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L’expression russe que l'on traduirait par « attraper un moteur », qui veut dire « arrêter un taxi », n’est plus utilisée aujourd’hui. Il y a un siècle, les taxis étaient des « taksomotors ». Ensuite on a parlé de « takso » pour ensuite employer le mot de « taxi » que nous connaissons tous. Après la Révolution russe, les « taksomotors » étaient considérés comme un « luxe excessif » et sous Staline, les utiliser était une « manière de la bourgeoisie ». A la fin des annés 60, les taxis n’étaient pas à la disposition de tout le monde. Et c’est pourquoi la célèbre réplique du film « Le bras de diamant » de Leonid Gaïdaï est restée : « Notre peuple ne va pas à la boulangerie en taxi ». Le journal Rossiïskaïa Gazeta s’est intéressé à l’histoire du taxi en URSS.
Sans le savoir, les reporters du journal « La Voix de Moscou » on fait, pour la première fois dans l’histoire de la Russie, de la publicité pour les taxis. En 1907, ils ont raconté l’histoire d’un drôle de type qui transportait pour de l’argent des gens dans un véhicule à moteur. Sur sa voiture il avait collé une plaque qui indiquait approximativement : « A louer. Tarif à négocier ».
C’est pourtant à Saint-Pétersbourg que le taxi s’est généralisé quand en 1910 a été fondée l’entreprise commerciale « Taxomotor Pétersbourgeois » proposant à ses clients des courses en Ford. Le prix était déterminé par un taximètre, appareil inventé en 1891 par l’Allemand Friedrich Wilhelm Gustav Bruhn.
Le 21 juin 1925, les premières Renault avec un bandeau jaune courant le long de la carrosserie ont commencé à parcourir les rues de la capitale. L’apparition de taxi à Moscou a été rendue possible par le Soviet de Moscou qui avait décidé de mettre en place des « taksomotors, moyen de transport confortable accessible aux ouvriers ». Le pays ne produisant pas encore de voitures particulières, on avait choisi la marque française déjà appréciée pour ses taxis. Les taxis Renault avaient été populairement surnommés « Browning » comme dans «Le Veau d'Or », le roman satirique des auteurs soviétiques Ilf et Petrov publié en 1931 : « A Moscou on a amené cent vingt petits taxis Renault, semblables à des Browning. 120 voitures vous imaginez ? A Paris sont 16 mille taxis similaires qui parcourent actuellement les rues ! ».
On pouvait attraper une voiture libre aux bourses (stations) de taxis qui se trouvaient dans les endroits les plus fréquentés, par exemple, la Gare de Koursk. Selon les tarifs, une verste (1066,8 mètres) coûtait 50 kopecks. Une heure de taxi revenait à 4,5 roubles. Et les trajets de nuits coûtaient un quart plus cher.
En 1930, le parc des taxis a été complété par des Ford, la marque avec laquelle avait commencé avant la Révolution la première société de taxis. Ces nouveaux taxis étaient équipées d’un taximètre éclairé et d’un petit drapeau rouge avec l’inscription « Libre ».
Pour remplacer les Ford produites à l’étranger, on a choisi sa copie sous licence. En 1929, le gouvernement soviétique a acheté à la Ford Motor Company, l’équipement et la documentation technique pour produire une copie de la Ford A sous le nom de GAZ-A. Dans la première moitié des années 30, c’est précisément ce modèle qui est devenu le taxi le plus populaire. Bien entendu, la voiture était équipée d’un taximètre et d’un fanion « Libre - Occupé ». En mars 1938, les taxis GAZ-A ont été envoyé en province pour que ces voitures déjà anciennes ne fassent pas tâche dans les grandes villes.
C’est à l’époque de l’apparition des GAZ-A dans les rues que les taxis Renault ont disparu. Le dernier modèle de cette marque a été remarqué en 1935. En 1936, le parc de taxis N°13 a commencé à recevoir des ZiS-101, la limousine soviétique. Elles étaient recouvertes de peintures incroyablement gaies : jaune, bleu et bleu ciel ! 55 exemplaires au total. Les habitants de la capitale avaient donc le privilège exclusif de pouvoir rouler dans une voiture qui avait été initialement prévue pour les membres du gouvernement. En 1939, la ville de Minsk pouvait se vanter d’avoir également trois taxis ZiS-101.
En cinq ans, de 1935 à 1940, le nombre de taxis en circulation à Moscou a été multiplié par six. Cinq parcs de taxis et près de 3,500 voitures transportaient les résidents et les visiteurs de la capitale.
Pendant la Grande Guerre Patriotique ces voitures ont été envoyées sur le front. Mais en raison de leurs faibles capacités à rouler hors des routes, la plupart des ZiS-101 ont échappé à ce sort. C’est la raison pour laquelle, quand après la guerre les taxis ont fait leur réapparition dans les rues de Moscou et des grandes villes, les clients ont pu profiter pendant quelque temps de ces vieilles limousines. Elles ont été mises à la retraite en 1946-1947, remplacées par les nouvelles Pobeda et ZiS-110. Pour distinguer les taxis dans la circulation le Soviet de Moscou a pris la décision de faire peindre toutes les voitures de la même manière : partie supérieure gris clair, partie inférieure gris foncée séparée par un damier et un luminion de couleur verte avec l’inscription « Libre ».
