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Quand le couvercle s'est refermé sur FSO, les passionnés d'automobile sont devenus fous. Les commentaires qu'ils ont fait suite à l'annonce de cette fermeture étaient remplis de larmes et de regrets : tant d'années d'expériences, d'investissements et de "plans de sauvetage".... pour rien.
Sur les forums internet beaucoup se sont exprimés et ont donné leur avis. La plupart des intervenants se soulevaient contre la stupidité des autorités et proposaient leur propre plan pour guérir "l'industrie automobile polonaise". Comme Dacia ou Skoda, il suffirait de trouver un investisseur étranger plus "musclé" et de construire une nouvelle version de la Maluch, de la Polonez, de la Syrena ou de la Warszawa. Et des centaines d'internautes de répondre qu'elles "se vendraient certainement très bien". Simple, n'est-ce pas ? Et pourtant...
La mort ou "la mise en hibernation prolongée" de FSO, comme certains veulent encore le croire, est avant tout le drame des ouvriers employés à Zeran. Ce sont eux qui souffrent le plus de la liquidation de leur usine et qui peuvent être inquiets de leur sort. Pourtant, alors que la plupart des gens se définit comme de "vrais fans de l'industrie automobile polonaise", combien seraient encore aujourd'hui prêt à acheter polonais ?
Cette curieuse idée de faire renaître la Maluch, la Polonez ou la Syrena ne peut masquer les réelles intentions de ceux qui l'ont lancée. Personne ne peut s'élever contre l'idée de sauvegarder de l'emploi ou montrer au monde que les Polonais ne sont pas pire que les Roumains ou les Tchèques. Mais la comparaison de FSO avec Dacia ou Skoda s'arrête là. A l'aube des années 90, ces deux constructeurs étaient en mesure d'offrir aux investisseurs étrangers quelque chose que FSO ne pourra jamais donner : une marque reconnaissable sur de nombreux marchés. Malheureusement, la plupart du temps, plutôt que d'exporter vers les pays du bloc soviétique la Polonez relativement moderne, FSO s'est borné à envoyer principalement des Polski-Fiat, faisant de facto la promotion de l'automobile italienne...
Outre les énormes efforts liés à la conception et au lancement de la production de ces nouvelles Maluch ou Polonez, un logo FSO aurait pour les Tchèques, les Slovaques, les Roumains, les Allemands ou les Espagnols, le même effet que celui d'une marque chinoise en Pologne... Cela constituerait un saut dans l'inconnu.
Compte tenu de ce qui précède, un constructeur désireux de construire des voitures sous la marque FSO aurait donc besoin de restreindre ses propres ventes en Pologne. Malgré tout, comme le suggèrent les intervenants des divers forums, ces nouvelles Maluch ou Polonez auraient-elles une chance de devenir des best-sellers sur leur propre marché ? En tant que propriétaire de plusieurs voitures produites à Zeran (y compris une Polonez Caro et une Polski-Fiat 125p), je me permets d'en douter...
Ce n'est pas bien de dire du mal des morts, mais je ne peux cacher ce que je pense des voitures produites dans notre pays. Par exemple, pour posséder une FSO, il faut une certaine dextérité manuelle. Les voitures polonaises ont fait de moi un mécanicien amateur ! Comme tout propriétaire de "Kanciak" (125p) ou de "Poldek" (Polonez), je peux les yeux bandés démonter et remplacer les freins, le pot d'échappement, un croisillon de cardan, l'embrayage ou l'allumage. Les productions de FSO m'ont aussi appris la confiance en soi et la pensée créatrice. Grâce à elles, je sais qu'un élastique de culotte permet de verrouiller une portière, qu'un balai permet de débloquer un démarreur ou qu'une pièce de monnaie peut remplacer un fusible. Pour couronner le tout, la Polonez m'a permis d'apprendre le métier de carrossier et de peintre.
Et même si je sais que dans de nombreux cas les Polonez ou les "Duzy Fiat" (125p) ont dépassé sans réparations majeures les 200 ou 300 mille kilomètres, je regrette qu'à l'étranger le nom de Polonez soit le plus souvent associé à la vodka (la marque "Polonaise"). Le souvenir que FSO produisait des voitures de mauvaise qualité ne pourrait donc aller qu'à l'encontre d'une relance de la marque. Je parie même que les conducteurs qui n'ont pas entendu parler de "Kanciak" ou de "Poldek" que par leurs parents ou qui sont habitués aux armes de destructions massives (voilà comment on désigne les transports en commun en Pologne) n'achèteraient quand même pas cette nouvelle voiture polonaise.
Car c'est un fait. Si on se souvient aujourd'hui avec émotion de ces voitures, l'expérience nous a appris, qu'il vaut se tenir loin d'elles... Vous ne me croyez pas ? Faites le test et demandez à vos amis combien seraient prêts, même par devoir patriotique, à acheter une future FSO !
Lu sur :
http://www.poboczem.pl/naszym-zdaniem/news-polonez-kojarzy-sie-bardziej-z-wodka-niz-samochodem,nId,435143
Adaptation VG