
De voiture de masse de la RDA à objet culte : la Sachsenring Trabant a vécu beaucoup de choses. Pour son 60ème anniversaire, AutoBild a décidé de retracer son histoire avec de très nombreuses photos et quelques jolies anecdotes.
Sa marque de fabrique est la volute bleutée qui s'échappe du pot d’échappement de son moteur deux-temps au « Reng-teng-teng » caractéristique. Ce 7 novembre 2017, 60 ans se sont donc écoulés depuis que la première P 50 est tombée de la chaîne de montage de Zwickau. La petite voiture était conforme aux spécifications imposées par le Conseil des Ministres de la République Démocratique Allemande : robuste, économique et peu coûteuse. Cette « Osten mobil » a été fabriquée jusqu’en 1989 à plus de 3 millions d’exemplaires. A ses débuts, elle pouvait tenir techniquement la comparaison face à ses concurrentes de l’époque, y compris des voitures fabriquées dans la République Fédérale… mais durant sa longue carrière, elle n’a pratiquement plus évolué.
Sa pièce maîtresse est le moteur deux-temps de 26 chevaux (dans la Trabant P 601). Elle pouvait en moyenne effectuer 80,000 kilomètres mais ceux qui ne la démarraient pas en la mettant au point mort risquaient une casse de piston car le moteur n’était pas suffisamment lubrifié. Elle consommait aussi beaucoup de joints de culasse car elle était refroidie par air. Jusqu’en 1984/1985 et l’apparition d’un allumage électronique, la Trabi avait aussi des vis platinées qu’il fallait remplacer tous les 10,000 km.
Petit historique :
- Janvier 1954 : un Décret du Conseil des Ministres de la RDA entérine la construction de la P 50 (une voiture particulière équipée d’un moteur 2 temps de 500 cm3).
- Juillet 1955 : modèle intermédiaire, la P 70 dispose d’un moteur de 700 cm3 et 22 ch.
- Octobre 1958 : présentation de la Trabant P 50 au Salon de Leipzig : 18 ch, 90 km/h, 6,8 litres aux 100 km. Prix : 8,360 Marks.
- Avril 1960 : le modèle est rebaptisé P 500 (P 50 /2) et la version Kombi reçoit le nom d’Universal.
- Janvier 1963 : elle est renommée P600 et reçoit un moteur plus gros de 23 ch.
- Janvier 1964 : nouveau modèle P 60/1 – P 601 mesurant 18 centimètres de plus.
- Mars 1990 : « restylage » après 26 ans de production et nouveau moteur 1,1 litre de VW Polo développant 40 ch.
- Avril 1991 : fin de production après plus de trois millions d’exemplaires.
Le chef du bureau d’étude Werner Lang a raconté son histoire dans un documentaire intitulé « De la laine sur l’asphalte – L’expérience Trabant ». Il explique par exemple que ses concepteurs avaient développé la fameuse carrosserie en Duroplast car il y avait une pénurie de tôle en RDA. La Trabant est devenue le symbole du socialisme et de l’économie planifiée non seulement parce qu’elle était omniprésente dans les rues de la RDA mais aussi parce l’Etat a décidé, à peine sa présentation effectuée, d’en stopper tout développement. Ce n’est qu’à la fin des années 80 que la Trabi a obtenu un moteur quatre temps de Volkswagen. Mais la RDA était politiquement et économiquement proche de la fin et, mis à part ce moteur, la voiture était complètement démodée.
Les jours tristes ont fait place à la joie de la chute du Mur et l’on a assisté à des embouteillages monstres sur les routes menant à la RFA. Puis les Trabant ont disparu rapidement de la circulation. Aujourd’hui, il y a 34,500 Trabant immatriculées dans tout le pays et, curieusement, la tendance est à la hausse. Les amateurs et les clubs comme l’International Trabant Register préservent les spécimens encore en circulation et en remettent d’autres en route. Des sociétés comme Trabantwelt ont relancé la fabrication de pièces de rechange et envoient des paquets de pièces aux Etats-Unis, en Russie… voire même en Namibie ou en Australie. Selon Wolfgang Kießling, le président de l’International Trabant Register, de plus en plus de jeunes s’intéressent à la Trabi, en particulier des « tuners » qui expérimentent beaucoup d’idées de l’époque actuelle sur la vieille « Osten mobil ».
Sa simplicité rend la Trabant très intéressante aujourd’hui et ses défauts deviennent des particularités adorables. Hans-Dieter Weichel spécialiste Trabant explique cette fascination pour la voiture Est-allemande : « La Trabant était l’âme de la RDA. Elle est donc un objet culte comme peut l’être la VW Coccinelle. Techniquement simple, elle nécessite cependant beaucoup de soins. On peut citer les tuyaux d’essence poreux, l’échappement bouché, les ruptures de joints de culasse, le joint d’étanchéité entre le moteur et la boîte de vitesse qui fuit, les tuyaux de frein rouillés et les longerons qui tombent en miette ne sont pas rares. Mais tant qu’elle roule la P 601 est inusable. C’est quand elle est immobilisée qu’elle rouille, et c’est valable en particulier pour les tambours de freins ou le moteur qui n’est lubrifié que quand il tourne ».
Lu sur : http://www.autobild.de/klassik/artikel/ddr-auto-trabant-60.-geburtstag-des-trabis-35263.html
Adaptation VG