Za Roulem a enquêté pour savoir quels modèles « russes » seront assemblés à l’avenir dans les usines fermées en raison des sanctions. Le magazine s’est intéressé à l’ex-usine Nissan de Saint-Pétersbourg, l’ex-usine Volkswagen de Kalouga et l’ex-usine Renault de Moscou.
AvtoVAZ a racheté l’usine Nissan de Saint-Pétersbourg à l’Institut NAMI pour la somme symbolique d’un euro. Pour l’Etat russe, il s’agit d'un transfert d’actions d’une poche à l’autre. Mais d’un point de vue formel, le transfert de tous les actifs de Nissan à AvtoVAZ donne l’occasion à ce dernier de commencer les travaux sur ce site.
Dans la mesure où le projet a été élaborée dès l’automne, AvtoVAZ n’a pas attendu la fin des formalités administratives pour négocier avec des partenaires potentiels en Chine et conclure différents accords : cette année, environ 10 mille voitures seront assemblées. Maxime Sokolov, le PDG d’AvtoVAZ l’a confirmé à Za Roulem. Initialement on parlait de la fin de l’année mais à en juger la vitesse à laquelle les choses se font, on peut supposer que les premières voitures seront assemblées dès cet été.
Il ne faut pas se leurrer : ce ne seront pas des voitures russes, mais des voitures chinoises avec un logo russe. Elles seront assemblées selon la méthode DKD, comme chez Moskvitch. En revanche, dès 2024, AvtoVAZ passera progressivement à une localisation plus poussée. En utilisant des composants de fournisseurs régionaux qui ont travaillé ces dernières années pour Nissan, Hyundai et d’autres usines russes. Si AvtoVAZ atteint des volumes de production décents pour chaque modèle - au moins 20 à 30 mille unités par an - il sera logique de passer à une production en cycle complet avec soudage et peinture de la caisse. Cela devrait se faire dès 2025.
Cette année, AvtoVAZ devrait commencer à assembler trois modèles. Des berlines et des crossovers du segment C et D. C’est plus grand que les Lada actuelles. Et plus cher. Il s’agira de voitures aussi grandes que les Hyundai Elantra ou les Nissan Qashqai et X-Trail. Il n’y a jamais eu de voiture de ce type dans la gamme Lada. Cela permettra d’éviter de cannibaliser et concurrencer les Lada actuelles - principalement les Vesta et Largus. Mais aussi de tenir tête aux autres acteurs de ces segments et proposer aux acheteurs des grandes voitures avec le logo Lada. Avec une garantie d’usine et des consommables et des pièces de rechange relativement abordables...
Le groupe d’investissement AFK « Systema » s’intéresse sérieusement à l’usine Volkswagen de Kalouga. On dit que l’investisseur potentiel veut préserver la production automobile sur ce site, mais aussi continuer à y produire des Volkswagen !
Contrairement à BMW et Mercedes, la direction de VW a adopté une position plus souple à l'égard de la Russie depuis le 24 février 2022. Et c'est compréhensible. Son investissement total dans le pays dépasse 1,5 milliard d'euros - il serait dommage de perdre une telle somme. Mais Volkswagen respectera la loi allemande. Aucun de ces patrons n'acceptera de jouer en coulisses pour contourner les sanctions. Premièrement, tout le monde en a assez du Dieselgate. Deuxièmement, le contournement des sanctions est désormais une infraction pénale en Europe !
Malgré tout, on pourrait importer des composants via la Turquie, via les Émirats... Mais Za Roulem ne croit pas en ce scénario et à la production de Volkswagen à Kaluga. Au minimum, il faudra changer le nom et les emblèmes. Au maximum, on produira quelque chose de similaire en taille mais complètement différent.
Par exemple, la marque Jetta a été introduite en Chine en 2019. Essentiellement, il s’agit des modèles européens, mais avec un look légèrement différent. La Skoda Karoq est une Jetta VS7, et la Skoda Rapid a été transformée en Jetta VA3. Un peu moins de chrome, des garnitures un peu plus simples et un prix plus bas. C'est ce dont la Russie a besoin. N'est-ce pas une option ?
De son côté, Moskvitch a un vrai programme de localisation. Dmitri Pronine, le directeur de l'usine de Moskvitch, l'a confirmé à Za Roulem. Les détails ne sont pas encore divulgués, mais on peut supposer que d'ici la fin de l'année, l'usine pourra maîtriser la soudure et la peinture de la carrosserie. Dans un premier temps, elle commencera par utiliser des panneaux de carrosserie importés.
En parallèle, on commandera les matrices des presses d’emboutissage - leur production prendra au moins un an. Dans le même temps, tous les panneaux de carrosserie seront emboutis à l'usine AAT du quartier moscovite de Biriouliovo. Auparavant, AAT fabriquait tous les panneaux de carrosserie des Duster, Kaptur et Arkana. Et maintenant, ils travaillent aussi pour l'usine russe Haval. Il y a aussi un programme pour les plastiques, les pièces de l’intérieur, les pneus, les fluides, etc…
Avtotor a réussi plus que tout autre à réorganiser sa production dans le segment des voitures particulières. L'usine dispose d'une large gamme de modèles, qui sera activement développée dès cette année. Par exemple, la berline Kaiyi E5 à voir dans la vidéo qui accompagne l’article de Za Roulem.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/940520-kuda-idet-avtoprom/
Adaptation VG