Comment et pourquoi les habitants de l’URSS et de la Russie aiment tant améliorer et personnaliser leurs voitures ? Le « tuning » est apparu en URSS parce que les voitures soviétiques semblaient imparfaites à des conducteurs tatillons. Certes, ces passionnés étaient loin d’avoir tous des diplômes d’ingénieurs ou le sens de la mesure. Beaucoup de leurs améliorations ne faisaient que gâcher leur voiture – à la fois extérieurement et intérieurement. De nos jours, un grand nombre d’entre elles sont qualifiés par une expression qui en dit long. Le « Kolkhoze tuning ».
Il est impossible de déterminer quand tout cela a commencé et d’ailleurs, il n’y probablement pas de précurseur au sens propre. Le processus qui a abouti à vouloir transformer de banales « Kopeïka » ou « Semerka » (VAZ-2101 et VAZ-2107) en monstrueux véhicules tuning avec des spoilers en plastique et des tuyaux de poêle en guise de pot d’échappement a été long et sinueux, mais de nombreux conducteurs soviétiques y ont pris part. Le site Motor.ru a décidé de lister les modifications les plus en vogue dans l’URSS d’hier mais aussi dans la Russie d’aujourd’hui.
URSS-1) Les phares.
Les débuts ont été assez étonnants. A peine les premières voitures particulières étaient mises en vente libre que les conducteurs soviétiques détectaient leurs défauts. Par exemple, l’intérieur des phares peu étanches se couvrait de buée. L’humidité qui s’accumulait contribuait à la détérioration par corrosion du réflecteur et à la réduction de la durée de vie des ampoules. Mais qui dit problème dit solution. Ce n’est peut-être pas la plus évidente, elle pourra sembler bizarre, mais elle est efficace. Elle consiste à verser du liquide de frein dans les phares ! En raison de ses propriétés absorbantes, il réduit l’humidité et évite aux propriétaires les problèmes évoqués plus haut.
Des phares rouges à l’avant ! Du temps de l’URSS, le liquide de frein le plus fréquent était de couleur rouge. Désormais, il est plutôt de couleur de couleur ambrée.
URSS-2) Les rideaux.
Les soviétiques, possédant une voiture particulière, ont longtemps cherché un moyen de se cacher et cacher leur intérieur aux regards extérieurs. Les vitres teintées étaient essentiellement l’apanage des voitures des cadres du Parti. C’était un moyen d’affirmer son statut. Les films permettant de teinter les vitres n’étaient donc pas disponibles au commun des mortels, mais les simples conducteurs ont trouvé une solution. C’est ainsi qu’en URSS les rideaux ont fait leur apparition aux fenêtres des voitures particulières. Ce n’est pas vraiment du « Kolkhoze tuning » (certains réussissant à assortir les rideaux à la teinte de la carrosserie), mais cela pouvait sembler bizarre.
De nos jours, avec l’interdiction des vitres teintées, il ne serait pas étonnant de voir réapparaître ces rideaux sur les routes en Russie.
URSS-3) Le pommeau de levier de vitesse.
Une des fiertés du conducteur soviétique était son pommeau de levier de vitesse fait-maison. Ce ne sont peut-être pas des œuvres d’art mais c'était un véritable moyen d’expression puisque la plupart de ces pommeaux étaient des pièces uniques. Ce n’est pas grave si ces « roses en cristal » n’étaient que des morceaux de plexiglas sculptés ou que ces morceaux d’ambre précieux n’étaient qu’un simple insecte attrapé par son propriétaire et coulé dans de l’époxy. Le plus important était ce sentiment d’embellissement. Une erreur était toutefois facilement commise : la forme mal étudiée de ce pommeau pouvait entrainer une gêne sérieuse pendant la conduite.
URSS-4) La suspension.
L’une des modifications les plus « raffinées » en Union Soviétique était de relever la suspension à l’arrière. La plupart des voitures de l’époque devaient réaliser des miracles dans la vie quotidienne : transporter le maximum de marchandises d’un point A à un point B. Mais afin de ne pas éveiller les soupçons des fonctionnaires de la police de la route ou ne pas laisser des pièces tomber sur la route, la garde au sol devait rester à un niveau acceptable.
