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Le tourisme automobile était encouragé de toutes les manières possibles en URSS, mais le pays ne produisait quasiment pas de caravanes. Bien entendu, la remorque Skif ne correspondait pas à la définition d'une caravane européenne ou américaine traditionnelle, mais elle représentait le meilleur de ce que l'industrie soviétique pouvait proposer aux amateurs de camping. La Skif était un rêve à l'époque, et certains en rêvent encore !

Au festival de voitures anciennes « Michkinski Samokhod », nous avons rencontré Mikhaïl Ignatov, 46 ans, résident de Vladimir, professeur d’université, et propriétaire depuis 2020 de cette remorque-pliante. Cette Skif M2 fabriquée en 1991, dernière évolution de ce type de remorque pouvant accueillir six personnes, était tractée par la ZAZ-968 rouge qui, depuis toujours appartient à sa famille et se transmet de père en fils.

Il raconte : « J’ai surveillé les sites d’annonces pendant assez longtemps avant de trouver en 2020 cette Skif complète pour 25 mille roubles. Depuis, les prix ont beaucoup augmenté. Sans véranda, une remorque peut être trouvée pour 40 mille roubles ou plus et, complète et en bon état, on en demande de 50 à 80 mille roubles. Bien que les Skif les plus jeunes aient environ 30 ans, leur popularité ne fait que croître. Et je ne dirai même pas que cette popularité est en quelque sorte influencée par la présence d’une remorque de ce type dans le parking personnel du Président (qui, soit dit en passant, possède une des premières versions M1). Simplement, elle devient de plus en plus rare avec les années, alors qu’il n’existe aucune alternative adéquate et abordable - si on parle de son utilisation pratique. Et si certains propriétaires les possèdent à des fins strictement de collection, au final, ils ne sont pas si nombreux. Il existe sur les réseaux sociaux un groupe de plus de 500 personnes, et beaucoup font rouler leur Skif régulièrement. Surtout des pêcheurs qui prolongent le timon et attachent un canot pneumatique sur leur remorque qui dispose d’une tente simplifiée, sans véranda. Ils disent que c’est très pratique. Personnellement, j’utilise cette remorque pour de rares voyages en famille pendant les vacances ou pour des manifestations automobiles ».

La Skif a une suspension indépendante : avec des bras à double-pivot et ressorts-amortisseurs provenant d’une moto Dnepr. Néanmoins, les avantages de cette solution sont discutables car la stabilité de la remorque lorsque l’on suit un camion est plus élevée avec un essieu rigide. Les roues de la Skif sont un fiasco technique étonnamment étrange sur fond de construction intelligente et avancée dans son ensemble. La raison n’est pas claire, mais les ingénieurs-concepteurs ont équipé cette remorque, faite pour les longues distances, de petites et peu répandues jantes de 10 pouces avec des pneus K-82 (avec chambre à air) de scooter Muraveï. C’est une décision franchement stupide, capable avec un peu de malchance causer de sérieux problèmes au milieu de nulle part. Les silentblocs des bras de suspension sont désormais introuvables mais on peut adapter des pièces de Toyota.

Voici les caractéristiques de la Skif et son montage en photos :

