Nous avons déjà publié quelques brèves informations sur le nouveau camion russe, le GAZ Ermak. Nous comparions alors cette nouveauté au légendaire GAZ-51. Nos lecteurs ont laissé plus d'un millier de commentaires dont certains étaient plus que sarcastiques. Pourquoi est-il si court ? Pourquoi mettre tant de chromes sur un véhicule utilitaires ? Pourquoi monter un moteur diesel importé ? Les lecteurs du site Auto@mail.ru espéraient sans doute avoir des réponses à toutes leurs questions. Et aussi incroyable que cela puisse être, GAZ a pris en compte toutes ces remarques et commencer à améliorer son petit camion !
Ceux qui ont connu l'économie planifiée et les grands kolkhozes pourront en attester : avant l'apparition de la GAZelle, la majorité des camions produits par GAZ étaient utilisés dans les zones rurales. Ces utilitaires, surnommés "gazons", étaient appréciés pour la simplicité de leur construction, une garde au sol impressionnante, des capacités de franchissement confortables et une vivacité extraordinaire : ils n'avaient ni peur des mauvais carburants ni de la surcharge permanente. Avec l'effondrement de la production agricole, les ventes de "gazons" ont chuté de manière catastrophique. Si à la ville les petits transporteurs, qui n'avaient pas les moyens de s'acheter des véhicules étrangers, se sont rabattus sur les premiers ZiL Bitchok puis sur les GAZ Valdaï, à la campagne on a continué à utiliser des archaïques GAZ-53... Ce n'est que récemment que GAZ s'est décidé à développer sérieusement un camion de moyen tonnage destiné à la campagne.
Ce nouveau modèle porte le nom de Ermak. Il s'agit en fait d'un "mécano" constitué de "cubes" plutôt anciens. Et comme, chez GAZ on avait beaucoup de "cubes", on a décidé de créer une gamme complète constituée de deux modèles propulsion et d'un à quatre roues motrices. A quoi ressemble ce Ermak ? Si en photo il ressemble à une GAZelle élargie et surélevée avec un long capot, en vrai il parait beaucoup plus harmonieux. L'ensemble capot/calandre en plastique s'accorde bien à la cabine bien connue de la GAZelle et du Valdaï.
Mais on ne peut pas se tromper en voyant cette cabine... Les feux sur le toit signifient que le Ermak entre dans la catégorie des camions ayant un PTAC entre 3,5 et 12 tonnes. Ces feux de gabarit sont obligatoires. Est-ce que cela signifie qu'on ne peut conduire le Ermak qu'avec un permis poids-lourd ? "Non, non ! - s'est exclamé un représentant de GAZ - Le camion blanc peut être conduit avec un permis voiture car son poids total en charge ne dépasse pas les 3,5 tonnes". C'est d'ailleurs celui qui nous avons choisi après avoir lu sa fiche technique pour une prise en main : propulsion, charge utile de 2 tonnes, moteur 2,8 Cummins turbodiesel de 120 ch.
Il est facile de monter à bord grâce au large et solide marchepied. Toutefois les conducteurs plus âgés pourront se plaindre de l'absence de poignée de maintien car pour s'installer sur le siège conducteur il faut s'accrocher au volant. Nous n'avons pas trouvé d'autres problèmes d'ergonomie : on est assit haut et on peut voir très loin. On a tout de même un étrange sentiment. Un sentiment de déjà vu. Bien-sûr ! Tout l'intérieur vient du Valdaï et le tableau de bord provient de la GAZelle d'ancienne génération. Il n'est donc pas la peine de rediscuter des avantages et des inconvénients de l'aménagement intérieur : la majorité des Russes les connaissent déjà.
Mais pourquoi ne pas avoir installé le tableau de bord de la "Business" plutôt que l'ancien tableau de bord ? Celui de la Business est très bien dessiné et très fonctionnel : le conducteur et les passagers disposent de trois portes-gobelets, d'un cendrier avec allumage-cigare et de plusieurs compartiments de rangements. Chez GAZ, on indique : "Il ne s'agit que de modèle de pré-série, et il n'est pas exclu que les modèles commercialisés soient équipées d'un autre intérieur, comme celui de la GAZelle Business".
