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Un Ukrainien de 72 ans défit la mort en voiture hydride. Il conduit une voiture électrique qu’il a construit lui-même. Une samodelka qui atteint la vitesse maximale de 150km/h et capable de parcourir une centaine de kilomètres sur l’autonomie de ses batteries ! Rencontre avec le génial inventeur.
Habitant Kiev, Valentin Mikhailovitch Gerbstein est connu des forums de fabricants de samodelkas sous le pseudo de « Mikhalych ». Diplomé de l’Institut de techniques industrielles de Leningrad, il a travaillé pendant 11 ans comme électricien dans une usine d’avions et 30 ans dans les chemins de fer. Agé de 72 ans, son œuvre est moins connue que les productions de la compagnie Tesla ou la « voiture populaire électrique russe à 8,888 euros » annoncée par Mikhail Prokhorov. Pourtant il n’en est pourtant pas à son coup d’essai.
L’Elektra-1 est la première voiture électrique qu’il a fabriqué en 1992. « Mikhalych » raconte :
« A l’époque, de nombreux constructeurs de samodelkas préféraient utiliser des voitures produites en grande série : pour la carrosserie, la suspension, la direction, les freins. Souvent ils ne remplaçaient que le moteur à essence par un moteur électrique. J’ai préféré suivre une voie différente et j’ai fabriqué moi-même la carrosserie en suivant deux principes. Premio, en ces temps-là il était extrêmement compliqué d’acheter quelque chose : soit c’était trop cher, soit c’était en très mauvais état. Secundo, les carrosseries étaient beaucoup trop lourdes pour les moteurs électriques, faiblement puissants, disponibles à l’époque. J’avais le moteur électrique d’un camion-pompe développant une puissance de seulement 3,2 kW (à peine plus de 4 chevaux !). C’est la raison pour laquelle j’ai préféré souder des tubes pour fabriquer un châssis et le recouvrir de feuilles d’acier. La place occupée par les batteries – de batteries classiques de voitures – était énorme et j’avais été contraint de faire une stricte deux places : ma femme, moi et... un sac de pommes de terre !
Les caractéristiques de la voitures étaient, le moins que l’on puisse dire, modestes. La vitesse maxi était d’à peine 60km/h quand les batteries étaient chargées à bloc. De plus, pour économiser de l’énergie sur les longs trajets il valait mieux ne pas dépasser les 35km/h. Dans ces conditions je pouvais parcourir les 35km qui séparaient Kiev de ma maison de campagne. Là, je branchais l’Elektra à une prise normale et je pouvais le lendemain revenir en ville ».
Trois ans plus tard il a donné vie à une seconde génération de samodelka électrique, l'Elekra-2 - une voiture avec des caractéristiques modernes en matière de vitesse et d’autonomie que l’on peut conduire comme une voiture classique.
« Là aussi le châssis recouvert de tôles d’acier est fait maison. J’ai du résoudre un certain nombre de problèmes pendant la construction. La suspension est une combinaison de pièces provenant d’une Zaporojets et d’un LuAZ. Avec une voiture électrique, impossible d’avoir un servofrein à dépression : j’ai donc fait une pédale plus grande et plus solide ! Le pare-brise est dégivrant. Et pour cause, puisqu’il s’agit d’une lunette arrière de Tavria où j’ai rebranché le dégivrage. Mais le plus important, c’est le moteur. C'est un moteur de l'américain Advanced DC Motors. C’est un cylindre compact développant 15/60kW (courant continu ou alternatif). C’est un moteur spécialement conçu pour les voitures électriques et il pèse seulement 50kg. Un moteur à essence doté des mêmes caractéristiques pèse habituellement au moins le double.
Ces moteurs sont très populaires dans le cercle des constructeurs de samodelkas et leur histoire est assez remarquable. Juste avant la chute de l’URSS, AZLK planifiait de construire une Moskvitch 2141 élecrique. L’usine a acheté environ 3,000 moteurs électriques pour effectuer les essais mais l’Aleko était une voiture trop lourde pour et le projet ne fut pas mené à son terme. Avec la faillite de l’usine, les moteurs ont commencé à prendre la poussière dans un entrepôt et ils ont été revendus ou distribués comme salaire aux ouvriers de l’usine. Une aubaine puisqu’on les fournissait avec les calculateurs électroniques et de puissants chargeurs ! De nombreux constructeurs amateurs de Russie, d’Ukraine et d’autres anciennes républiques de l’URSS ont pu les racheter à ces ouvriers en mal d’argent, puisqu’ils ne savaient quoi en faire. Depuis ces moteurs américains réapparaissent périodiquement sur le marché et font le bonheur de leurs acheteurs.
Ma voiture électrique, je ne l’ai pas faite pour mon unique plaisir, mais pour la conduire. Il fallait donc la légaliser. De tous temps il a toujours été difficile d’immatriculer une samodelka. Alors pensez-donc quand il s’agit d’un modèle électrique ! L’un des pionniers, Nikolaï Parafenko, a construit en 1956 la première samodkelka en URSS et de fait a été le premier à être confronté à ce problème. On ne voulait pas immatriculer sa voiture et on ne lui donnait pas l’autorisation de rouler avec... Désespéré, il décide de se rendre à Moscou à la Direction de la GAI et contre toute attente il est écouté. Un haut responsable moscovite prend un téléphone et passe un tel savon au responsable local qu’à son retour à Donetsk, Parafenko est presqu’accueilli avec un tapis rouge !
Avec la première Elektra, j’ai été ballotté de bureaux en bureaux par la GAI avant de pouvoir rencontrer les hautes autorités. Je n’ai bien entendu pas reçu d’immatriculation, mais les inspecteurs locaux ont donné des ordres tacites : « ne pas l’arrêter, le laisser rouler ». Mais avec l’Elekra-2 j’ai les mêmes problèmes. Je n’ai pas l'autorisation de sortir des limites du parking de mon immeuble. C’est pourquoi je négocie de nouveau avec la GAI ».
Pour finir, on a demandé à « Mikhalych » ce qu’il pense des voitures hybrides :
« Elles n’ont aucun avenir ! C’est une impasse, une solution de transition qui disparaîtra quand des batteries de plus grande capacité seront disponibles et surtout moins chères ! Car pour l’instant c’est aussi le prix qui est un problème pour les voitures électriques : un ami à moi à fabriqué une GAZ-21 électrique équipée de batteries lithuim-ion qui lui ont coûté 25,000 dollars ! Cela me rappelle une anecdote rigolote. Celle de l’Institut de Kiev d’électrodynamique qui a fabriqué un minibus GAZ Sobol hybride. Une idée géniale : un moteur essence couplé au moteur électrique. A basse vitesse, vous pouvez rouler en mode électrique, comme avec une Toyota Prius. Mais retirez le moteur à essence et vous ne réussirez pas à faire bouger le Sobol avec 12kW. Ils ont également fait une Tavria hybride et on rencontré un autre problème : au lieu d’économiser du carburant, ils en ont consommé plus ! Dans ces conditions vous comprendrez ce que je pense de l’hybride ».
Lu sur : http://futurych.f5.ru/post/176205
Adaptation VG