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L'une des premières voitures de conception polonaise a été la Pionier, développée au printemps 1953. L'histoire de ce modèle s'est limitée à ses prototypes. À l'occasion de son 70e anniversaire, il convient donc de s’en souvenir.

Le créateur de la Pionier était Mieczyslaw Lukawski. Cette petite cylindrée devait être bon marché et technologiquement simple, afin que l'industrie polonaise émergeant des ruines de la guerre puisse faire face à sa production.

La voiture était construite sur un châssis séparé pour limiter les coûts. Cela permettait de construire différentes carrosseries. Un break était prévu (il pouvait servir de base pour une ambulance, par exemple, et également pour d'autres véhicules « techniques »), ainsi qu'une camionnette. Un cabriolet n'était pas non plus exclu, les cabriolets étant à l'époque technologiquement moins compliqués à produire que les voitures à carrosserie fermée. Mieczyslaw Lukawski prévoyait également le développement d'un autre utilitaire avec un empattement allongé, et même la construction d'une voiture de sport.

Les travaux ont été réalisés sous la supervision du département technique du Ministère des transports routiers et aériens.

« Les prototypes de la voiture de tourisme Pionier sont la preuve qu'avant même la création de la « Reine des routes polonaises », c'est-à-dire le FSO Syrena, la production d’une voiture dite populaire avait été prévue en Pologne. La Pionier était le deuxième prototype d’une voiture de ce type, après la Gad 500, construite après la Seconde Guerre mondiale par des ingénieurs polonais. Dans l'une des versions utilitaires, que nous connaissons le mieux grâce aux photographies et aux croquis conservés, le véhicule ressemblait quelque peu à un grand break américain, bien qu'il soit en réalité plus petit que les voitures américaines. Le concepteur de la voiture, Mieczyslaw Lukawski, avait imaginé une banquette arrière rabattable, une nouveauté absolue pour la République populaire de Pologne de l'époque. La surface de chargement ainsi obtenue était de 2 m2. La carrosserie de la Pionier était modulaire, servant de base à toute une famille de véhicules à large usage. En retirant le toit et en installant des parois appropriées, il était possible d'obtenir jusqu'à cinq variantes de voitures » a ainsi raconté l'historien Bartosz Zakrzewski.

Il ajoutait : « Le moteur de la Pionier a été développé par l'ingénieur Stefan Gajecki, créateur notamment de moteurs pour bateaux à moteur. Il s'agissait d'un bicylindre à deux temps d'une cylindrée de 500 cm3 et d'une puissance allant jusqu'à 23 ch à 4,500 tr/min. Ce moteur a également été utilisé en 1953 dans le prototype de la Gad 500. En réalité, le moteur de la Gad 500 n'a atteint qu'une puissance maximale d'environ 19 ch ».

Des prototypes de Pionier ont été testés par des spécialistes de l'Institut des transports automobiles. Aujourd'hui, le rapport de ces essais constitue la base des connaissances sur ce prototype oublié de la construction polonaise.

Les essais ont eu lieu entre le 8 mars et le 1er septembre 1954. Trois versions de prototypes ont été testés : fourgonnette, cabriolet et roadster. L'objectif des essais était d'évaluer les propriétés techniques et opérationnelles. Le département des opérations de l'Institut des transports automobiles a testé en premier à tester le prototype de l’utilitaire à 3 portes.

« Le prototype était équipé de la traction avant. En charge, la version utilitaire de la Pionier pesait 1,165 kg et, à vide, 865 kg (la charge utile était donc de 300 kg - ndlr). Après une série de trajets, un bilan a été dressé. Les avantages du véhicule sont les suivants : la Pionier permet d'accueillir confortablement quatre personnes et leurs bagages. Le chargement et le déchargement des bagages sont facilités par l'ouverture de la trappe à l'arrière de la voiture. (... ) Les inconvénients de ce prototype sont les suivants : sur la route, la vitesse constante la plus efficace était d'environ 45 km/h, une vitesse trop basse pour ce type de véhicule, puisqu'elle donnait une valeur moyenne d'environ 35 km/h ; lors des essais sur des routes à mauvais revêtement, en raison de la suspension insuffisante et très dure de l'arrière, la vitesse était limitée à seulement 25 km/h ; la consommation de carburant était de 12,9 litres aux 100 km, une valeur très élevée par rapport à la capacité du moteur de 500 cm3 ; l'usure très rapide des pneus des roues avant causée par un fréquent dérèglement de la suspension. La voiture n'était pas fiable dans son fonctionnement quotidien, elle présentait des défauts constants qui nécessitaient beaucoup d'entretien et de réparation ; le degré de difficulté de l'entretien et des réparations courantes était assez élevé en raison de la sélection aléatoire des pièces à partir desquelles la Pionier a été construite » sont quelques-unes des conclusions du rapport d'essai, publié en 1954.

Le deuxième prototype Pionier livré à l'Institut des transports automobiles était un cabriolet. Il pesait 758 kg, avec une charge utile de 300 kg, soit un PTAC de 1,058 kg. Malheureusement, ce cabriolet était en mauvais état, ce qui n'a pas permis d'effectuer tous les tests correctement.

Le troisième prototype était la version roadster. Comme dans les cas précédents, les pannes de moteur et de châssis ont été fréquentes lors des essais.

Indépendamment de la carrosserie, la Pionier était équipée d'un moteur de la Gad 500. Il s'agissait d'un bicylindre à deux temps, en ligne et refroidi par liquide. La documentation des prototypes de la Pionier, fournis pour les tests, indiquait une cylindrée de 500 cm3 et une puissance de 23 ch. Cependant, lors des essais, il s'est avéré qu'aucun des moteurs n'atteignait la puissance déclarée. L'un d'entre eux faisait 18,8 ch, les deux autres n'ont pas réussi à dépasser 14 ch.

Cette puissance était bien trop faible par rapport au poids des véhicules. Par conséquent, la vitesse maximale, qui était d'ailleurs très difficile à atteindre, n'était que de 61-66 km/h. Pour couronner le tout, la voiture mettait plus de 30 secondes pour atteindre 50 km/h, des valeurs bien éloignées des standards de l’époque.

Les avis des spécialistes de l'Institut des transports automobiles a fixé le sort de la Pioneer (également critiquée pour son ergonomie déplorable, le volant était trop grand et mal placé, le siège était trop peu réglable, le levier de vitesse était placé de telle sorte qu'il était difficile de changer de rapport). La voiture n'a jamais été produite et aucune tentative de modernisation n'a été faite.

Quelques mois plus tard, les premiers prototypes de la Syrena, voiture considérée comme le premier véhicule de série de conception polonaise, ont commencé à être testés sur route.

Lu sur : https://motoryzacja.interia.pl/motofani/oldtimery/news-70-lat-temu-zbudowano-pioniera-wyprzedzil-syrene-ale-byl-tak,nId,6822786
Adaptation VG