Il y a dans l'histoire automobile de la Pologne peu d'exemple de fabrication ou d'assemblage d'un modèle polonais à l'étranger. Si on connait bien les Zuk égyptiens produits sous le nom de Ramsès ou la moto SHL qui a eu un énorme succès en Inde sous le nom de Rajdoot, peu de gens savent que la Turquie a assemblé des Nysa. Pour être précis, il ne s'agissait pas d'un simple assemblage du fourgon Nysa, mais d'un véhicule utilitaire entièrement spécifique construit sur le châssis de celui-ci.
Pour commencer il faut rappeler que, pratiquement dès son apparition, le Nysa a été exporté. Dès 1958, les Hongrois le découvre dans la presse spécialisée et rêvent de le conduire. Puis il connait également un grand succès dans d'autres pays du bloc de l'Est, y compris en URSS et en Roumanie. Dans ces pays, les petits véhicules utilitaires étaient encore rares et il est difficile d'imaginer comment l'économie pouvait fonctionner sans véhicule de ce type.
La Turquie constitue une exception dans les exportations du Nysa. Car souvent dans ce pays, on n'achetait que le châssis pour lui adapter une carrosserie adaptée aux besoins, ce qui permettait aussi de générer des emplois. C'est pourquoi un contrat a été signé avec l'entreprise KUK Kollektif Surketi, basée à Istanbul. Les pièces seraient envoyées en Turquie où les châssis seraient assemblés et puis carrossés.
Ce qui est étonnant c'est que c'est la ZBNS Nysa qui avait été choisi et pas la FSC Lublin, probablement en raison des relations commerciales établies par Nysa en vue d'exporter des Nysa vers la Turquie. La FSC Lublin produisait pourtant la majorité des pièces, y compris les jantes et l'essieu arrière, c'est-à-dire les éléments principaux du châssis, et en fait seuls les longerons étaient fabriqués à Nysa.
Les Turcs avaient donc besoin d'un châssis. Economiquement, l'achat d'un véhicule complet ne se justifiait pas puisqu'ils allaient ensuite construire une carrosserie en partant de zéro. C'était donc beaucoup plus avantageux d'acheter les composants permettant d'assembler un châssis complet, moteur compris (probablement le moteur S-21 même si à l'époque le moteur M-20 était encore utilisé).
La première carrosserie réalisée par KUK était un pick-up vendu sous le nom de ZUK (à ne pas confondre cependant avec le Zuk polonais !). C'était un véhicule basique car la carrosserie était composée de nombreux éléments complètement plat. Celui qui figure en photo a été construit en 1965. Il est difficile de savoir combien de pick-up ZUK ont été réalisés sous cette forme. Un autre modèle a été réalisé sur le châssis du Nysa avec une carrosserie beaucoup plus arrondie stylistiquement semblable à l'original polonais. Celui en photo date probablement de 1968 et montre un pick-up destiné aux artisans.
Les Turcs ont utilisé un pare-brise avant emprunté à un autre véhicule. Produire un pare-brise dédié spécifiquement à ce modèle n'aurait pas eu beaucoup de sens d'autant plus que la priorité était un coût de production le plus bas possible et que le contrat avec Nysa portait sur environ 800 châssis.
Un autre modèle était un étonnant minibus de 12 places, le GO-12, ressemblant à un autobus MAN. Il avait été commandé par la General Automotiv Istambul à KUK. Il a été réalisé en 1967 et se caractérisait par sa forme moderne et ses grandes surfaces vitrées. Il faut signaler que ce type de minibus était très populaire en Turquie et de nombreux constructeurs en fabriquaient. Un autre minibus a été commandé à KUK par VALERY, une entreprise de transport d'Izmir, mais on dispose d'aucune information précise à son sujet.
On ne sait pas non plus clairement quel type de moteur a été envoyé en Turquie. Les années 60 étaient une période de transition entre le moteur M-20 et le moteur S-21. Il pourrait paraître logique que l'on ait exporté les moteurs les plus modernes mais peut-être que les Turcs ont préféré les vieux moteurs pour réduire les coûts...
On ne sait finalement que peu de chose sur ces véhicules fabriqués en Turquie sur un châssis de Nysa, mais c'est déjà beaucoup !
Lu sur : http://oldtimery.com/index.php?option=com_content&view=article&id=354:tureckie-samochody-na-bazie-polskiej-nysy
Adaptation VG