Alors que les passagers pouvaient voyager en Pobeda ou en ZiS-110, l’Usine Automobile de Gorki travaillait à la conception de quelque chose entre les deux. Les chauffeurs de taxis ont donc eu le droit à la GAZ-12. En 1952, à Moscou, le parc de taxi N°1 en comptait déjà 300 ! Au milieu des années 50, les parcs de taxi ont fini par refuser l’uniformité en terme de couleur et on pouvait désormais trouver des voitures de différentes teintes. Mais comme avant ce qui les unissaient était le damier.
Un nouveau renouvellement des parcs de taxis a eu lieu en 1956-1957. Les Moskvitch-402 et les premières GAZ-M21 « Volga » on fait leur apparition. A la différence des Pobeda, l’habitacle de la Volga de première génération, celle qui se distinguait par son étoile à cinq branches sur la calandre, était beaucoup plus spacieux. Les sièges du conducteur et du passager avant étaient divisés. D’ailleurs, le siège passager pouvaient se rabattre afin de transporter les bagages qui n’avaient pas trouvé de place dans le coffre. C’était pratique quand ces taxis transportaient des mamans avec poussettes ou quelqu’un qui sortait d’un magasin avec le dernier téléviseur ! D’ailleurs, ce sont précisément dans ces Volga que l’on a commencé à utiliser un système de communication radio avec le régulateur.
Dès qu'une nouvelle génération de GAZ-21 faisait son apparition sur la chaîne, elle était livrée aux parcs de taxis. Le légendaire taxi GAZ-21 est apparu à plusieurs reprises au cinéma. Le héros du film « Trois peupliers sur la Pliouchtchikha », le chauffeur de taxi Sacha, roule en Volga. Plus tard, la même voiture a participé au film « Attention à la voiture » et dans « Le bras de diamant ».
En 1968, de nouveau il fallu peindre les taxis de la même couleur. Le Soviet de Moscou venait de décider de peindre le toit des voitures en rouge-orange. De nombreux taxis étaient donc reconnaissables par leur carrosserie rouge et blanche. Les gens leur donnèrent le surnom de « Petit Chaperon Rouge ». Mais à la sortie de la GAZ-24 à l’été 1970, les « chaperons » avait fait long feu. Il convient de noter que jusqu’en 1973, une course en taxi coûtait 10 kopecks au kilomètre. C’était le même prix, par exemple, qu’une bouteille d’eau gazeuse « Bouratino » ou d’une place enfant au cinéma.
Les premiers taxis GAZ-24 « Volga » étaient de différentes couleurs, mais à partir de 1971 l’Usine Automobile de Gorki a délibérément produit uniquement des voitures de couleur vert-salade. Lors de la préparation des Jeux Olympiques de Moscou, les instances internationales ont aussi exigé que les taxis soient peints en jaune citron avec un luminion orange à damier sur le toit, éclairé la nuit. C’est sous cette forme que beaucoup de gens gardent en mémoire les taxis de l’époque soviétique... ainsi que les files d’attente devant les gares, comme l'a si bien montré le film « Karnaval » de Tatiana Lioznova.
A plusieurs reprises, on a tenté de compléter les parcs de taxis avec des Moskvitch. Au début, pour les tester, ils ont reçus des Moskvitch-408 puis des 412. Mais la Volga a facilement remporté cette confrontation tacite. La Moskvitch n’était pas en mesure de résister aux contraintes que pouvait rencontrer un taxi.
Les Volga jaune citron ont ensuite été bannies de l’ensemble du pays. A la fin des années 80, les parcs de taxis tiraient des plans sur la comète en décrivant es voitures qu'ils achèteraient dans les dix années à venir. Mais en 1991, les taxis gouvernementaux n’en avait plus longtemps à vivre...
Ce n’est que très récemment que l’on a tenté de remettre de l’ordre dans le secteur. Cela concerne non seulement l’aspect de la voiture elle-même : une couleur unique et des damiers obligatoires. Mais aussi des tarifs uniformes dans une région donnée. Mais on n’impose aucune gamme de véhicule. Libre choix est donné aux propriétaires des compagnies de taxis en fonction de leur budget.
Beaucoup parlent également de la création d’exigences communes pour les chauffeurs de taxi. A l’époque soviétique le métier de taxi était non seulement prestigieux, mais aussi responsable. On n’engageait que des conducteurs qui répondaient à des critères professionnels élevés. Outre des cours de conduite, les chauffeurs de taxis suivaient des formations qui amélioraient constamment leurs compétences. Et le chauffeur de taxi soviétique qui avait un accident de la circulation pouvait dire au revoir à son travail !
Lu sur : https://rg.ru/2014/07/09/taxomotor-site.html
Adaptation VG