En URSS, beaucoup de choses étaient déficitaires. Les voitures et les pièces détachées ne faisaient pas exception. A une époque, le lieu de rencontre des passionnés de voitures était le magasin « Avtomobili » (Voitures) sur la Bakuninskaïa Ulitsa à Moscou. Plus tard un marché de voitures est apparu de manière spontanée (mais de manière très réglementé) près d’un autre magasin de voitures situé dans le quartier de Iouzhni Port.
Seuls les chanceux pouvaient entrer dans le magasin, après avoir reçu après une longue attente la fameuse carte reçue par la poste leur permettant de s’acheter une Jigouli ou une Zaporojets neuve. Il y avait aussi la possibilité d’acheter des voitures de seconde main exposées dans un espace ouvert. On trouvait là quelques vrais « tas de ferraille » mais tout se vendait rapidement car la pénurie de voitures était terrible. On pouvait aussi parfois trouver des voitures étrangères de luxe que les citoyens soviétiques, à de rares exceptions près, avaient à juste titre peur d’acheter.
« Quel Soviétique 'ordinaire' aurait bien pu acheter la Buick de six mètres, ayant transporté autrefois l’ambassadeur d’Australie à Mosou au prix de 20 (barré), 19 (barré), 17 (barré)… enfin 15 mille roubles ! De toute évidence, le prix de la Buick en question avait baissé à plusieurs reprises et personne ne s'y intéressait. A côté se tenait une Trabant…. affichée à mille roubles et une Peugeot 404 rouillée et incomplète était vendue 1,500 roubles. Il y avait aussi une Lada avec un intérieur incendié à 800 roubles et une Zaporojets accidentée à 500 roubles. Je me souviens surtout d’une vieille Mercedes W180 à carrosserie ponton. Pour cette voiture fatiguée, datant de la même époque qu’une Pobeda, on demandait plus de 5,000 roubles soviétiques ! »
A l’extérieur, sur le marché improvisé on ne manquait pas de choix… On vendait des Lada, des Zaporojets, des Volga et parfois quelques voitures étrangères exotiques. Les prix n’étaient pas affichés. Si la voiture vous intéressait le vendeur donnait son prix oralement. Une fois le prix accepté, il fallait refaire enregistrer la voiture. Pour cela, vous deviez vous rendre juste à côté dans le magasin de voitures au service approprié et remplir un certificat. Mais là, les particularités étaient nombreuses. Premièrement, il fallait faire la queue et la voiture convoitée devait être en tête de la liste. Deuxièmement, le prix était déterminé par le vendeur du magasin… et celui-ci ne convenait donc jamais ni au vendeur ni à l’acheteur !
Il y avait donc une solution de contournement : « vendre la voiture par procuration » c’est-à-dire vendre l’usage de la voiture. Juridiquement cela n’avait pas la même valeur, le vendeur restait propriétaire légal de la voiture. Cela n'avait guère d'importance puisqu'à cette époque il n’y avait ni radar ou ni caméra au bord des routes et les amendes étaient payées par celui qui conduisait la voiture...
Iouzhni Port était un endroit assez dangereux. On n’y risquait pas sa peau mais il y avait beaucoup d’arnaqueurs là-bas. Les vendeurs découvraient en déposant l’argent à la banque que les liasses de billets contenaient de fausses coupures... Les acheteurs se rendaient compte qu’ils avaient une très belle voiture avait un moteur ou une boîte de vitesses complètement rincés ! Si c’était une Moskvitch ou une Volga, une relation dans un parc de taxis permettait de faire des miracles, mais si c’était une Cadillac, voiture exotique en URSS ou même une Opel Record c'était une autre paire de manches ! A l’époque soviétique, on trouvait aussi beaucoup de voitures étrangères « maquillées » mais c’est une autre histoire...
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Adaptation VG