NAMI a élaboré et construit une gamme complète de véhicules utilitaires plus particulièrement destinées aux travaux agricoles. Ces dix dernières années l’agriculture a fortement évolué : la concurrence entre les grands constructeurs de matériel agricole a fait évoluer la technique. Cependant grand nombre de fermiers n’ont pas besoin de véhicules qui auraient fait le bonheur des anciens kolkhozes mais de quelque chose de petites dimensions, mais très universel pour labourer, semer et transporter la récolte.
Les ingénieurs de l’institut NAMI ont entrepris de travailler sur ce type de matériel. En effet le Ministère Russe de l’Agriculture a confirmé que le manque de ce type de véhicule sur le marché constituait bien un problème et a lancé en février 2006 un concours pour créer un MMTS, cette abréviation russe signifiant « véhicule mobile de petites dimensions ». Les conditions de ce concours étaient très strictes puisque il fallait concevoir, élaborer et construire 3 prototypes avant le 1er décembre 2006 !
Finalement c’est NAMI qui a remporté ce concours : en seulement huit mois (!) deux équipes d’ingénieurs ont élaboré deux séries de MMTS à 4 roues motrices et fabriqué cinq prototypes roulants. Ceux-ci sont conçus de telle manière qu’ils utilisent largement les équipements et pièces de voitures déjà existantes sur le marché, ce qui permet de maintenir un prix minimal et réduire les problèmes de réparation au maximum.
Le premier modèle élaboré sous la direction de Tenguiz Dzotsenidze, se compose en fait d’une gamme de trois ... tracteurs ? voitures ? Appelons les simplement des machines (il s’agit sur les photos du véhicule rouge). Le gros NAMI-2338 a une charge utile de 800kg et sa capacité de traction permet de l’utiliser comme un tracteur classique puisqu’il peut être accouplé à une charrue à 4 socs. Le modèle moyen, le NAMI-1338 a une charge utile de 600kg et le petit NAMI-1337 une capacité de 300kg. Il faut préciser que selon la classification officielle des matériels agricoles, ces trois véhicules appartiennent aux catégories « moyens », « petits » et « très petits ». Ces voitures sont très ressemblantes : par exemple les deux véhicules les plus grands ont la même cabine à trois places. L’éclairage, l’instrumentation, les commandes, les sièges, le chauffage et la climatisation sont identiques ou pratiquement identiques.
Les moteurs sont des quatre, trois et deux cylindres diesel à refroidissement par air. Le gros filtre à air en position surélevée sur le côté de la cabine est purement décoratif car la possibilité de passage de gué est limitée par la disposition du ventilateur de refroidissement du moteur.
Les transmissions sont très originales. Sur les deux modèles supérieurs, le moteur est accouplé à une boîte de vitesse à cinq rapports de GAZ Sobol. Au centre du châssis on trouve une boîte à 4 rapports courts élaborée à partir d’éléments de GAZ-53 elle-même accouplée à une boîte de transfert de GAZ Sobol 4x4. C’est ainsi qu’on obtient un véhicule à transmission intégrale permanent avec une possibilité de blocage central. On dispose ainsi de 40 vitesses avant et 8 vitesses arrière, ce qui permet de compenser la faible plage d’utilisation du moteur et d’évoluer à des vitesses comprises entre 2,5 et 60km/h. La version définitive n’aura probablement que 12 à 15 rapports dans le but de simplifier son utilisation.
Le petit modèle reçoit une boîte à 4 vitesses entièrement originale dessinée par NAMI. Elle est placée au centre du châssis et reliée à une boîte de transfert. Ce qui est original est qu’il s’agit en règle générale d’une traction avant (!) et qu’en cas de nécessité on peut enclencher le pont arrière. Sur les trois versions les éléments mécaniques sont fixés au châssis par des supports hydrauliques ce qui fait que les vibrations des moteurs Diesel sont pratiquement imperceptibles.
Les parties roulantes ne sont pas moins curieuses. Puisque ces machines ont été conçues pour travailler dans les champs les voies sont réglables : on peut choisir sur chaque demi essieu entre 0,4m ; 0,6m ; 0,7m ; 0,75m ou 0,9m. Ainsi, sur le modèle le plus grand, le NAMI-2338 les voies étaient de 1800mm, les ponts étant suspendus à de solides ressorts. Sur le NAMI-1338 les voies étaient de 1500mm, et sur le plus petit, le NAMI-1337 et avec des ponts originaux les voies étaient de 1200mm. Ils disposent en plus d’un blocage mécanique, qui est seulement prévu sur les deux autres versions. Et ce n’est pas tout : si nécessaire on peut changer les voies sur chaque version, tout simplement en montant des roues de différents déports !