Il existe trois solutions. Mettre un insert en caoutchouc entre le ressort à lame et son attache (on le fait encore aujourd’hui), doubler le nombre de lames de ressort (la capacité de chargement augmente de manière significative mais la suspension est excessivement raide) ou monter un ressort à lame provenant d’une autre voiture (avec plus de lames ou offrant une plus grande rigidité).
La troisième solution permet d’augmenter la charge utile tout en conservant une garde au sol acceptable. Mais en charge la suspension est parfois très raide et même à basse vitesse en ville, la voiture peut se comporter de manière imprévisible. Cette suspension arrière surélevée peut aussi avoir une mauvaise influence sur l’aérodynamique de la voiture et le déplacement du centre de gravité vers l’avant peut poser problème au freinage.
La fabrication de ces « écarteurs » de lames avait fini par être une activité lucrative : on proposait jusqu’à récemment des « solutions clés en main » pour la majorité des modèles russes. On pouvait acheter ces « écarteurs » sur le marché ou dans des boutiques spécialisées et les installer dans n’importe quel garage.
Si la mode de l’arrière surélevé a survécu à la chute de l’URSS, la Russie a pu être inondée par un certain nombre de produits pour personnaliser sa voiture qui, s’ils avaient existé à l’époque, auraient suscité la jalousie entre les conducteurs soviétiques.
Russie-1) Les vitres teintés.
Dans les années 1990, la tendance était à s’isoler au maximum du monde extérieur. C’est pourquoi les vitres teintées étaient devenues l’attribut indispensable de tout « tuner » qui se respecte. Et si ce n’est plus d’actualité, ces années-là, les vitres teintées pouvaient vous sauver la vie ! Le pire, c’est que l’on peut poser un film sur tout ce qui est en verre : les feux arrière, les clignotants. Cela ne participe pas à la sécurité routière mais, encore heureux, teinter les phares avant est encore une pratique rare.
70%. C’est le minimum de transparence requis par la législation pour le pare-brise et les vitres latérale des portières avant. En conduisant une voiture qui ne respecte pas cette norme, on s’expose à une amende de 500 roubles et une immobilisation du véhicule avec démontage des plaques d’immatriculation.
Russie-2) Le ventilateur.
Les premières voitures russes équipées de la climatisation ne sont apparues que très récemment. Sur les routes de Russie, roulent encore des millions de voitures où la « clim », se limite au chauffage. Si en roulant on peut faire entrer un peu d’air à l’intérieur d’une Jigouli, dans les embouteillages le seul échappatoire à la chaleur est un petit ventilateur branché à l’allume-cigare. Les principaux utilisateurs de ce dispositif sont les conducteurs de « Marchroutkis » - les minibus GAZelle – et de vieux camions.
Russie-3) La poupée sur la boule d’attelage.
Selon la légende, une tête de poupée sur la boule d’attelage la protège de la corrosion et constitue un excellent élément décoratif. De plus, en faisant le bon choix, on peut amuser le conducteur de la voiture qui suit !
Russie-4) La bande antistatique.
De nombreux conducteurs vissent à la carrosserie une bande de caoutchouc qui touche le sol. Ils considèrent qu’elle est censée réduire le risque d’inflammation des vapeurs d’essence par l’électricité statique qui s’accumule à l’arrière. Donc, plus vous mettez de bandes et moins la voiture a de risque d’exploser. Ce n’est qu’une légende car les pneus sont déjà un bon isolant !
Russie-5) Le disque compact.
Un CD ordinaire a toujours été un moyen efficace d’échapper aux radars de la « GAI ». Un disque accroché au rétroviseur ou coincé dans le joint de pare-brise était censé réfléchir ou diffracter les ondes du radar. Cela n’a toutefois jamais été prouvé scientifiquement.
Russie-6) L’échappement.
Le principal attribut du « Kolkhoze tuning » moderne a été et reste un échappement assourdissant. Un échappement ne respectant les normes de bruit - au mieux acheté sur le marché, au pire fabriqué par son propriétaire avec tout ce qu’il a à portée de main – permet d’attirer l’attention. Il y a bien sûr des équipement professionnels, mais la grande majorité des voitures « tunées » roulant sur les routes russes n’en disposent pas.
Lu sur : http://motor.ru/articles/2012/07/27/sssrtuning/
Adaptation VG