En farfouillant sur internet, un bloggeur est tombé sur une photo passionnante prise à Seattle, dans l'état de Washington. La Lada 110 qui figure sur cette photo porte une plaque du même état des Etats-Unis. Importer une voitures étrangère sur le sol américain n'est pas si simple. Cela coûte souvent beaucoup d'argent et l'affaire n'est donc pas rentable. La 110 a-t-elle donc été homologuée par AvtoVAZ pour rouler au States ? Sans doute pas... Par contre, il se faut se rappeler que la marque russe a été régulièrement importée de l'autre côté de la frontière, au Canada.
C'est en 1977, qu'est signé un contrat de cinq ans pour l'importation de la marque Lada au Canada. En mai 1978, le premier lot de VAZ-2106-37, la version spécifique au marché canadien, traverse l'Atlantique. Elles étaient déchargées dans le port de Darmouth en Nouvelle-Ecosse puis acheminées dans le réseau de la compagnie "Lada Cars of Canada" dont le siège social était situé à Ajax dans l'Ontario. La première année, l'importateur a réussi à vendre environ 1,000 voitures. En 1978, le chiffre était porté à 5,649 véhicules. En 1981, ce ne sont pas moins de 12,900 voitures qui étaient vendues. La marque rencontrait un beau succès. Les Canadiens eux-mêmes étaient tout à fait disposés à acheter ces voitures soviétiques jamais vues auparavant. C'était d'ailleurs un bon choix : la Lada était la voiture la moins chère sur le marché canadien et en plus, ce n'était pas la pire ! Ses principales concurrentes étaient les Skoda tchécoslovaques et la Dacia roumaine. Au Canada, il y avait 43 concessionnaires et ils vendaient en moyenne 1,000 voitures par mois.
Les Canadiens pensaient que pour inonder le pays avec leurs voitures, l'URSS vendait ses voitures délibérément en dessous de leur prix de vente réel. L'Union Soviétique avait absolument besoin de devises fortes et ce dumping était le seul moyen de réaliser des chiffres de ventes élevés sur un marché du neuf particulièrement concurrentiel.
Extérieurement cette Lada "nord-américaine" diffère de la version standard par ses pare-chocs à absorption d'énergie au dessin original. Cette modification n'est pas le fait du désir de faire plus riche, mais seulement obligatoire pour se mettre en conformité avec les normes de sécurité en vigueur en Amérique du Nord. Autre différence, le bloc clignotants/feux de position est désormais totalement orange et les clignotants arrière passent au rouge. Les catadioptres d'ailes arrières sont remplacées par des feux de gabarit. Lorsqu'on allume les feux de croisement, ils s'allument tout comme les répétiteurs de clignotants sur les ailes avant. A l'intérieur le tableau de bord reçoit à gauche de la pendule, un témoin indiquant que les ceintures de sécurité ne sont pas bouclées. Un témoin "Check-engine" fait également son apparition. Il signale le bon fonctionnement du catalyseur.
Ces VAZ-2106-37 avaient également un système de freinage modifié. On le retrouvera plus tard sur les autres modèles de la marque. Très bien équipée, elle n'offrait que peu d'options. On pouvait commander un volant cuir, un pommeau de levier de vitesses en bois ou en cuir, une radio AM/FM, des jantes alliages et des tapis de sol. Elle disposait d'une garantie usine de 12 mois ou 20,000 miles (au premier terme échu).
En 1979, voyant le succès des ventes de voitures soviétiques chez le voisin canadien, la société américaine Satra Industrial Corp de New-York décide de commencer (*) à vendre les Lada aux Etats-Unis. Mais les plans de sont compromis lorsqu'en décembre 1979, l'Armée Rouge pénètre en Afghanistan et que le Congrès américain décide de bloquer toutes relations commerciales avec l'URSS. De plus, les Américains, ne pouvaient pas acheter une Lada au Canada et la ramener aux USA car la voiture ne passaient pas les normes américaines en matières d'émission polluantes.
Au Canada aussi, en cette période trouble pour les relations entre l'Est et l'Ouest, rouler en Lada n'était pas forcément bien vu. On raconte que certaines stations services refusaient de faire le pleins de ces Lada ou qu'un homme d'affaire s'était vu interdire par sa direction de garer sa voiture soviétique sur le parking du siège social de sa compagnie.
Par la suite, la Niva a aussi connu un beau succès et en 1990, la Samara a été lancée au Canada. Les ventes ont été abandonnées en 1997 en raison de la forte concurrence des constructeurs coréens et en raison du caractère obsolète de ces voitures russes. La VAZ-2106-37 "export" a aujourd'hui une très grande valeur et il est particulièrement recherché par les collectionneurs et les amateurs de Lada classiques car c'est le modèle le plus rare de la gamme VAZ-2106.
Vu sur : http://samsebeskazal.livejournal.com/96978.html
Voir aussi cette page, évoquée sur ce blog : http://www.oldcarscanada.com/2010/05/1980-lada.html
Adaptation VG
(*) nouvelle tentative puisqu'on sait que Satra a présenté la marque au Salon de
New-York quelque années plus tôt ? Voir :
http://autos.groups.yahoo.com/group/Sovietauto/message/3920