la voiture d’atteindre la vitesse de 210km/h. Une valeur jamais atteinte pour une voiture soviétique. Subsistait un problème inattendu en raison du dessin du capot, certes élégant, mais sous lequel la chaleur était telle que l’habitacle en devenait presque irrespirable.
La saison 1955 va démontrer l’échec de cette évolution. Le championnat d’URSS débutait sur le circuit de Minsk. L’anneau de vitesse était il est vrai assez particulier : deux « autoroutes » étaient reliées par des routes transversales pour constituer un tracé de 42km. L’un des plus longs circuits au monde. Pourtant il était destiné à des voitures plus maniables que cette ZiS, toujours aussi pataude. Une époque se tournait et ce Dream-Car soviétique a terminé sa vie dans un coin de l’usine.
Lu sur : https://steer.ru/node/12183
Adaptation VG