Le UAZ pick-up a fait ses débuts au Salon de Moscou en août 2008 et est déjà disponible à la vente. Za Roulem a essayé l’un des premiers modèles de série produits.
Si l’Amérique a inventé le pick-up, la Russie post-soviétique a inventé la « GAZelle ». Pourtant ces derniers temps en Russie, le marché des pick-ups se développe à un rythme particulièrement élevé. Presque tous les producteurs mondiaux proposent un modèle sur ce segment. L’un des derniers à faire son apparition est donc le UAZ.
Dans le fond, ce pick-up est très proche du Patriot, un UAZ qui a déjà conquis sa clientèle. Par cet essai nous allons essayer de comprendre à qui est destiné cette version à plateforme de chargement. On a déjà une petite idée : les chasseurs, les pêcheurs, les résidents de contrées reculées, là où à mi-saison il n’y que les tracteurs à chenilles qui peuvent passer, les géologues... Il est finalement assez simple de s’imaginer à qui s'adresse ce genre de véhicule. Pour savoir si ce UAZ est adapté, nous nous sommes mis dans leur peau et avons soumis un beau pick-up rouge de seulement 500km à toute une série de tests.
Imaginez. Vous êtes chasseur et avec vos camarades vous décidez de partir à la chasse à l’élan : une voiture avec une capacité de chargement de 800kg est donc tout indiqué. Ainsi, nous avons donc tenté de faire monter cinq hommes de bonne taille habillés chaudement (c’est l’hiver qu’on chasse l’élan !). Pas facile, il n’y en aura donc que quatre. En plus il faut mettre les fusils dans un coin de même que les sacs à dos qui contiennent le casse-croûte. Et les skis ? Cela se complique car la benne ne ferme pas et il n’y a aucun anneau qui permettrait leur arrimage...
Alors admettons que vous puissiez tout de même partir et que vous atteignez une route forestière. L’empattement long de cette voiture de près de 5 mètres et la garde au sol de seulement 210mm n’en font pas le meilleur des 4x4. Et bien que les quatre roues soient motrices avec un blocage central du différentiel, les capacités d’évolution restent relativement faibles. En plus l’ensemble fait près de 2 tonnes ! Conclusion : pour la chasse, on n’a encore rien fait de mieux qu’un GAZ-66 avec une cellule habitable !
Pour la pêche, c’est un peu plus simple, puisqu'on peut ramener les trophées dans les poches, et on peut la transporter dans la benne la chignole pour percer la glace !
Celui qui habite au milieu de nulle part, et qui cherche un véhicule pour tous les jours, pourra aussi se demander si le jeu en vaut la chandelle. Sur route asphaltée, la consommation réelle en essence dépasse déjà les 17 litres aux 100km, alors on ne vous dit pas au moment de la raspoutitsa (fonte des neiges). En plus le volume de la benne est relativement faible, seulement 1,36m3. Et les sièges arrière ne se rabattent pas. Il est fort à parier qu’un fourgon UAZ ou une GAZelle à 4 roues motrices fera plus l’affaire !
Les géologues travaillent de nos jours dans des compagnies très riches et il faut avouer que le UAZ n’a pas encore une image de voiture fiable et sans problème. Ils préfèreront porter leur choix sur un Land-Cruiser. Imaginez-vous aussi un homme d’affaire se porte acquéreur d’un UAZ pick-up ? Outre le problème d’image, ses collègues risquent de ne pas le comprendre !
Il est vrai que je nous ne sommes pas calés en marketing : les spécialistes de UAZ ont sans aucun doute étudié le marché et ils savent ce qu’ils font. Nous leur souhaitons bonne chance. Il est très facile de critiquer les productions de l’industrie nationale, et à vrai dire il y a de quoi. Nous allons tout de même essayer de rester objectifs.
Le confort est à notre avis totalement conforme à ce que l’on est en droit d’attendre d’un 4x4 utilitaire. Le bruit, les secousses, l’ergonomie inexistante, le roulis en virage ne seront rédhibitoires qu’aux princesses et aux citadins. Ils trouveront mortels un voyage dans un véhicule de ce type, eux qui sont plus habitués à leur robe de chambre et à leur canapé moelleux.
Avec mon 1,86m et mes 100kilos, j’ai réussi à conduire ce pick-up. J’aurai voulu reculer un peu le volant, mais celui-ci ne se règle qu’en hauteur. Mais on s’y habitue très vite et la direction est précise et rapide. J’avais reculé le siège au maximum, mais la place pour les jambes du passager assis derrière moi était encore largement suffisante.
Au démarrage, l’accélération sur les trois premiers rapports est très appréciable. La vision dans les rétroviseurs latéraux est excellente, et plus ils sont très élégants (et réglables électriquement). Le rétroviseur intérieur est comme celui d’une Jigouli : on ne voit que le dossier de la place centrale de la banquette arrière.
D’après la fiche technique, la puissance maxi de 128ch est atteinte à 4400tr/min. En cinquième à 120km/h, le moteur ne tourne qu’à 3000 tours. Cela signifie qu’à 4400 tours, ce UAZ sera à 180km/h ? Malheureusement non car il coupe son effort à 140km/h. La cinquième est donc une vitesse économique... Pourtant ce UAZ est très vif et il faudra faire attention pour ne pas tomber dans les griffes de la police routière. En accélération et en reprise il n’y a rien à redire. Si vous mettez le pied dedans en quatrième, vous verrez qu’il est beaucoup plus vivant : à 3000 tours vous serez déjà à 105km/h et en restant sur ce rapport vous devriez pouvoir atteindre théoriquement 154km/h.
La direction est légère et confortable en ville. A haute vitesse il faudra être plus méfiant : si vous tournez le volant de 5cm vous n’affecterez pas la trajectoire de la voiture. Très imprécise, vous comprendrez que la vitesse n’est pas le fort de la voiture. D’ailleurs, la consommation devient de toute manière gargantuesque.
C’est peut-être en tout-terrain que la voiture va montrer le meilleur d’elle-même ? Blocage du pont avant, blocage du différentiel central et vitesses courtes, voilà qui s’annonce bien. Les roues avant ne sont pas débrayables. Une fois le levier basculé sur la gamme courte, le miracle se produit. Mais la garde au sol est un peu trop juste pour des évolutions sérieuses. De même, le positionnement de la roue de secours sous la benne n’est pas pratique. Il aurait été mieux de la positionner autrement.
Cette version pick-up reçoit un plus gros radiateur. Dans les conditions difficiles, il évite au moteur de chauffer, mais il est difficile de monter au-delà de 80°C sur route, même en mettant un carton devant le radiateur. Conséquence, la consommation de carburant augmente. Nos tests précédents avaient montré qu’à 102°C /105°C, le moteur est plus efficace et consomme beaucoup moins.
Ce sont donc nos premières impressions pour ce pick-up, mais il sera intéressant de voir comment il vieillit et s'il ne tombe pas en ruine à 50,000km. De plus, ses origines prolétariennes lui permettront-elles de se faire une place sur le marché des pick-ups 4x4 ? Ces deux questions restent ouvertes.
Lu sur http://www.zr.ru/articles/58372
Adaptation VG