Au début des années 1970, les prix de la Moskvitch étaient bien inférieurs à ceux de la toute nouvelle Jigouli mais cela ne remettait pas en cause ses qualités intrinsèques. La Mosvitch restait une voiture appréciée et on l'achetait, pas seulement en URSS. A l’étranger, il y avait une certaine demande pour les modèles de la marque, y compris au Royaume Uni.
La Moskvitch avait parmis ses qualités son moteur (jusqu’à aujourd’hui, de nombreuses personnes pensent qu’il s’agit d’une copie d’un moteur BMW), un intérieur spacieux, un équipement riche comparé à ce qui se faisait dans sa catégorie et bien sûr un prix abordable. L’URSS qui avait besoin de devises convertibles, vendait d'ailleurs la Moskvitch aux importateurs occidentaux à peine au-dessus de son coût de revient !
Tout le monde savait donc que le principal avantage de la Moskvitch par rapport à ses homologues occidentaux était ce prix ! Et aussi curieux que cela puisse paraître, c'est ce qui a aussi joué un rôle-clé dans la carrière sportive de la voiture au Royaume-Uni. Et cette-fois, contrairement aux fameux marathons London-Sidney et London-Mexico, les pilotes soviétiques n’avaient rien à voir avec cela.
Au début des années 1970, le pilote britannique Tony Lanfranchi avait, plus que quiconque, étudié le règlement du Groupe One Production Saloon Car Championship 1972 et découvert que les voitures étaient divisées en classes non pas en fonction de la cylindrée du moteur, comme c’est généralement la règle, mais en fonction de leur prix de vente sur le marché. La Moskvitch-412 était vendue au Royaume Uni £717,38 soit moins cher que la Mini 1000, et était équipée d’un moteur 1,5 litre développant la puissance respectable de 75 chevaux. Les concurrentes de sa catégorie se contentaient d’un moteur d’un litre et ne pouvaient donc pas tenir tête à la Moskvitch ! CQFD.
Avec le soutien de l’importateur Satra Motors, Tony Lanfranchi participe donc au volant d'une Moskvitch au championnat 1972 et remporte toutes les courses, sauf une ! Mais le plus extraordinaire, c’est que les points gagnés étaient comptabilisés dans le classement général du championnat britannique et Tony Lanfranchi et sa Moskvitch-412 ont tout simplement remporté le titre toutes catégories confondues, laissant derrière lui les meilleures voitures européennes. Il refera un coup similaire l’année suivante, en 1973, remportant même toutes ses courses.
Satra Motors était heureux d’utiliser les victoires de la Moskvitch à des fins publicitaires. Au début des années 1970, les constructeurs automobiles britanniques traversaient une crise profonde et produisaient de la véritable camelote sur le segment des voitures abordables. Les voitures soviétiques n’étaient donc pas une mauvaise alternative ! La presse n’était d’ailleurs pas du tout flatteuse à l’égard de la Moskvitch : si elle présentait un bon rapport qualité-prix, on se plaignait de son style vieillot ou de sa tenue de route et ses freins dépassés. Mais les clients ont eu le dernier mot : de 1969 à 1973, environ 14,500 Moskvitch-412 ont été vendues en Angleterre !
Bien sûr, les victoires de Tony Lanfranchi sont restées en travers la gorge de beaucoup de gens. Tout le monde avait conscience que le triomphe de la Moskvitch n’était pas une question de vitesse pure mais de l’opportunisme dans l’interprétation du règlement en vigueur. Il était temps de mettre fin à la fête en le revoyant car voir la voiture russe remporter des courses et des titres aussi facilement avait quelque chose de surréaliste ! Et cela fût fait dès 1974.
Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/zametkiauto/a-my-liubili-a-my-mogli-moskvich-412-chempion-anglii-po-avtogonkam-61ecfdb18009d9672744065f?&
Adaptation VG