
Si vous demandez à un passionné de voitures quelle est la Dacia la plus collectionnable, il vous répondra sans doute « Dacia Liberta ! ». Il s’agit de cette berline à carrosserie hatchback produite à assez peu d’exemplaires et dont on ne voit plus aucun spécimen dans les rues. Mais quelle est l’histoire de la première Dacia avec un hayon ?
En 1985, immédiatement après avoir terminé la conception des nouveaux modèles à carrosserie pick-up et coupé (la fameuse Dacia Sport), les ingénieurs de Dacia ont commencé à travailler sur un nouveau projet. Ils décidèrent de développer une carrosserie à deux volumes que l’on désigne aussi sous le nom anglais de hatchback. Le projet a été mené jusqu’au bout et c'est en 1987 qu'a été présenté un prototype de Dacia 1300 avec une carrosserie à 4 portes et hayon. La première Dacia avec une carrosserie de ce type !
La Dacia 1320 a donc fait sa première apparition publique à la Foire Internationale de Bucarest et a été mise en vente un an plus tard. A l’usine de Pitesti, ce modèle portait le nom de code CN1 ce qui signifiait « Notre concept numéro 1 » (en Roumain : « Conceptia Noastra numarul 1 ») car c’était la première voiture 100% dessinée à Pitesti, alors que la Dacia Sport avait été imaginée à Brasov.
La Dacia 1320 se vantait d’être la première Dacia moderne avec de nombreux éléments nouveaux si on la compare à la berline habituelle. Elle disposait ainsi d’un nouveau tableau de bord, d’un nouveau faisceau électrique, de nouveaux éléments extérieurs, de nouveaux moteurs et d’une suspension plus confortable. En plus de ces nouveautés mécaniques assez importantes, conçues pour permettre aux passagers un voyage plus agréable mais aussi une fiabilité accrue, les ingénieurs de Dacia avaient donc imaginé de nouvelles motorisations. L’espace sous le capot avait été agrandi pour permettre l’installation de quatre moteurs différents.
La Dacia 1320 Standard était livrée avec un moteur 1,3 litre de 54 ch, le bloc classique de la vieille Dacia 1300. On pouvait également commander la voiture avec un moteur 1,4 litre de 65 ch. Les ingénieurs avaient aussi annoncé qu’il serait plus tard possible de monter le moteur à essence de 1,6 litre mais finalement seules les Dacia 1310 et Papuc y ont eu droit. Mais, la surprise était que les représentants de Mioveni annonçaient fièrement que la Dacia 1320 pourrait recevoir en 1988 un tout nouveau moteur diesel de 1,6 litre développé en interne… Évidemment, ce moteur n’a jamais vu le jour et n’a jamais été monté sous le capot d’aucune Dacia...
Malgré la publicité et le fait que ce modèle n’était pas destiné à être exporté mais serait vendu exclusivement sur le marché domestique, les clients étaient plutôt sceptiques devant cette voiture moderne. En d’autres termes, les commandes pour ce modèle à hayon se sont faites un peu attendre… Peut-être parce que le prix demandé était supérieur à celui de la berline Dacia 1310.
Entre 1987 et 1990 seulement 2,567 unités de Dacia 1320 Hatchback ont été fabriquées. Cela signifie moins que le modèle Dacia Sport commercialisé depuis le début des années 1980. Mais ces faibles ventes n’ont effrayé ni Dacia, ni le Parti, fiers de cette nouvelle Dacia futuriste. Alors on en a continué la production.
Après la révolution, on disposait d’un stock important de pièces détachées et d’éléments de carrosserie pour cette hatchback et l’usine de Pitesti en a donc continué la production. On ne parlait plus de Dacia 1320 mais de Dacia 1325 Liberta. En dépit de changements mineurs apportés aux phares, aux parechocs, aux jantes, aux feux arrière et la partie arrière redessiné, c'était plus qu’un simple lifting. Pour des raisons inconnues, mais probablement pour faire des économies, la Dacia 1325 était 23 centimètres plus courte que la Dacia 1320. C’était peut-être aussi dans le but de réduire le coefficient aérodynamique de la voiture. La Dacia 1300 avait un Cx de 0,45 alors que celui de la Dacia 1325 n’était que de 0,38.