  • Les cales, embouties dans un profilé en aluminium, sont un équipement livré en standard avec la remorque !
  • Les barres supérieures peuvent servir pour arrimer un chargement pendant les déplacements et c'est sur celles-ci que l'on attache les béquilles pour permettre le dépliage de la remorque.
  • Les béquilles sont réglables en hauteur (et sans outil) car le terrain sur laquelle on déplie la remorque peut être irrégulier.
  • Une fois en place et mise à niveau, on peut ouvrir le couvercle de la remorque. Certaines personnes pensent que c’est de la fibre de verre, mais c’est du métal. Et il pèse assez lourd. On peut l’ouvrir tout seul, mais c’est beaucoup plus confortable à deux.
  • Voilà à quoi ressemble le « squelette » de la tente. Il se trouve à l’intérieur de la remorque, est plié en « U » et il se déplie un peu comme un « parapluie ». Toutefois, il est important de noter que cette photo ne sert qu’à comprendre la construction car on ne redresse jamais le cadre nu dans le processus normal d’assemblage. On le soulève déjà recouvert de la tente, puis on ouvre le « parapluie ».
  • Voici le cadre soulevé et fixé tout autour de la remorque, mais le « parapluie » n’est pas encore ouvert…
  • … et le voilà ouvert !
  • Le « parapluie » est attaché par des œillets. Une partie sur des pitons qui dépassent de la carrosserie et l’autre partie tendue avec des cordes. La toile est en coton imprégnée d’un agent de protection contre l’humidité et son principal problème est le risque de moisir avec l’humidité, si la tente est rangée dans la remorque après la pluie sans être séchée longuement. C’est en fait la raison de l’état lamentable de la tente de 2/3 des Skif que l’on peut trouver sur le marché. Cependant, aujourd'hui, des artisans privés sont passés maîtres dans la fabrication de nouvelles tentes pour les remorques-pliantes Skif, à partir de toile de tente synthétique moderne. Une rénovation de ce type coûte environ 20 mille roubles. Sur la Skif de l’article, la tente est d'origine et parfaitement conservée !
  • Une fois la coupole érigée et tendue, il est en principe déjà possible de vivre à l’intérieur de la Skif. Mais si le campement doit s’installer pour une longue période, le processus de construction peut se poursuivre…
  • L’étape suivante consiste au montage de la véranda. Elle est d’abord tout simplement jetée sur la tente et fixée le long de son bord avant, depuis le sommet du toit et en descendant des deux côtés.
  • Le haut de la bâche est fixé au toit de la tente afin qu'il ne gêne pas dans le montage de l'armature de la véranda ...
  • ...et ensuite une « jupe » en tissu est tendue pour empêcher le vent de souffler ou les chiens de courir sous la remorque. La petite marche fait d’ailleurs partie de l’équipement standard de la Skif !
  • L’armature de la véranda est constituée de tubes en aluminium avec des fixations rapides, semblables à celles utilisées pour l’armature de la tente.
  • L’armature de la véranda est beaucoup plus compliquée à mettre en place que celle de la tente…
  • Pour éviter toute confusion entre les tubes, les propriétaires marquent généralement les extrémités correspondantes avec du ruban adhésif de couleur.
  • Les chevrons de la véranda sont placés sur des crochets spéciaux qui sont insérés dans les tubes de l’armature de la tente principale en passant par les trous appropriés. Ces crochets sont difficiles à mettre en place - il faut taper avec un maillet en caoutchouc.
  • L’armature de la véranda est montée.
  • Ensuite la bâche qui était posée sur le toit de la tente est tirée sur cette armature.
  • Le dépliage de la remorque de camping est terminé. Mikhaïl, aidé de sa femme, de sa fille et de son fils, a mis environ quarante minutes, en tenant compte que cela a été fait étape par étape pour notre séance photos. Et en tenant compte du fait que Mikhaïl maîtrise le processus, l’installation prend généralement une demi-heure quand il est tout seul et à quatre (si chacun à des compétences en montage), on peut le faire en dix minutes.
  • Ah oui, encore un petit détail : à l’arrière de la tente, il y a un aussi un petit auvent tendu sur des cordes et des piquets pour abriter de la pluie divers objets qui ne nécessitent pas de soins particuliers à l’intérieur de la véranda ou, qui plus est, sous la tente.
  • Dans la journée, l’auvent de la véranda se soulève pour former une véritable pergola. Et on peut le redescendre la nuit pour se protéger contre l’humidité et les moustiques.

Avec la Skif, l'esprit du tourisme automobile soviétique peut encore être ressenti en 2022. Surtout si vous l’attelez à une Zaporojets dans l’une des villes de province de Russie, où peu de choses ont changé depuis l'ère soviétique...

Lu sur : https://www.kolesa.ru/test-drive/kak-u-prezidenta-opyt-vladeniya-turisticheskim-pritsepom-palatkoy-skif
Adaptation VG

Tag(s) : #Skif, #Camping, #URSS, #Essai, #Photos