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A Moscou, les travaux de conception de la Moskvitch-2141 ont été menés avec un œil tourné vers l'Audi 100. Dans les années 1980, cette voiture était l'une des plus avancées de sa catégorie.

La Moskvitch-2141 à traction avant reprend les caractéristiques de l'Audi 100, à savoir le groupe motopropulseur en position longitudinale et une suspension avant de type McPherson. Mais la suspension arrière est différente : les ressorts et les amortisseurs ne sont pas réunis en un seul comme chez Audi.

Comme la voiture allemande, la Moskvitch devait être fabriquée dans une version à quatre roues motrices permanentes. L’usine moscovite, ayant une longue tradition sportive, avait qui il faut pour évaluer une voiture de sport avec quatre roues motrices. Les pilotes de l'usine ont donc testé les premiers prototypes de Moskvitch à transmission intégrale.

Mais la voiture n'avait pas été conçue uniquement pour la compétition. Le moteur de nouvelle génération, conçu à Moscou et prévu pour être installé sur la Moskvitch-2141, développait environ 100 ch. Et c'est la transmission intégrale qui permettait d'exploiter au mieux les possibilités de ce dernier.

La berline de base à transmission intégrale permanente a été baptisée Moskvitch-21416. Une berline tricorps similaire était également prévue : Moskvitch-21426. Lors de la création de ces variantes, on a longuement et soigneusement testé différentes variantes de transmissions.

Au début, on a même essayé une transmission dite « libre », sans différentiel entre les essieux. Mais, comme l'ont raconté les testeurs de l'usine, avec cette transmission, la voiture se comportait sur la route comme une bête sauvage. Même les pilotes les plus chevronnés avaient du mal à la maîtriser !

On a donc essayé une version avec un blocage du différentiel entre les essieux. Cette solution a également été jugée infructueuse. Les testeurs n'ont pas apprécié les retards fréquents dans l'activation et la désactivation du différentiel. Et ce n'était pas seulement gênant, c'était aussi dangereux. Selon les pilotes-essayeurs, pour « découpler » les pignons du différentiel, il était parfois nécessaire de tourner à fond le volant pour supprimer le couple d’entrainement. Dans le cadre d'une utilisation quotidienne, cette situation était inacceptable.

AZLK a donc entamé une coopération avec une société britannique bien connue, FFD, spécialisée dans les transmissions à quatre roues motrices. Deux Moskvitch à transmission intégrale ont été envoyées en Grande-Bretagne, accompagnées d'un ingénieur et d'un testeur de l’usine. Là, les voitures ont été équipées de différentiels à visco-coupleur. Au tournant des années 1990, cette solution était devenue très populaire pour les modèles à transmission intégrale.

Les deux Moskvitch-21416 équipées de visco-coupleurs sont rentrées à Moscou. Elles ont été confiées aux pilotes de l'usine. Ils ont participé à des rallyes avec ces voitures et ont partagé leur expérience avec les ingénieurs. Les voitures se sont d'ailleurs bien comportées lors de ces épreuves.

Mais finalement, les concepteurs d'AZLK se sont arrêtés sur des différentiels plus simples (inter-roues et inter-essieux) de type Quaife à glissement limité. Ce différentiel n'a pas été copié, mais modifié par les ingénieurs moscovites en fonction des capacités de production. Quelques voitures ont été confiées aux pilotes, qui les ont à nouveau utilisées avec succès lors du rallye. Toutefois, la transmission a été soigneusement et méticuleusement mise au point en pensant aux conducteurs ordinaires, qui allaient utiliser la Moskvitch-21416 dans la vie de tous les jours.

La version à transmission intégrale a été conçue de manière à être la plus unifiée possible avec le modèle à traction avant. C'est ce qui a permis d'espérer une production en série. La boîte de vitesses de série a été améliorée, grâce au montage du différentiel et au remplacement du couvercle arrière par une sortie de l’arbre de transmission vers l'essieu arrière. Le pont arrière a été conçu sur la base de celui de la Moskvitch-2140. Les demi-arbres de transmission arrière ont été unifiées au maximum avec ceux de l’avant.

La particularité de cette transmission était que, lorsqu'on roulait en marche arrière, les roues arrière n’étaient pas entrainées. Il fallait bien sûr s'en souvenir lorsqu'on essayait de sortir, par exemple, d'une congère !