Il y une chose qui nous a beaucoup plu. A la place de l'habituel levier de vitesse, on trouve sur le Ermak un "joystick" ! Et même s'il paraît placé trop bas (c'est une caractéristique des voitures de pré-séries), ce type de sélection sur un camion russe est un phénomène nouveau. Par contre, on trouve un vieux Neiman, côté gauche, positionné exactement en face du genou. Un tour de clé et le moteur turbodiesel Cummins d'origine chinoise s'ébranle. Comme l'indiquent les créateurs du Ermak, il n'y a pour l'instant pas d'autre moteur proche en caractéristiques et en coûts. Mais on promet que dans le futur des moteurs YaMZ-530 feront leur apparition sous le capot.
Le Ermark commence à rouler lentement sur la piste d'essai enneigée. Chargé il se déplace de manière régulière sur le second rapport, mais les roues arrières commencent à patiner... Il est temps de passer la troisième. L'occasion de voir le principal défaut du Ermak. La boîte cinq vitesses est franchement dure et il est difficile d'enclencher les rapports. C'est un problème connu. Déjà sur les "gazons" la seconde et la troisième étaient horriblement difficiles à passer... Pourtant le Ermak dispose d'une boîte ZF ! Comment est-ce possible d'avoir de tels défauts avec la boîte d'un des maîtres en la matière ? Il semble que sur ces prototypes les câbles de sélection soient trop longs. Sur les modèles de série ils seront raccourcis et tout devrait rentrer dans l'ordre.
Si les "gazons" n'étaient pas connus pour épargner le dos de leur conducteur, le Ermak est plus confortable et permet même de rouler sur des pavés ou sur la terre à la vitesse décente de 60 km/h. Et plus il est chargé et plus il est confortable grâce aux ressorts à lames courts à l'avant. On peut aussi compter sur les freins (le système est pneumatique et équipé de l'ABS) lors d'un freinage d'urgence sur route verglacée. Le Ermak se comporte bien et l'on peut maîtriser la trajectoire. La réserve d'air est suffisante. Le camion réagit de manière sensible au toucher de pédale mais sans nervosité excessive.
Pas de surprise côté performances. Le Ermark 3,5 tonnes rappelle la GAZelle diesel : le moteur Cummins est incroyablement silencieux, on entend à peine le sifflement du turbo, il accélère bien sur chaque rapport et sa vitesse maximale est identique (110 km/h). La version 7,5 tonnes offre les mêmes impressions avec son moteur plus puissant. Le moteur Cummins est le même, mais il a été poussé à 152 chevaux. D'ailleurs, il faudrait baisser la puissance de 152 à 149 chevaux, pour que la taxe payée par son futur propriétaire soit moins élevée.
Passons enfin à la version quatre roues motrices. A la place du levier, qui effraie généralement les débutants en matière de 4x4, le Ermak dispose de boutons permettant d'enclencher le pont avant et le réducteur. Dommage qu'il n'y avait pas plus de neige pour tester toutes les capacités du Ermak ! Mais sur la route légèrement enneigée, ses possibilités dépassent largement le seuil de crainte du conducteur. Vous commencerez à avoir peur avant même de pouvoir réellement rester "planté". Et même les autres journalistes, qui en désespoir de cause sont allés faire un tour au bord du marais, sont revenus sains et saufs.
Après tout cela, il est donc naturel de se demander ce qui n'a pas plu à nos lecteurs dans ce Ermak. Ils se sont par exemple plaints des enjoliveurs très laids ou des chromes. Ils ont aussi regretté la carrosserie trop courte, en particulier pour un usage agricole. Ils ont détesté les boucliers en plastique. Chez GAZ on ne reviendra pas au pare-choc métallique... ils font partie du passé. Par contre on s'est débarrassé des chromes et on prépare des versions à empattement plus longs. Plusieurs longueurs seront donc disponibles en série. De plus, l'usine sera en mesure d'adapter divers équipements spéciaux : de la citerne au chasse neige.