Au total 5,255 exemplaires du nouveau modèle ont été produits jusqu’en 1995. Un grand nombre de ces voitures a été exporté vers les pays d’Afrique et d’Amérique du Sud où elles ont été intensivement utilisées comme taxi. Mais malgré cela, la voiture n’a pas vraiment été un succès, malgré le désir de l’usine de la promouvoir comme une voiture pour les jeunes.
Après les premières Dacia 1320, les ingénieurs avaient pensé que ce serait une bonne idée d’apporter une série de changements pour améliorer le fonctionnement de la voiture. Mais la plupart des modifications apportées ont eu l’effet contraire, c’est-à-dire qu’ils ont transformé la vie des utilisateurs de cette voiture en calvaire. La suspension avait été simplifiée pour faire des économies de matériaux et rendre la voiture plus légère et les roulements de roues avant avaient été remplacés par éléments fabriqués par I. R. Alexandria, mais apparemment ils étaient problématiques. Les ressorts avant avec 9 spires ne faisaient que 13,4 mm d’épaisseur contre 14,3 mm et 7 spires sur la Dacia 1310 et les barres antiroulis étaient moins épaisses.
Mais le pire cétait la tôle… Dans leur course désespérée à l’économie, les concepteurs avaient voulu utiliser pour la carrosserie, une tôle d’acier plus mince, ce qui la rendait plus sensible à la corrosion. C’était déjà le cas sur la Dacia 1320 et sur la Dacia 1325, la tôle utilisée était encore plus mince… Ce n’est donc pas pour rien qu’aujourd’hui les Dacia avec ce type de carrosserie se font rares sur les routes. La plupart des 8,000 exemplaires fabriqués ont fini à la casse depuis longtemps et ceux qui existent encore sont dans un piètre état.
Avant 1989, le modèle s’appelait Dacia 1320, un nom logique si l’on pense à la berline Dacia 1310. Après la révolution, les ingénieurs l’ont rebaptisée Dacia 1325 puis à partir de 1994 elle s’est appelée Dacia Liberta. Ce nom avait été choisi spécifiquement pour saluer la liberté acquise des Roumains et leur entrée dans une nouvelle ère de démocratie. Malheureusement ce vent de liberté n’a pas bénéficié à la Dacia Liberta et sa production a été définitivement arrêtée en 1996.
Aujourd’hui les Dacia 1320 et la Dacia 1325 sont deux modèles extrêmement rares dans le paysage automobile roumain. Elles font partie des voitures roumaines les moins répandues, plus rares que les breaks Dacia 1300 et Dacia Sport. Parce qu'elles étaient mal construites et qu’elles rouillaient, elles étaient dans les années 2000 considérées comme des épaves qui devaient partir au recyclage. On estime que c’est le sort de plus de 6,000 sur les 7,822 unités construites de 1987 à 1996. Il n’existe aujourd’hui que quelques dizaines de voitures en état de marche mais elles sont souvent en très mauvais état et aucune d’entre-elles n’est digne d’être montrée dans une exposition…
Pourtant depuis 2017 en Roumanie, ce modèle peut être considérée comme une voiture de collection et immatriculées sans taxes. Mais les Roumains sont très forts pour se débarrasser du passé et il ne serait pas étonnant que l'on n'aperçoive jamais une Dacia à hayon dans une manifestation de véhicules de collection…
Lu sur : https://www.4tuning.ro/istorie-auto/povestea-daciei-hatchback-liberta-ratusca-cea-urata-fara-de-succes-a-romaniei-32211.html
Adaptation VG