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Za Roulem possède dans son parc l'un des premiers exemplaires de Volga Siber produit par GAZ. Elle a déjà trois ans et ce n'est pas sans regret que le journal va se séparer de cette voiture à l'histoire compliquée.
Les responsables du projet Siber chez GAZ connaissaient-ils et ont-ils joué au jeu vidéo "Syberia", en perdant pied comme ses adeptes avec la réalité en achetant à Chrysler en 2006 la documentation technique et la ligne d'assemblage du modèle Sebring pour lancer, avec des modifications extérieures minimes, la production d'une nouvelle Volga ? Une Voiture dépassée ? Ils ne s'en souciaient pas car ils comptaient bien sur les aides gouvernementales. C'est à l'été 2008 que la rédaction de Za Roulem a acheté l'un des premiers exemplaires de Siber avec le moteur 2,4 litres de 143 chevaux et la boîte automatique à quatre rapports. Elle a coûté 548,700 roubles.
Ayant à peine profité de l'odeur de neuf de son habitacle, cette Siber est envoyé sur le polygone d'essais de Dimitrov, pour participer au marathon "Les 60 heures de Za Roulem". Dans le compte rendu publié ensuite, les premières remarques du journal étaient les suivantes : "Nous étions prêts à tout avec cette voiture aux commandes de climatisation ou d'essuie-glaces en simple plastique et des vibrations, informant le conducteur que le ventilateur de refroidissement vient de se mettre en route ou que la direction assistée fonctionne...". Pourtant, durant cet essai, la Siber n'a connu aucun incident et a effectué 10,442 km en 58 heures et 33 minutes à la vitesse moyenne de 173,3 km/h.
La Siber a ensuite fait l'objet d'un comparatif avec la Hyundai Sonata et la Brilliance M2. Conclusion : "La voiture ignore les ornières et elle frémit à peine à vitesse moyenne quand elle passe un gros nid de poule. Son excellente stabilité directionnelle se combine avec un excellent confort de conduite. (...) Comme on pouvait s'y attendre, sa boîte automatique à 4 rapports, dépassée selon les normes actuelles, est lente surtout pour rétrograder. Même en conduite paisible, elle monte les rapports jusqu'à 4500 tr/min. Quand on enfonce l'accélérateur, le kick-down fait rugir le moteur, mais on pourrait attendre des accélérations plus fortes. (...) A l'intérieur il faut chercher une position de conduite confortable : l'assise des sièges est basse et les jambes pendent dans les airs. Sur la banquette arrière, trois personnes seront de trop : le tunnel central gène et les têtes touchent le plafond".
Malgré ces remarques, la Siber remporte le comparatif. Elle obtient une note de 8,2 contre 8,1 pour la Hyundai et 7,5 pour la Brilliance. Les spécialistes de la rédaction ont relevé les "+" suivants : siège conducteur confortable, coffre volumineux, bonne visibilité, tenue de route précise. Les "-" : faible garde au sol, vibrations dans le volant, absence de régulateur de vitesse.
A l'hiver 2008, la Volga prend la direction du gel. Elle est essayée par grand froid lors d'un voyage vers Veliki Oustioug. "Le matin, quand le thermomètre indiquait une température de -33°C, vouloir partir pouvait sembler quelque peu hasardeux. Allait-elle démarrer ? La Volga ne montre aucun signe de vie : la batterie n'a duré que pour deux brèves tentatives. Il faut dire que déjà par -20°C le démarreur avait montré quelques signes de faiblesse. Impossible de démarrer : le démarreur ne tourne pas à la vitesse nécessaire. Ce n'est qu'après avoir poussé ce bloc de glace, c'est-à-dire la Siber, dans un box, et après avoir été réchauffée qu'elle a enfin pu démarrer". Malgré cela la Siber a pris la deuxième place de ce test en ce qui concerne la vitesse de montée en température dans l'habitacle.
Et la climatisation alors ? Par +40°C à Akhtuba, la Siber s'est faite remarquée par le manque de fraîcheur au place arrière. Et comme l'écrivait Za Roulem : "A la fin de l'essai nous avons été tentés d'écrire sur le tableau de bord avec le doigt : "Il faut un filtre d'habitacle !".
Pour le journaliste qui a vécu pendant 3 ans et 60,000 km avec la Siber, cette voiture a été une révélation. Il n'avait jamais conduit de "voiture américaine" et il était plein de préjugés. Les premiers jours avaient renforcé son scepticisme. "La température avait chuté en dessous de zéro et j'ai constaté que le chauffage ne fonctionnait pas et que ses commandes avait même perdu leur rétro-éclairage. Pourtant le soir-même tout était rentré dans l'ordre. La semaine suivante, avec la Siber j'ai joué à "Chaud, Très chaud et Froid". Le défaut revenait de manière intermittente.... sauf quand je tapotais sur le tableau de bord. J'ai donc essayé de résoudre le problème par moi-même. J'ai pris un manuel de réparation de "Chrysler Sebring", démonté le tableau de commandes, nettoyé les contacteurs électriques et après remontage... ô surprise ! L'éclairage fonctionnait et il faisait de nouveau chaud dans la voiture !".
C'est la seule panne qu'a connu la Siber durant ces trois années. Le reste, ce ne sont que des petites choses. "Remplacement sous garantie de la pompe à essence. Elle fonctionnait normalement mais le capteur de la jauge de réservoir indiquait que le réservoir était vide alors qu'il était plein. C'est une maladie bien connue des propriétaires de Sebring. Il n'y a pas eu de rappel et les garages attendaient que le problème se manifeste pleinement. Lors de la révision des 45,000km la courroie de la pompe de direction assistée et les plaquettes de freins ont été remplacés. Les vibrations du moteurs continuent à remonter dans le volant, lorsque la voiture est à l'arrêt avec la boîte en position D. Cette maladie de Parkinson est connue et inhérente à la plupart des voitures vendues. Il faut l'accepter...".
Depuis cette révision, la voiture a fait 15,000km de plus et le compteur indique 60,000km. La Volga vieillit : les démarrages à froid sont plus difficiles, les freins moins efficaces et la carrosserie commence à jaunir. Mais elle vieillit bien. L'habitacle parait toujours frais, la sellerie et le volant ne sont pas usés. Les parties roulantes sont à louer : pas de grincements et pas de chocs de suspension. Les dépenses sont restées limitées : remplacement des essuies-glaces et d'ampoules. Cette Siber va quitter le parc de la rédaction de Za Roulem dans la force de l'âge. Son heure est passée. Selon le journaliste, le principal défaut de cette voiture est la consommation élevée. Et ces dernières années, le prix des carburants a beaucoup augmenté !
La Siber aurait du devenir la voiture préférée de la police et des administrations en province. Mais, la seconde tentative de faire rouler les bureaucrates en Volga n'a pas réussi. La voiture n'a vraiment commencé à susciter l'intérêt des particuliers qu'à partir de 2010, quand le programme de prime à la casse a été mis en place et que la région de Nijni-Novgorod a offert une prime de 100,000 roubles supplémentaires son achat. Il y a même eu des listes d'attente pour elle ! Mais c'était se voiler la face car il s'agissait d'une grande braderie pour se débarrasser des stocks de pièces s'amoncelant dans les entrepôts de l'usine. En deux ans, GAZ n'a même pas réussi à atteindre 10% des volumes de production prévus (100,000 voitures par an). Au total, il n'aura été produit entre 2008 et 2010 que 8933 exemplaires de Siber. Le 31 octobre 2010 sa production a officiellement pris fin. Game Over...
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/370999-volga_siber_proshhaj_strana_cajberija/
Adaptation VG