Les trois versions disposent bien entendu d’un puissant système hydraulique permettant d’installer différents équipements spécialisés comme une benne basculante ou d’entraîner une prise de force pour le matériel agricole.
Le plus curieux est que les créateurs de ces véhicules originaux ne savent pas eux-mêmes s’ils ont construit un tracteur ou une voiture. Et ce n’est pas seulement une question de terminologie mais aussi une question de classification et de certification pour cette nouveauté. Tracteur serait le plus simple car les réglementations pour les machines agricoles sont moins complexes que celles des automobiles. Des exigences spécifiques ont été prises en considération : le tuyau d’échappement situé en hauteur pour ne pas mettre le feu par mégarde aux herbes, la suspension peut être bloquée par un dispositif spécial pour assurer une profondeur constante de labour. Cependant la vitesse maximum est limitée à 50-60km/h pour les véhicules de cette catégorie alors que leurs moteurs pourraient leur permettre de rouler deux fois plus vite, mais l’homologuer comme une voiture ne serait pas aussi simple.
Bien entendu il ne s’agit que des premiers prototypes et il est sûr que des choses pourront encore changer et être modifiées. Pourtant ils répondent déjà parfaitement aux attentes du marché : il y a des acheteurs potentiels et pas seulement parmi les agriculteurs. Les services communaux ont manifesté un intérêt profond pour le MMTS et sont prêts à investir dès maintenant d’autant plus que l’on promet un prix attrayant. Le plus puissant, le NAMI-2338 coûtera environ 200,000 roubles, le modèle moyen le NAMI-1338 environ 170,000 roubles, et le plus petit le NAMI-1337 environ 140,000 roubles. On prévoit d’en fabriquer une vingtaine d’exemplaires cette année dans l’atelier expérimental de l’Institut NAMI pour effectuer différents essais.
Le deuxième modèle de MMTS a été conçu et fabriqué par l’équipe de Ilia Minkine. Les NAMI-2339 et NAMI-1339 à deux places (le second n’étant pas présent lors de notre rencontre) ont une charge utile de 600kg et 300kg et approximativement la même capacité de traction. Là aussi un effort important a été fait pour unifier ces véhicules à des modèles déjà existant sur le marché.
Ainsi, le moteur est un ... VAZ-21082 accouplé à la boîte de vitesse de la même Samara. La seule différence étant que cette dernière compte désormais 6 rapports. Le moteur est installé en position centrale et longitudinale. Pour réduire son encombrement en hauteur il est incliné de 54° sur la droite. La transmission s’effectue par le biais d’une boîte de transfert avec blocage de différentiel qui entraîne deux arbres de transmission reliés à des ponts avec réducteur de la version militaire du UAZ-3151. Cela permet de profiter au maximum du couple du moteur et par exemple de démarrer en troisième.
Les petites dimensions de ce véhicule n’ont pas permis d’installer de longs ressorts de suspension. Mais le couple important et ses répercussions dans les roues ont amené à une solution assez inhabituelle : on a adapté deux ressorts longitudinaux, d’origine UAZ, et un ressort en A passant au dessus du carter de pont (comme ce que l’on retrouve sur le Land Rover Defender). Les amortisseurs proviennent de la VAZ-2108.
La suspension, le moteur et la transmission sont intégrés dans l’espace formé par le châssis tubulaire. On a installé ensuite une cabine formée sur un arceau également tubulaire. Sous les sièges on trouve le moteur. A l’arrière la carrosserie peut être démontée pour permettre un accès partiel au compartiment moteur. On a prévu un arbre en sortie de boîte permettant d’entraîner divers équipements agricoles.
Bien entendu ces véhicules n’ont pas encore leur aspect définitif. Il est probable que leurs cabines évolueront encore un peu. Leurs montants sont excessivement larges et gênent un peu la vision. Il est possible qu’en plus de la version essence apparaissent aussi une version à gaz et un diesel. S’ils sont produits en petite série, leur prix devrait s’établir aux alentours de 260,000 roubles. Le temps montrera qu’elles sont les versions les plus viables.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/14044-traktoromobili/
Adaptation VG