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Une voiture inhabituelle se distingue dans la masse des automobiles qui participent au championnat russe de Drift. Mais ne faites pas la moue. Qui a dit que le sport automobile devait se limiter aux rallyes du WRC et aux épreuves de Formule 1 ? Peu importe l’épreuve, car comme dans les Olympiades où sont apparues la danse sur glace, le freestyle et le ski de bosses, tous les sports automobiles méritent d’être regardés, ne seraient ce que pour les participants.
Certes, le Drift ne fait pas partie des Jeux Olympiques (pas plus que les autres sports mécaniques), mais n’est finalement pas pire que le rallye ou les courses sur circuit. C’est sans doute le sport automobile le plus jeune. Son existence ne remonte à pas plus de vingt ans, et curieusement les participants et les spectateurs du Drift ne sont vraiment plus âgés. A y regarder de plus près on retrouve dans le Drift tout ce qui fait un sport automobile : des équipes et de pilotes professionnels, des entraînements et des championnats, la préparation des voitures, le hasard de la course... Il serait facile pour illustrer cet article de choisir un pilote parmi d’autres et vous parler de son enthousiasme pour la discipline... mais nous n’avons pas pu résister à vous présenter celui qui conduit la voiture la plus insolite du plateau.
Fedor Vorobiev est le propriétaire et le préparateur de cette Lada et comme nombre de ses adversaires, il vient du rallye classique où il a remarqué qu’il prenait le plus de plaisir quand sa voiture partait en glissade au détour d’un virage et qu’il commençait lui-même à en faire un peu plus. Quand il a appris que l’on commençait à organiser des épreuves de Drift en Russie, il n’a pashésité. La plupart des participants roulaient en japonaises et Fedor n’avait qu’une 2105... Celle-ci commença à faire des miracles quand il remplaça le moteur d’origine. Avec sa 2105 à mécanique japonaise, Fedor Vorobiev est devenu l’un des drifters russes les plus connus, ayant remporté les places d’honneurs du championnat. Après les troisièmes places, les deuxièmes places... il vise la première.
Sa 2105 est en constante évolution. Depuis quelque temps il est soutenu par l’équipe "Lukoil Racing Team" même si les ingénieurs de ce team n’ont jamais participé à la construction de la voiture où donné des conseils à Fedor. Pas la peine : la voiture est suffisamment bien née et compétitive. Elle est capable de donner du fil à retordre à une voiture comme la Nissan Silvia S15 de Georgui Stepanian.
Dans un futur proche, Fedor Vorobiev s’occupera de la suspension qui n’est idéale que pour les surfaces asphaltés lisses comme des billards. Une chose rare en Russie. Il hésite d’ailleurs à remplacer toute la suspension par des trains roulants de voiture japonaise. Après tout, tant qu’il y est... puisqu’au fond, de la 2105 il n’y a que la carrosserie, achetée neuve auprès de l’usine. Elle n’est pas restée d’origine très longtemps puisque Fedor l'a transformée pour en faire une VFTS (extensions d’ailes, vitres en plexiglas). Le compartiment moteur et le tunnel de transmission ont été largement modifiés pour recevoir le berceau moteur d’une Nissan ainsi que la direction. Celle-ci aussi a été modifiée : l’angle de braquage n’étant plus celui préconisé par le constructeur, mais par les besoins du Drift.
Le moteur et la boîte de vitesse ont été offerts à Fedor - un beau cadeau que cette mécanique Nissan SR20DE de 165 chevaux. Il vise plus haut désormais mais manque de moyens pour acheter un moteur SR20DET turbocompressé qui développe en série 230ch. Mais n’allez pas lui dire qu’il ne possède pas une voiture de course ! Vous risquez d’être étonnés en ouvrant la portière et en vous glissant dans le profond siège baquet après avoir baissé la tête pour ne pas vous cogner dans l’arceau de sécurité...
Les harnais de sécurité ne sont pas là que pour l’ambiance, pas plus que l’énorme compte-tours sur le tableau de bord en carbone. Le compteur de vitesse ne sert ici à rien. Contact. Moteur. Le bruit à l’échappement est terrible. Tout vibre. Après quelques mètres, il faut bien se rendre à l’évidence. La suspension n’est pas dure. Elle est super dure ! Les 100km/h sont atteints en 8.2 secondes. A l’intérieur on n’a vraiment pas l’air de se trainer. Mais rappelez-vous, elle est conçue pour rouler de travers. Il est temps de l’apprivoiser...
Bon certes, ce n’est pas une vraie VFTS, mais c’est une bonne occasion pour revenir sur cette gloire du sport automobile soviétique. Pour beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, l’abréviation VFTS est plus connue que l’abréviation URSS ! C’est pourtant il y a 20 ou 30 ans que dominaient les Lada dans les épreuves du championnat soviétiques des rallyes. Les mêmes Lada qui même en occident remportaient des places d’honneurs ! Ces voitures étaient préparées en Lituanie par la Fabrique de Moyens de Transport de Vilnius (VFTS). Un logo que les Lituaniens eux-mêmes osent traduire aujourd’hui par « Vilnus Fabrik Tuning Sport ». Les Jigoulis d’origine étaient entièrement transformées par le maître balte.
Même les premières VFTS, des Lada 1600 Rallye Groupe A différaient déjà fortement de la VAZ-21011 d’origine. VFTS montait un moteur préparé de type VAZ-2106 développant 151ch à 6700 tr/min (à comparer aux 69ch d’origine). On dit que ces moteurs étaient capables de monter à 11,000 tours. La vitesse maxi était de 187 km/h (contre 145 pour la 21011 normale) et les 100km/h atteint en 8,4 secondes (20 sec normalement). Ces VFTS étaient constamment améliorées et n’avaient rien à envoyer à leurs concurrentes occidentales.
Produites en petites séries jusqu’à 200 exemplaires par an, l’aventure des VFTS s’est achevée à la chute de l’URSS. C’est peut-être aussi pour cela que ces voitures sont devenues légendaires. Les exemplaires restants sont de véritables voitures de collection et les répliques, réalisées par les amateurs de sport automobile et de tuning attirent toujours l’attention. Comme la fausse VFTS de Fedor Vorobiev.
Lu sur http://www.zr.ru/a/94921/
Adaptation VG