Les fonctionnaires de la capitale, semble-t-il ont délaissé de manière unanime le « luxe » de la Knjaz Vladimir pour de chères voitures étrangères : à ce qu’on dit ces Moskvitch sont maintenant meilleur marché. Nous allons en essayer une et voir si c’est une mauvaise voiture ou non. Nous allons la confronter à la voiture favorite des administrations : la Volga 3110. Leurs fiches techniques sont en effet très proches.
Comment se présentent-elles ? C’est une histoire de goût, mais d’apparence la Volga est plus expressive. La Knjaz Vladimir semble plus « utilitaire », mais son habitacle est vaste et confortable. A l’intérieur il n’y a que les placages en bois précieux sur la planche de bord qui sont synonyme de luxe. La Volga est conforme à la maxime de Henry Ford : « l’acheteur pourra choisir la couleur, à condition que ce soit le noir ». Pratiquement tout dans l’habitacle est de cette couleur. Ce n’est pas une question de deuil, mais de sérieux. C’est peut-être pratique, mais un peu oppressant.
Il n’est pas si facile de se mettre au volant de la Volga. Il faut de l’exercice. Le seuil de porte est plus haut, de même que l’assise des sièges. A l’arrière vous ne pourrez passer le pied qu’en longueur entre le siège avant et la montant de carrosserie : il ne vous sera donc pas possible de vous installer sans vous contorsionner. La Knjaz Vladimir est plus hospitalière : en particulier à l’arrière où les portières s’ouvrent beaucoup plus largement. Et puis vous serez assis comme dans votre salon : les sièges sont vastes et maintiennent bien.
Au volant des deux voitures nous n’avons pas constaté de gros défauts d’ergonomie. Bien sûr, dans la Volga, il ne vous sera pas possible de régler parfaitement votre siège sans vous aider d’une clé à cliquet et d’un tournevis. Mais une fois réglé, vous n’y toucherez plus jamais. Les réglages des dossiers se font par des petites manettes disposées près du rangement central, et ce n’est pas particulièrement pratique.
L’immense capot de la Volga, naturellement, augmente la zone non visible par le conducteur, mais il est facile d’appréhender le gabarit de la voiture, au moins par beau temps. Car les balais d’essuie-glace ne balaient pas une large zone « aveugle » à gauche du pare-brise. On pourrait se décaler à droite, mais le volant est traditionnellement décentré à gauche. L’habitacle est cependant très large et la distance entre les sièges est supérieure de 120mm à celle de la Knjaz Vladimir.
Mais il faut aussi prendre en compte que le levier de vitesse et son amplitude sont immenses et que la distance entre la seconde et la quatrième, est plus petite qu’entre la première et la quatrième. Et sur les voitures neuves, il arrive souvent que les vitesses sautent.
A l’avant de la Vladimir, l’espace n’est pas plus élevé que dans une Moskvitch habituelle. Les possibilités de réglages des sièges sont minimales, mais ils sont très confortables. On ne se sent pas serré, ni tordu. On pourra seulement avoir une certaine gène pour passer les vitesses si le genou gauche du passager est trop près de la console centrale ou si l’accoudoir central est rabattu. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a déjà remarqué que cet accoudoir, s’il n’est pas cassé, est replié entre les dossiers de sièges.
Les deux voitures reçoivent des vitres électriques à l’avant (la Knjaz Vladimir a aussi des rétroviseurs électriques). Mais il faut dire que nous les avons installés nous-mêmes sur la Volga de la rédaction alors qu’ils sont livrés en série sur la Moskvitch. Dans cette dernière la position des boutons sur les accoudoirs de portes ne nous a pas convaincu. En effet, vous risquez d’ouvrir les vitres en vous accrochant aux boutons en descendant de voiture. Et si votre système d’alarme ne les referme pas automatiquement, votre voiture risque d’être exposée au vol. Sur la Volga, nous les avons installé sur le tunnel central ce qui est à notre avis la meilleure place.
A l’arrière, les passagers de la Knjaz Vladimir auront plus de place. Non seulement, parce que la distance entre la banquette et les dossiers des sièges avant est plus élevée, mais aussi parce la vision vers l’avant est meilleure. Et bien que la hauteur au plafond est plus grande de 45mm dans la Volga, vous aurez l’impression d’être beaucoup plus serrés. Les vitres latérales sont petites, vous fixerez des yeux le dossier des sièges, le tunnel central est deux fois plus haut (130mm), et vous aurez la tête près du large montant de carrosserie arrière. Mais le confort reste élevé et vous trouverez l’accoudoir central beaucoup plus agréable que celui de la Moskvitch.
