Depuis longtemps les constructeurs automobiles russes ont été habitués à travailler selon le principe du « on peut tout vendre à un aveugle ». Et le pire est que ça marche. Encore aujourd’hui Avtovaz occupe la moitié du marché russe, alors qu’en matière de conception et de design, le modèle le plus moderne de Togliatti ne peut même pas inquiéter une Coréenne d’occasion. Le modèle le plus récent de la gamme Lada, la Kalina, a été conçu il y a plus de dix ans. En comparaison, un constructeur européen a besoin en moyenne de trois à quatre ans pour concevoir un nouveau modèle, et un an et demi pour un restylage.
Jusqu’à aujourd’hui, pas un seul modèle de la gamme Lada n’est équipé en série de l’ABS, de la climatisation, sans parler de ces « bêtes curieuses » que sont par exemple le système de contrôle de stabilité (ESP). Il y a peu sont apparus des modèles avec une boîte automatique, mais réalisés par des sociétés privées avec des techniques importées de l’étranger. On ne sait même pas si un jour ce type de boîte sera disponible en grande série.
Les légendes sur le fait que la production d’Avtovaz ne répond à aucune norme de sécurité passive, ne sont pas non plus sans fondement. Des crash-tests réalisés pour les homologations ou effectués par des organismes indépendants ont montré que si on a une chance d’en réchapper, c’est en restant handicapé. Et ce n’est pas seulement à cause de la faiblesse de construction des Kalina, des 110 ou des autres dinosaures produits par Avtovaz, mais aussi parce que ces voitures n’ont pas de coussins de sécurité. Cela fait pourtant longtemps qu’ils sont devenus obligatoires dans les voitures en Europe.
Il serait toutefois injuste de dire qu’Avtovaz n’a jamais essayé de livrer des voitures équipées de ces fameux airbags. Les tests sont finis depuis longtemps, des fournisseurs ont été désignés (Siemens, Bosch, etc ...) mais la situation n’a pas changé.
En fait des études marketing ont montré que la plupart des acheteurs s’intéressent aux versions de base proposées par Avtovaz et ne voudraient pas rajouter 150 dollars de plus à leur prix pour un airbag. Ceux pour qui cet équipement est vital, sont orientés vers des sociétés privées spécialisées dans l’amélioration des véhicules de la marque. Mais à Moscou c’est difficile de faire installer un coussin gonflable en seconde monte, même en y mettant le prix fort, et il faut renvoyer la voiture à Togliatti où il existe un petit nombre de spécialistes de ce genre d’installation.
D’où cette situation singulière. Ces airbags ne sont pas montés en série de crainte de faire baisser les commandes ... alors qu’en même temps les prix en sortie d’usine n’arrêtent pas d’augmenter. Malgré tout les commandes suivent.
Le prochain modèle d’Avtovaz, la Lada Priora, qui n’est qu’un restylage de la 110, ne pourra pas se vanter de la la solidité de sa structure. Car même si des efforts ont été faits de ce côté-là, sans airbags elle ne pourra pas espérer obtenir 3 étoiles aux tests EuroNCAP. Pourtant il est peu probable que le modèle de base passe sous la barre des 10 mille dollars.
Actuellement le mieux est donc de ne pas se tourner vers Togliatti mais vers l’Europe, où quelques importateurs de la marque russe font installer des airbags, la climatisation et d’autres équipements modernes. Quant à nous, il ne nous reste qu’à accepter ce qu’Avtovaz nous offre, ou s’orienter vers une voiture coréenne ou (on ne doute plus de rien) chinoise.
Lu sur : http://www.autonews.ru/autobusiness/news.shtml?2006/09/27/1219877
Adaptation VG