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L’Australien Peter Brock et le désastre Lada.

La fin des années 80 a vu le lancement de deux nouvelles marques automobiles sur le marché australien. Les deux offraient de petites berlines économiques à un prix attractif. L’une de ces marques est devenue l’un des acteurs majeurs en du marché automobile en Australie et dans le monde entier, l’autre a montré pourquoi bon marché n’est pas toujours synonyme de bonne chose. Celle qui a connu le succès est la Hyundai Excel, celle qui a connu au pays des kangourous une mauvaise fortune est la Lada Samara.

Les deux marques ont été lancées aux antipodes en 1988. Toutes les deux promettaient de vendre des voitures bon marché mais de qualité, ce qui parlaient beaucoup aux gens à cette époque où les prix des voitures neuves étaient de plus en plus élevés. Lada a lancé son petit modèle, la Samara, en la présentant comme la voiture qui avait « pris l’Europe d’assaut », ce qui pour être tout à fait honnête n’était que pure imagination. Mais la Lada avait le soutien d’une personnalité australienne très connue, un exemple de réussite, un homme qui a rapidement personnifié Lada. Cet homme, c’était Peter Brock.

La participation de Brock dans ce projet peut sans doute expliquer pourquoi tant de gens ont eu envie d’acheter une Lada en Australie. Brock était une personne de confiance. Il était très respecté. Si Brock disait que la Samara était une bonne voiture, cela voulait dire que c’en était une ! Cependant les Australiens allaient rapidement comprendre que même « Peter Perfect » pouvait de temps en temps faire des erreurs de jugement et sa décision de soutenir la marque Lada s’est avérée être le plus gros bide dans son illustre carrière automobile.

Il y avait pourtant bien un signe que la Lada Samara était loin d’être une bonne voiture. C’est qu’au tout début de son processus d’importation en Australie, il fallait la démonter et la « reconstruire » pour la rendre acceptable selon les normes australiennes avant de pouvoir l’expédier dans les showrooms. Approximativement 2,000 dollars australiens par voiture devaient être dépensés pour l’amener au niveau requis et effectuer environ 60 modifications. Et ce avant même de prendre en compte les problèmes détectés par le contrôle qualité !

Pour les Australiens, il était une évidence que la Samara était une voiture mal finie. La différence de couleurs entre différents éléments étaient si horrible que le contrôleur qualité a dû en avoir honte toute la vie ! Le tableau de bord tombait en ruines sous les yeux du conducteur, les rétroviseurs se décrochaient, les plastiques de mauvaise qualité de la calandre ou des pare-chocs se déformaient, se fissuraient ou cassaient totalement...

A mesure que l’Australie était balayée par des histoires liées à ses Lada, Peter Brock a dû se battre pour sauver sa réputation. C’était la société The Brock Organization, connue autrefois comme HDT, qui modifiait les Lada pour les adapter aux conditions australiennes avant de les livrer dans tout le pays. HDT avait été pendant plusieurs années une entreprise prospère qui modifiait des Holden. HDT avait construit sa réputation sur le slogan « We Build Excitement » (approximativement « Nous construisons l’excitation ») et était en charge de la production des Commodore Brock, des voitures sportives désormais pièces de collection. Pourtant, il n’a pas fallu longtemps pour que Brock devienne un objet de moquerie après les problèmes rencontrés avec les Lada et l’une des blagues favorites disait que Brock allait changer son slogan en « We Build Excrement » (« Nous construisons de la m... ») ce qui ne devait sans doute pas amuser un Peter Brock au visage déjà rouge de honte ou d’énervement.

Quelques mois seulement après le début de la (més)aventure, Brock a revendu ses parts et a essayé d’oublier cette phase embarrassante de sa vie. Les Lada ont encore été commercialisée en Australie pour quelque temps, mais les tentatives de renommer la Samara en 1300 puis en Volante, n’a pas permis de reconquérir les clients. Il semble que les dommages étaient irréversibles. Rapidement, et dans la douleur, Lada a fini par disparaître du pays et on n’en a jamais plus entendu parler ! Il y a pourtant certainement une société qui a pu se réjouir de cette situation. La Hyundai Excel était vendue un peu plus de 11,000 dollars et a attiré de nombreux acheteurs à la recherche d’une voiture simple, souvent comme seconde voiture. Si elle était loin d’être une voiture exceptionnelle, elle a prouvé qu’elle était une voiture basique et fiable.

On peut donc se demander comment Peter Brock a pu être impliqué dans un tel désastre. Ce pilote est une légende dans le sport automobile australien. Ses succès sur la piste et son engagement pour la sécurité routière ou les actions caritatives ont forgé une réputation sans faille. Il fut pourtant un temps où les choses n’ont pas été si brillantes dans les affaires de Peter Brock.

Cela a commencé par son implication dans la commercialisation d’un produit connu sous le nom de « Energy Polarizer ». Brock affirmait que le « Polarizer obligerait toutes les molécules situées dans sa sphère d’influence à s’aligner ou à se polariser » rendant ainsi plus silencieuse la voiture dans lequel il est monté. Cela se traduirait aussi par une amélioration des performances moteur, de la direction assistée ou des réglages de suspension. Brock voulait que ce dispositif soit installé dans chaque Commodore qu’il modifiait. Mais Holden n’était pas aussi convaincu par ce nouveau produit. On dit même qu’on a refusé à Holden de l'examiner et de le tester, ce qui a conduit le constructeur australien à refuser de lui apporter son soutien. D'où la relation très tendue, et connue publiquement, entre Brock et Holden qui mènera à la séparation des deux parties.

Les fans de Brock ont la conviction que Holden avait voulu détruire la réputation de Brock mais ce n'est pas la vérité. C’est Brock lui-même qui a porté atteinte à sa réputation. Le « Polarizer » a fini par disparaître du marché tout simplement parce qu’il ne fonctionnait pas. Après son divorce d'avec Holden, Peter Brock avait donc du temps libre. C’est à ce moment-là qu'avec sa société HDT, rebaptisée The Brock Organization, il a commencé à rechercher un nouveau produit pour le marché australien. Malheureusement, il a trouvé Lada. Une autre catastrophe pour Brock puisque les Lada se sont avérées être rapidement tout sauf impressionnantes.

Nombreux sont ceux qui pensent que durant cette période, Peter Brock était au plus mal, que ce soit professionnellement ou mentalement. Certains allant même jusqu’à dire qu’il avait perdu la tête. Sur circuit, il avait flirté avec Ford, pilotant une Sierra en championnat de voitures de tourisme, puis avec BMW et même Volvo. Cependant, à la grande joie de ces fans, Holden et Brock se sont réconciliés dans les années 90 et ils ont de nouveau dominé le sport automobile.

Pour Peter Brock, le « Polarizer » et les Lada étaient des épisodes à oublier...

Lu sur : http://www.busaustralia.com/forum/viewtopic.php?t=19052&f=28
Pour être complet, vous pourrez aussi relire ce message :
http://autos.groups.yahoo.com/group/Sovietauto/message/6489 (lien temporaire)
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Lada, #Australie, #Brock