Mais pour être totalement honnêtes, nos lecteurs ont aussi posé des question provocatrices : les Ermaks tomberont-ils tout le temps en panne et rouilleront-ils rapidement comme les GAZelles ? Chez GAZ on répond qu'on a réussi à vaincre la rouille. Depuis février 2010, les châssis et la carrosserie sont galvanisées et le processus de cataphorèse a été modernisé. Et comme le Ermark dispose d'une cabine de GAZelle il n'aura pas de problèmes de corrosion. De plus toute la partie avant est en plastique. Il n'y aura pas de rouille. Les pannes aussi sont un mauvais souvenir : en amont de la création du GAZelle Business, l'usine a travaillé avec les fournisseurs pour supprimer tous les défauts et a revu ses processus de contrôle de la qualité.
Mais il ne faut aller trop vite. Ce n'est que lorsque le Ermak sera produit en série et que nous constaterons qu'il est sans défaut que nous pourrons crier victoire. D'ailleurs, certains défauts ne pourront pas être corrigés : la cabine de GAZelle a plus de quinze ans et on ne sait pas encore quand on commencera à fabriquer la nouvelle et l'usine achète ses moteurs et ses boîtes de vitesses à l'extérieur, ce qui augmente sensiblement le prix de vente. Les simples conducteurs auront donc leur mot à dire sur la qualité de la production de GAZ... Mais on voit que le constructeur est sensible aux remarques et il a déjà pris en compte certaines d'entre elles. Continuez à écrire, donc !
Légende des photos :
- La photo met en perspective l'histoire des camions GAZ : à gauche GAZ-3307 (de 1989 à nos jours), à droite GAZ-53 (1961-1993). Manque le premier de la lignée, le légendaire GAZ-51, auquel le Ermak ressemble le plus.
- Le dessin de l'Ermak rappelle les anciennes générations de GAZ : la calandre évoque le GAZ-3307 et la forme du capot et la disposition des phares le GAZ-51.
- Pourquoi le Ermak n'a pas de roues jumelées ? Pour qu'il puisse rouler facilement sur sol boueux ou dans toutes autres conditions de faible adhérence. En série, il pourra être équipé d'un essieu arrière à roues jumelées.
- En voyant ces pré-séries nous nous sommes posés beaucoup de questions. Par exemple pourquoi les roues de secours sont installées de manières différentes ? "Nous avons étudiés diverses possibilités afin de voir quelle serait la meilleure" ont répondu les ingénieurs de GAZ.
- C'est parce qu'il s'agit d'un véhicule de pré-série qu'on trouve cette radio bizarre et les commandes de chauffage montées négligemment. Il faut espérer que les modèles de série n'auront pas ce genre de défauts.
- A gauche, le "joystick" qui sert à passer les vitesses. A droite, on voit l'une des deux jauges de pression pneumatique. Elles sont installées de chaque côté de la colonne de direction. Il faut donc se tordre le cou pour les contrôler.
- Le principe de construction modulaire est utilisé par tous les constructeurs. GAZ n'y fait pas exception : la cabine vient de la GAZelle, le châssis et les ponts du Valdaï. Lorsque la GAZelle Next sera mise en production, le Ermak et le Valdaï recevront une nouvelle cabine.
- Le camion blanc fait deux tonnes de charge utile. C'est un propulsion avec un moteur turbodiesel 2,8 litres de 120 chevaux. Comme il peut être conduit avec un simple permis, il devrait connaître un beau succès.
- Le camion bleu est aussi une propulsion. Mais avec une charge utile de 6 tonnes, son moteur est plus puissant : 152 chevaux. A noter que ces Ermark de pré-série sont assemblés soigneusement.
- Le camion rouge à une transmission à quatre roues motrices et 152 chevaux. Les ponts proviennent du camion GAZ Sadko et c'est pourquoi à la différence des autres modèles qui disposent de freins à disque, on trouve ici des tambours.
- Vous pouvez constater que le Ermak peut faire beaucoup de choses. Le camion blanc dispose d'une grue et le rouge d'une benne basculante. Dans l'avenir plusieurs versions seront disponibles, y compris une version pour les services communaux.
- Pourquoi ce Ermak était si sale ? Parce qu'il s'agit d'un véritable véhicule d'essai montré aux journalistes. Ce sont d'ailleurs les journalistes qui ont abimé le pare-choc. Les représentants de GAZ ont indiqués qu'ils allaient encore travailler sur la forme de celui-ci.
Lu sur : https://auto.mail.ru/article/36087-gaz_ermak_za_kommentarii_otvetish/
Adaptation VG