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La carrière de la Polonez à l’ombre des pyramides.

L’Egypte est aujourd’hui un pays où la production automobile polonaise peut être rencontrée plus souvent qu’en Pologne même. Sur les routes locales, circulent encore des milliers de voitures produites par les usines de Zeran, Lublin et Nysa. Mais leurs heures sont comptées.

« Zahma » est un mot que l’on entend souvent dans les rues du Caire. Cela signifie « embouteillage », l’une des préoccupations quotidiennes des Egyptiens. Coincé dans l’un de ces « Zhama » avec Mahmoud un ami égyptien, mon attention est soudainement attirée par une silhouette familière... Je crois à un début d’insolation, mais la plaque d’immatriculation en arabe me confirme bien que nous ne sommes pas en Pologne.

- « Tu sais ce que c’est comme voiture » demandé-je à Mahmoud.
- « Une Bolognaise » répond-t-il.
- « Polonez » je me permets de corriger.
- « C’est une bonne voiture russe ! » rajoute Ma
hmoud.

Il n’y a pas de meilleur endroit que le Caire pour retracer l’histoire automobile de ces cinquante dernières années. Les amateurs de voitures anciennes pourront trouver dans la capitale égyptienne toutes les représentantes de l’ancien bloc socialiste, de la Lada à la Moskvitch, en passant par la Zastava ou d'autres créations de l’industrie automobile de la PRL (République Populaire de Pologne).

Ce sont justement des Polonez noires et blanches que l’on croise le plus souvent. Ce sont à ces couleurs que l’on reconnait les taxis locaux. Ahmed Hamdi qui me fait découvrir le monde de l’industrie automobile égyptienne me confirme ainsi : « C’était l’un des modèles de taxi le plus apprécié au Caire. Mais depuis quelque temps cela change. Le gouvernement a décidé de remplacer les vieilles voiture de l’ancien bloc socialiste et installe des taximètres dans des Hyundai neuves ».

La Polonez a d'ailleurs été assemblée dans l’usine égyptienne Nasr (victoire) du Caire. Edward Pietrzak, qui fut directeur de FSO de 1982 à 1989 explique comment cela est arrivé : « Nous avons passé un accord avec les Egyptiens pour qu’ils assemblent eux-mêmes nos voitures dans leur propre usine avec des pièces importées de Pologne. L’Egypte avait déjà établi un partenariat avec l’italien Fiat, auprès duquel nous avions acheté notre licence, et c’est donc tout naturellement que nous avons pu commencer à travailler avec eux ».

Entre 1983 et 1992, plus de 17,000 Polonez ont été assemblées sur place. Avant cela, dès les années 70, les Egyptiens avaient fabriqués des PF 125p. « Il s’agissait d’un accord bénéfique pour les deux parties - explique Pietrzak – nous évitions les droits de douane parce que nous livrions seulement les pièces et ils fournissaient du travail à leurs concitoyens ».

Les Egyptiens ont donné leur propre nom aux Polonez qu’ils fabriquaient. C’est pourquoi encore aujourd’hui on peut voir des voitures portant le nom de NasrPolonez 1500 et NasrPolonez MR’89.

« Ce sont des voitures puissantes et rapides qui ont connu leur apogée dans les années 90. En Egypte, elles sont particulièrement appréciées pour leur solidité et dans les conditions particulièrement difficiles du pays il est étonnant de voir que ces voitures sont toujours bonne à l’usage » indique Khalid Anani, un conducteur cairote. Et Ahmed Hamdi d’ajouter en rigolant : « La pièce la plus importante de la Polonez égyptienne, c’est le klaxon ! ».

Dans un pays pauvre comme l’Egypte, l’achat d’une voiture est encore un investissement important. Dans les petites annonces locales, on trouve des Polonez – les premières datant du début des années 80 – qui selon leur état peuvent valoir de 8,000 à 12,000 Livres égyptiennes (1,000 à 1,500 euros). Les modèles très récents peuvent coûter un peu plus cher. Consolation pour les conducteurs, le prix des carburants. 1 Livre égyptienne le litre, soit 10 centimes d’euros !

Les Egyptiens sont reconnus pour leur fidélité en matière d’automobile. Ils ont longtemps aimé et chéri leurs Polonez. Malheureusement, on trouve de plus en plus souvent ces voitures au pédigrée polonais abandonnées par leurs propriétaires dans des petites rues où elle finissent par être attaquées par la rouille. « C’est le type même de voiture que l’on peut exploiter à la limite. Maintenant ce sont principalement des plombiers et des charpentiers qui les utilisent, les chargeant littéralement jusqu’à la gueule » explique Khalid Anani.

La Polonez n’était pas la seule voiture polonaise exportée dans le pays. A la fin des années 60, on a commencé à vendre à l’Egypte des Zuk et des Nysa, et dans les années 70 des PF 125p. Au total ce sont près de 22 mille « Duzy Fiat » qui ont été envoyés sur les rives du Nil.

L’achat de la licence auprès de Fiat s’est avérée être très rentable pour les autorités polonaises. Elle a permis au pays de faire rentrer des devises en exportant des voitures alors que la société italienne ne prévoyait pas que la Pologne puisse vendre sa production sur des marchés étrangers. Les Zuk et Nysa avaient également une bonne réputation sur les rives du Nil. Les premiers étaient utilisés par les sapeurs-pompiers locaux ou pour le transport de personnes, les seconds comme ambulance, peints en blanc avec un croissant rouge sur les côtés. Le Zuk a même eu le droit à son nom égyptien « Zuk Ramzes » et on le compare aux pyramides : « Ils sont vieux, tombent en ruine, mais ils sont encore là ! ».

Lu sur :
http://moto.onet.pl/1673665,1,kariera-poloneza-pod-piramidami-egiptu,artykul.html?node=13
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #FSO, #Polonez, #Export, #Egypte, #Témoignage