Les Skoda 450 puis Felicia étaient de beaux cabriolets qui plaisaient non seulement en Tchécoslovaquie mais aussi à l’étranger. En 1964, quand la production de la Felicia s’est arrêtée, personne n’imaginait que cela serait le dernier cabriolet produit à Mlada Boleslav ! Quelques années plus tard, une Skoda avec ce type de carrosserie aurait pu connaître un beau succès, mais la Skoda Winnetou ne fut finalement jamais produite en série. Cette voiture avec un nom d'Indien fêtera cette année ses 50 ans. Une bonne occasion pour évoquer son histoire.
Ce roadster qui portait le nom d’un chef Apache, imaginé par le romancier allemand Karl May au 19ème siècle, a été présenté en mars 1967 au Salon de l’Automobile de Genève où il attira l’attention. Cela n’a rien d’étonnant car le dessin de ce cabriolet peut encore aujourd’hui être qualifié d'extraordinaire.
Si vous vous demandez comment sous le joug socialiste il avait été possible de créer à Mlada Boleslav une voiture exotique, nous devons vous avertir que la Winnetou n’a pas été dessiné par les stylistes de Skoda. Bien que basé sur un modèle de la marque, ce cabriolet a été créé à l’initiative de l’ancien importateur Skoda en Suisse, la société Glättli AG de Dietlikon près de Zürich. Cette année-là, le constructeur tchèque n’avait pas de nouveauté à amener au salon et l’importateur avait décidé de présenter ce cabriolet, à la grande surprise des représentants de la marque !
A l’époque, il n’était pas rare que des petits constructeurs fabriquent leurs propres modèles sur la base de modèles Skoda. Dans les années 60, on se souvient ainsi de la Trekka originaire de Nouvelle Zélande ou de la Skopak venue du Pakistan. Dans le cas de la Winnetou, on avait repris la mécanique de la « Embecka », un modèle considéré moderne à ce moment-là. Le coupé deux portes Skoda 1000 MBX donnait ainsi ses essieux (avec des voies portées à 1300 mm à l’avant et 1270 mm à l’arrière), son moteur à double carburateur de 34 kW couplé à une transmission manuelle à quatre vitesses et les freins à tambours.
La carrosserie de ce roadster de 3815 mm de long et 1595 mm de large était complètement différente de la voiture d’origine. Elle s’inspirait en effet largement de la Devin D de 1959, une voiture de sport américaine basée sur la VW Coccinelle et livrée en kit. La carrosserie « de l’Indienne » aurait été construite par la société Hubert Souren à Aix-la-Chappelle mais la voiture elle-même aurait été achevée à Zürich dans l’atelier d'un concessionnaire Skoda. Réalisée en fibre de verre, la carrosserie ne pesait que 89 kg. Grâce à cela, le poids de la voiture était de seulement 661 kg.
L’intérieur était aussi sportif que l’extérieur. Le volant à trois branches avec jante en bois était très fin, la coque du siège était fixée de manière définitive au plancher. Pure voiture de sport, la Winnetou n’avait pas de coffre. Sous le capot on trouvait la roue de secours et la batterie et il n’y avait de la place que pour quelques babioles. On pouvait aussi mettre des choses dans un petit espace aménagé derrière les sièges mais elles restaient à l’air libre et n’étaient pas isolées de la chaleur du moteur.
S’il s’agissait principalement d’une initiative suisse, le roadster Winnetou a tout de même été testé par Skoda, principalement pour répondre au grand intérêt suscité par la voiture auprès du public. Mais les essais réalisés au centre de développement de l’AZNP ont montré de grands écarts avec sa fiche technique. Si les créateurs de la voiture annonçaient une vitesse de pointe de 160 km/h, les pilotes essayeurs tchèques n’ont atteint que 126 km/h. Le moteur n’a pas non plus dépassé 5000 tr/min. Les accélérations laissaient aussi à désirer et, même dans les années soixante, 30,2 secondes pour atteindre 100 km/h cela faisait beaucoup !
Les pilotes d’essais se sont également plaints du comportement routier de la voiture. La Winnetou n’était pas suffisamment stable et elle n’était pas aidée par son essieu arrière. L’insonorisation n’était pas non plus idéale. Durant les essais, le silencieux d’échappement s’est détaché plusieurs fois et les portières étaient difficiles à fermer.
C’est sûrement à cause de cela que les représentants de Skoda n’ont finalement pas donné le feu vert : « La voiture donne l’impression de ne pas être terminée. Dans l’état elle ne contribuerait pas à la réputation de la marque ». Après les essais, les améliorations à apporter à la voiture ont été évaluées mais on a estimé que cela ne vaudrait pas le coup…
Malgré son intérêt, le projet a été abandonné avant d’avoir pu attirer des clients. Pourtant elle avait de bons arguments avec son apparence attrayante et son prix. Il était prévu de la vendre 7900 francs suisses. Cela en aurait fait la Skoda la plus chère du marché suisse mais la Winnetou restait moins chère que la concurrence. A l’époque, il fallait par exemple débourser 8600 francs suisses pour une MG Midget.
Où se trouve cette Winnetou aujourd’hui ? On n’en est pas sûr mais selon certaines sources elle serait aux Pays-Bas chez un collectionneur privé.
Lu sur : http://www.auto.cz/nadherny-sportak-skoda-winnetou-letos-slavi-50-let-do-vyroby-se-nedostal-i-kvuli-rychlosti-104955
Adaptation VG