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Le 21 novembre 2008, le dernier exemplaire de Yugo, portant le numéro 794.428 est sorti de l’usine Zastava de Kragujevac en Serbie. Comme les dernières Zastava 101 et Florida, la dernière Yugo était destinée au musée Zastava. Cela semble pathétique, mais le retour de Fiat à Kragujevac a marqué la fin définitive de la Yugo.
La première Yugo avait été produite le 02 octobre 1978 et avait été donnée au président de la Yougoslavie d’alors, Josip Broz Tito. Deux ans plus tard, le 02 octobre 1980 débutait la production en série. Les exportations vers le Royaume-Uni ont commencé en 1983.
Mais c'est surtout « l’affaire du siècle » qui aura marqué l'histoire de la Yugo. C’est comme cela que l’on faisait la promotion de la Yugo sur le marché américain. Pendant 5 ans, de la première livraison le 23 juillet 1985 à 1990, Zastava et le réseau de concessionnaires local a vendu un total de 141,511 voitures. Qui sait combien on aurait pu en vendre là-bas si l’éclatement de la Yougoslavie et les évènements qui ont suivi n’avaient pas mis fin à cette aventure.
Toutefois selon Rodoljub Micic, directeur de Zastava, qui s'exprimait dans le journal « Politika », le contexte politique n'explique pas tout et c’est la situation financière qui a entraîné la fin de l’importation sur le sol américain. Le prix de 3,990 dollars avait été fixé contractuellement et les voitures étaient facturées par Zastava à l’importateur en Deutsche Marks. Or, durant cette période la monnaie allemande s’était extrêmement renforcée par rapport au dollar.
L’affaire du siècle était donc vouée à l’échec mais nombreux sont ceux qui se souviennent encore de l’euphorie qu’avait entrainé à Kragujevac la fabrication de voitures pour les USA. Les rues étaient décorées de drapeaux américains et yougoslaves, de même que le « Erika Bolton », le navire qui avait transporté le premier contingent de Yugo entre les ports yougoslave de Bar et Baltimore.
L’accord signé avec Zastava avait été pompeusement annoncé et fut suivi de nombreuses controverses. En 1981, la Yugo avait été désignée meilleure voiture de Serbie. Pourtant dès sa première année d’exportation aux USA, le New-York Times l’a déclaré pire voiture des Etats-Unis. Le Times fera de même en 2007 en la classant première des 50 pires voitures de tous les temps. C’est Malcolm Bricklin, homme d’affaires américain controversé et soupçonné d’avoir mené à la faillite de nombreuses entreprises sans jamais être personnellement inquiété, qui avait signé l’accord d’importation de la Yugo aux USA. Des témoignages indiquent qu'en 2000 il a été vu pour la dernière à Kragujevac.
Anecdote intéressante, Lawrence Eagleburger, ambassadeur des USA en Yougoslavie entre 1977 et 1980 a été membre du conseil d’administration de « Yugo America ». Pedrag Simic, ancien directeur de l’Institut de politique international et ambassadeur de Serbie à Paris a déclaré que « le lobby yougoslave à Washington, dont Lawrence Eagleburger faisait partie, avait offert à la Serbie et à la Yougoslavie une dernière occasion majeure pour relancer leur économie.
La Yugo est également devenue une star à Hollywood. En 1995 dans le film « Die Hard 3 », Bruce Willis et Samuel L. Jackson volent une Yugo jaune pour échapper aux méchants. Ce n’était pas la première fois que la Yugo apparaissait à l’écran puisqu’elle est visible dans le film « The Crow » de 1994 avec Brandon Lee, dans la comédie « Drawning Mona » en 2000 avec Dany de Vito et dans « Dragnet » en 1987.
Malgré son titre de « pire voiture de tous les temps », les Américains ont une bonne opinion de leur Yugo comme on peut en juger par les commentaires laissés sur internet. Il faut dire que les Yugo vendues sur le marché américain étaient d’une meilleure qualité et plus modernes que celles réservées par Zastava à son marché intérieur. Ainsi un conducteur américain de Yugo indiquait avoir parcouru 148,000 miles à son volant en ayant dépensé qu’une centaine de dollars pour des pannes imprévues. Un autre témoignage vient d’un autre propriétaire qui ne souvient pas avoir dépensé plus de 20 dollars pour une pièce détachée. « A par les vidanges régulières et le remplacement de la courroie de distribution je n’ai jamais eu aucun problème. C’est une super petite voiture » déclarait un heureux propriétaire de Yugo en décembre 2001. Dans d’autres pays aussi la Yugo fait aussi des heureux. Un conducteur de Malte indiquait que la Yugo était la meilleure voiture qu’il avait jamais eu, surtout parce qu’il n’avait jamais changé les amortisseurs de sa Yugo 45A alors que les routes de Malte sont très mauvaises. « La Yugo ne m’a jamais déçu. J’aimerai avoir autant confiance dans les gens que dans ma Yugo ».
La majorité des Yougoslaves avaient vu en la Yugo la nouvelle « Ficu », la Zastava 750, petite mais pas trop pour transporter les bagages de la famille, peu chère et pouvant être réparée facilement. Les célèbres blagues comme par exemple celle de la lunette arrière chauffante permettant de garder les mains au chaud quand on pousse une Yugo en panne ont été accueillies par les ouvriers de Kragujevac avec bienveillance. C’est qu’ils l’aiment leur Yugo !
Produite à près de 800,000 exemplaires, on en fabriquait encore 450 par mois vers la fin de sa vie. Mais depuis longtemps elle était produite à perte. Pour chaque exemplaire produit de la voiture la moins chère d’Europe, Zastava touchait une subvention de l’Etat d’environ 500 euros. Equipée d’un moteur 1,000 ou 1,100 cm3 développant 45, 55, 60 ou 65 chevaux, la Yugo fut la seule Zastava produite en version cabriolet.
Même si elle n’est plus fabriquée aujourd’hui, la Yugo continue à user l’asphalte des routes serbes car la majorité de la population du pays n’a pas les moyens de s’offrir autre chose. Les Yugo d’occasion ne valent pas plus de 1,000 euros et il est très facile de trouver des pièces de rechange.
Lu sur : http://klubkolekcionara.blogspot.com/2009/11/poslednji-jugo.html
Adaptation VG