Dans la Knjaz Vladimir l’accoudoir est rabattable, mais vous pourrez aussi l’inclinaison du dossier de la banquette permettant ainsi d’augmenter le volume du coffre. Dans la Volga ce n’est pas possible. La capacité de chargement est la même dans les deux voitures mais les coffres sont agencés différemment. Il n’y a rien de superflu qui encombre celui de la Moskvitch. Le cric, la pompe et les outils ont même leur place. La forme est proche du parallélépipède. La roue de secours est logée sous le coffre dans un panier (dans les derniers modèles elle trouve sa place dans une logement accessible de l’intérieur). Dans la Volga la roue de secours trône sur bâti placé contre la cloison de séparation avec l’habitable. Au même endroit vous trouverez la pompe et la trousse à outil, mais le cric est logé à gauche contre l’aile. Vous pourrez fourrer quelque chose sous le bâti de la roue de secours, au risque de l’oublier pour toujours. Le reste du coffre est vaste, mais les longerons vous empêcheront de loger correctement des caisses ou des valises. Cela sera plus facile avec des sacs de voyages qui adopteront les formes irrégulières du plancher.
Comment se comportent-elles sur la route ? La Volga est chaussée de pneux « Kama-Nicolas » 195/65R15. La Knjaz Vladimir adopte des « Taganka-Partner » en 185/70R14 modèle M-242. En ville, en roulant aux allures normales les voitures se distinguent seulement au passage des raccords de bitumes et sur les bouches d’égout. La Knjaz Vladimir les absorbe mieux, alors que vous les ressentirez nettement dans le volant de la Volga. Les deux voitures sont faciles à garer. Elles ont toutes les deux la direction assistée, et le plus grand rayon de braquage de la Moskvitch est compensé par sa plus petite longueur.
Sur routes, les différences sont beaucoup plus flagrantes. On a l’impression que la Volga est plus confortable mais, sur les irrégularités de la chaussée, elle tangue beaucoup plus longtemps. La direction semble flotter et est moins directe. A 100km/h, les bruits aérodynamiques sont beaucoup plus sensibles.
Dans les mêmes conditions la Moskvitch se comporte beaucoup mieux. La voiture est facile a conduire et est stable. Elle demande moins de concentration. La sensibilité de la direction autour du point milieu (jusque 10°) offre un meilleur confort et est plus directe. Mais le feeling de la direction est médiocre : c’est la pression de votre dos sur le siège plus que le durcissement de la direction qui vous remontera les informations de conduite. Mais dans la Volga ces informations dans la direction sont totalement absentes.
A la fin de l’essai, on a mesuré les bruits extérieurs et intérieurs des deux voitures (….) La Knjaz Vladimir est moins bruyante. Mais on ne peut pas être catégorique car elle a déjà 79000km et la Volga de la rédaction, à 11600km, est très bruyante.
En ville, la consommation moyenne de la Knjaz Vladimir est de 9l/100km, contre 13l/100km pour sa rivale. Sur route et à vitesse stabilisée en cinquième (97,8km/h), elles consomment respectivement 7l et 9,5l aux 100km.
Au final les deux voitures sont assez spartiates. Elles n’ont ni climatisation, ni airbags, ni porte-gobelets ou autre « attributs de luxe ». Elles n’ont pas non plus la généalogie d’une Mercedes, le raffinement d’une BMW ou le charme d’une Peugeot. Cependant la Knjaz Vladimir nous a plus enchantée que la Volga. Elle est clairement plus moderne et meilleure dans toutes ses caractéristiques. Mais, et c’est dommage, elle est rare sur nos routes. Il faudrait mieux en faire une voiture moins exclusive et lui rappeler son origine prolétarienne et la bonne renommée de Moskvitch. Bien-sûr c’est une bonne voiture pour les administrations mais pourrait-elle servir de fidèle voiture pour la famille ?
Si la Knjaz Vladimir est restée dans l’ombre, la Volga ne démérite pas non plus. Alors, sont-elles chères ? La Moskvitch coûte 175,000 roubles. Vous pourrez retirez 35,000 roubles pour une version équipée d’un moteur russe, dont le prix sera plus proche de la Volga de série. Ce n’est pas pour des raisons techniques que la Moskvitch est tombée en disgrâce, mais pour des raisons financières … Hélas !
Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/4667-test_gaz-3110_knaz_vladimir_prestizh_po-russki/
Adaptation VG