Les freins (disques à l'avant, tambours à l'arrière) étaient les mêmes que sur le Moskvitch-2141 standard. Mais, si on le souhaitait, la voiture à traction intégrale tout comme la voiture à traction avant, pouvait être équipée de freins à disque à l'arrière. Des prototypes et des voitures de course ont existé avec ce type de freins.

La Moskvitch-21416 à traction intégrale était équipée d'une suspension arrière indépendante à bras obliques et à jambes de force avec amortisseurs, fabriquée sur la base des pièces de série.

Le réservoir à essence était placé derrière la roue arrière droite. Cette solution, qui n'était pas des plus heureuse, était considérée comme temporaire. Il était prévu d'avoir un réservoir de forme complexe, entourant l'arbre de transmission arrière. Mais la production d'un élément de ce type n'était pas facile à mettre en place.

La documentation technique de la Moskvitch-21416 avait déjà été transférée à l’usine pour la préparation de la production. La production des boîtes de vitesses et du pont arrière avait été convenue avec l'usine de construction de machines de Omsk, qui a fabriqué pendant de nombreuses années des boîtes de vitesses pour AZLK et l'usine d'Ijevsk.

Une centaine de pièces ont été fabriquées à Omsk et envoyées à Moscou. Mais à la fin des années 1990, l'usine traversait déjà une crise profonde, aggravée par la politique de production de la direction, qui se concentrait sur des voitures rallongées pseudo-luxueuses portant des noms fantaisistes : Kniaz Vladimir, Iouri Dolgorouki et même Kalita. Elle a essayé d'attirer l'attention des fonctionnaires avec ces produits, mais ceux-ci avaient déjà goûté aux voitures étrangères et ne s'intéressaient pas à Moskvitch !

Plusieurs voitures allongées pompeuses portant l'indice Moskvitch-2144 ont été équipées de transmissions à quatre roues motrices. Plusieurs voitures ont été envoyées à la Mairie de Moscou. Une voiture aurait même été offerte à Vladimir Jirinovski...

L'usine avait de nombreux projets concernant la transmission intégrale. Outre la berline Moskvitch-21416 et la berline Moskvitch-21426, la transmission intégrale devait équiper le monospace prometteur Moskvitch-2139 Arbat. On voulait l'assembler dans la région de Kalouga, dans une usine qui appartenait alors à Moskvitch.

L'usine a également fabriqué une version simplifiée de la transmission intégrale pour le pick-up Moskvitch-23356, ainsi qu'un véhicule avec un demi-châssis, conçu pour l'installation de carrosseries spéciales. Ces véhicules étaient dotés d'une suspension arrière rigide à ressorts à lames.

Cette variante intéressait l'usine d'Omsk qui, depuis 1999, assemblait des pick-up standard Moskvitch-2335 à partir de kits envoyés depuis Moscou. L'usine a fabriqué plusieurs pick-up à transmission intégrale et même une fourgonnette, dont la conception rappelait celle de la IZH-27156. Il s'agissait d'une camionnette avec des banquettes rabattables dans la cellule de chargement.

La dernière tentative de rappeler la présence d'une transmission intégrale dans la production moscovite fut un pick-up type 2344 couleur camouflage doté d'une mitrailleuse. Mais il est clair que l'armée ne s’est jamais montrée intéressée par cette amusante pièce...

Dans ces années-là, plus aucune variante de Moskvitch-2141 ne pouvait sauver l'usine qui sombrait rapidement. Y compris celles avec une transmission intégrale. Pourtant, cela aurait pu être une voiture intéressante !

Légende des photos :

• Moskvitch-21416 à transmission intégrale.
• Les pilotes de l'usine ont essayé la transmission intégrale en rallye.
• Architecture de la Moskvitch-2144.
• Moskvitch-2144 Kalita rallongée avec la transmission intégrale.
• Moskvitch-23356 à demi-châssis.
• Fourgonnette à transmission intégrale fabriquée à Omsk sur la base de la Moskvitch-2335.
• Pick-up « militaire » Moskvitch-2344.

Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/948560-unikalnye-Moskvitchi-4kh4-kak/
Adaptation VG