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Daewoo Tico : collectionnable ?

Certaines voitures « étrangères » assemblées dans un pays de l’Est, de par les volumes produits et leur popularité, deviennent de fait des voitures de l’Est. C’est le cas de la Daewoo Tico, extrêmement populaire dans les années 1990 et 2000 en Pologne (*). Le site polonais Zlomnik.pl s’interroge sur l’entrée de cette petite voiture dans la catégorie des voitures de collection (de la catégorie des « jaktjamery » sorte d’antichambre des youngtimers). Pour les Polonais, la Polonez Caro et la Fiat Cinquecento font déjà partie de cette catégorie et on ignore souvent le potentiel historique de la Daewoo Tico, une voiture tout à fait intéressante !

L’histoire de la Tico n’est pas compliquée. Il s’agit d’une copie de la Suzuki Fronte de 1988, qui par son âge - 25 ans révolus – entre donc légalement dans la catégorie des voitures de collection. Suzuki collaborait étroitement avec General Motors et comme ce dernier avait racheté le coréen Daewoo, il y a eu transfert de technologie avec plusieurs modèles japonais, parmi lesquels la Fronte (Tico) et la Carry (Damas). En contrepartie, certains modèles Daewoo ont pu être vendus sur certains marchés sous la marque Suzuki (c’est le cas du Canada). Il ne faut pas oublier que sous le nom de Daewoo Tico, l’ennuyeuse Suzuki Fronte a connu le succès dans le monde entier : pas seulement en Pologne et en Corée du Sud, mais aussi en Amérique du Sud, où des taxis Tico errent encore dans les rues du Pérou par exemple.

La Tico est l’un des rares succès de la catégorie des kei-cars en Europe (on peut ajouter les Daihatsu Cuore et Move, Subaru Vivo et bien sûr Suzuki Carry). Il n’est pas compliqué de comprendre le succès de la Daewoo Tico en Pologne : elle était préférée à la Cinquecento pour ses cinq portes et elle était bien meilleure que la Maluch hors d’âge. Souvent elle a d’ailleurs remplacé la PF 126p comme voiture familiale et elle est rapidement devenue populaire par ses aspects pratiques. De plus elle était très économique et, passée au GPL, elle pouvait vous emmener de Varsovie aux lacs de la région de Mazurie, pour la modique somme de 12 zlotys (3 euros de gaz pour 250 km).

Certes, il ne fallait pas être claustrophobe. Car au volant de la Tico, comme au volant de n’importe quelle kei-car, vous risquiez de vous cogner la main sur le pare-brise en tournant le volant, d’appuyer sur les trois pédales à la fois ou d'user vos genoux contre le tableau de bord. En montant dans une Cinquecento, vous aviez l’impression de monter dans une limousine ! La Fiat était pour ainsi dire une voiture normale. Mais il faut aussi reconnaître que la Daewoo Tico était une sacrée bonne voiture et qu’elle arrivait sans mal à s’intégrer dans le trafic courant.

L’autre avantage de la Daewoo Tico était le prix des pièces détachées. La légende veut qu’on pouvait acheter des plaquettes de freins pour 8 zlotys... mais c’est sans doute une légende. Mais force est de constater que par son faible prix, la Daewoo Tico a souvent terminé entre les mains de personnes qui n’avaient vraiment pas d’argent pour l’entretenir. Revers de la médaille, c'est ce qui explique qu’elles disparaissent assez rapidement de la circulation. Et ce n’est pas un secret, les premières voitures coréennes copies de voitures japonaises sont de bien moindre qualité et n’offrent pas le même niveau de sécurité.

Petite expérience personnelle (NDT : il ne s'agit pas là de la traduction de l’article) :
Mon beau-père (en Pologne donc !) a possédé une Tico pendant près de 15 ans et voir monter cette armoire à glace (1,86m pour 110 kg) dans une voiture aussi petite avait de quoi faire sourire. Mais même à quatre à bord, nous n’avons jamais été gênés aux entournures. La Tico est une voiture étonnement habitable et relativement fiable. En fait la mécanique ne lui a jamais fait faux bond et seule la rouille – rien de catastrophique toutefois - a fini par montrer que l’assemblage en Pologne n’était pas des plus rigoureux face aux rigueurs de l’hiver. En cette saison, le chauffage et le dégivrage étaient extrêmement rapides et mon beau-père saluait leur efficacité face à l’inexistence du "poêle" de la Syrena qu’il a également possédé dans sa vie. Et avec des pneus neiges elle était redoutable !

Remplacée fin 2010 en profitant des remises folles sur une Fiat plus moderne, la Tico vert métal coule des jours heureux à quelques kilomètres de là. Je l’ai souvent conduite (ainsi que celle, rouge cerise, qu'a possédée ma belle-sœur) et j’en garde moi aussi de très bons souvenirs. Son moteur 3 cylindres faisait en montant dans les régimes un bruit métallique presqu'aussi plaisant qu’un six cylindres Porsche. Un vrai régal ! Elle se conduisait du bout des doigts avec sa direction non assistée extrêmement légère mais elle était toutefois un peu dure à très basse vitesse. Un défaut compensé en parking par ses dimensions ridicules et des angles si faciles à appréhender qu’on pouvait la placer au millimètre.

La Tico était une voiture attachante et étonnante par ses capacités. Une réussite certes nippo-coréenne, mais comme elle a été assemblée par FSO à Zeran, qu’elle a été très populaire et l’est encore et parce qu’elle a contribué à motoriser les Polonais, elle est sans conteste une voiture de l’Est !

Lu sur : http://www.zlomnik.pl/index.php/2013/03/08/jaktajmer-alert-daewoo-tico/
Adaptation VG

(*) voir aussi le message suivant :
http://autos.groups.yahoo.com/group/Sovietauto/message/7278 (lien transitoire)
P.S : traduction de l'autocolant figurant dans l'article : « Mialem Tico zanim to bylo modne » : j’ai eu une Tico avant qu’elle ne devienne à la mode !

Tag(s) : #Histoire, #FSO, #Daewoo, #Tico