Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Comparatif : 2 Russes, 1 Chinois.

Un tout-terrain accessible ? Sur le marché russe, le choix se limite malheureusement à trois modèles : le UAZ Patriot Sport, la Chevrolet Niva et le Great Wall Hover...

Je ne suis pas fan de hors-piste. Je ne pratique ni la chasse, ni la pêche et ne possède pas de datcha. Pourtant je conçois que l'on puisse trouver du plaisir à sortir des chemins battus. Un plaisir qui peut se rapprocher de la conduite sur circuit : le moteur qui rugit, la transmission qui hurle, les roues qui patinent et qui lancent des gerbes de boue ou d'eau sale. Histoire de voir jusqu'où peut aller la voiture...

Le UAZ Patriot Sport est haut et offre une certaine prestance. Important quand on sait que les qualités d'un tout-terrain commencent par son apparence extérieure. Le Chevrolet Niva est plus un beau break pour se rendre le dimanche à sa datcha et se destine aux amateurs de la nature. Quant au Chinois, le Great Wall Hover, c'est celui qui d'un point de vue franchissement semble le moins paré... C'est juste un break rallongé qui prétend à une certaine élégance. Que valent-ils en tout-terrain ? Pour le savoir il faut d'abord prendre la route. Un domaine qu'ils connaissent puisque ces 4x4, dans la plupart des cas, passent leur vie à la ville ou tout du moins sur des routes lisses comme des billards.

Le UAZ Patriot Sport (un nom curieux qui selon les marketologues doit être écrit en latin) est un descendant du modèle 3160 qui a fait son apparition dans la seconde moitié des années 90 et dont les racines remontaient, comme tout véhicule produit à Oulianovsk, à un demi-siècle. Nous avons été agréablement surpris par le fait que le confort de ses sièges avant surpasse largement ceux de la Niva ou du Hover. Sur ce dernier les sièges sont trop simples et trop plats. Ils sont un peu meilleurs sur la Niva mais n'ont rien d'exceptionnels. Ceux du UAZ ont une très belle forme et une assise longue et confortable.

S'installer à bord du UAZ est plus difficile que dans les deux autres car il est tout simplement le plus haut. Conséquence, c'est à son volant que la visibilité est la meilleure : les fenêtres sont plus grandes, les montants de pare-brise sont pratiquement à la verticale et les rétroviseurs sont énormes. Mais sur ce point, la Niva et le Hover n'accusent pas un très grand retard. En revanche, si les sièges du Patriot sont confortables et que la voiture est plus grande, la place reste limitée pour un conducteur de taille moyenne. Pourquoi les glissières des sièges ne sont pas plus longues ? Pour renforcer la sensation d'espace à l'arrière ? Mais justement, à l'arrière on n'aura pas envie d'y monter : la banquette est plate et le dossier inconfortable. Mais le principal problème réside ailleurs. A cause de l'empattement court et la minuscule portière, il faudra une certaine dextérité pour s'installer sans salir sur les passages de roues arrière ses vêtements. Avec trois portes, l'accès serait plus facile.

Au volant, la Niva n'offre pas grand place non plus. Un conducteur de taille moyenne devra reculer le siège au maximum, et celui de grande taille devra conduire avec les genoux bien écartés. A l'arrière, il y a moins de place que dans le UAZ mais le dessin de la banquette est meilleur. Le Hover est le plus long. Il est donc normal qu'il soit le plus habitable.

Ces dernières années, on a enfin appris à faire à Oulianovsk des tableaux de bord avec un semblant d'ergonomie. Si on oublie les commandes de rétroviseurs et de lèves-vitres qui se trouvent, on ne sait pourquoi, entre les sièges ! Le levier de vitesse est trop loin du conducteur et la commande est dure et floue. Sur la Niva, c'est un peu plus facile et c'est meilleur dans le Hover, où un interrupteur permet d'enclencher le pont avant et les rapports courts.

Dans le UAZ, l'intérieur présente bien, mais la sensation de rugosité et de manque de finition reste constante. Par exemple, il nous a été impossible de déployer le porte-gobelet. Les commandes de chauffage nécessitent une poigne de fer, même si dans la Niva c'est pareil. Il y a dix ans, lorsque nous avons vu pour la première fois la nouvelle Niva nous avions tout de suite compris qu'il s'agissait de la meilleure "Lada" jamais produite en terme d'ergonomie.

Aujourd'hui, on tirerait des conclusions un peu différentes. Elle est encore agréable mais l'ensemble est du passé. Atteindre les commandes de l'autoradio ou des rétroviseurs est très difficile. Les boutons d'allumage des phares à gauche du volant sont franchement archaïques. Même le UAZ dispose d'un bouton rotatif "normal". Le Hover est plus moderne, plus simple et confortable. On voit que l'ergonomie est mieux maîtrisée. On trouvera un peu gênant le rétro-éclairage de couleur bleu et il nous n'a pas été possible en mode automatique ou en mode manuel d'assurer un flux d'air uniforme entre le pare-brise et les jambes... C'est soit l'un, soit l'autre ! Sur ce point, les UAZ et Niva font mieux.

Le moteur 2 litres du Hover développe 122ch. Il monte en régime poussivement et la voiture accélère lentement. Il n'a pas particulièrement besoin d'une cinquième vitesse. Le débattement du levier est d'ailleurs trop grand et l'on passe facilement cette cinquième à la place de la troisième. Mais le confort acoustique est tout à fait acceptable, surtout en comparaison de ses deux concurrents. Car si la Niva est sensiblement plus bruyante, le UAZ est pire. Les bruits sont omniprésents : transmission, moteur, bruits aérodynamiques. Personne ne voudra faire des centaines de kilomètres à leur bord. La Niva est également peu vivace : 22 secondes pour passer de 0 à 100km/h. Il est difficile de trouver une voiture plus lente.

Le UAZ Patriot Sport est bien meilleur sur cet exercice. Mais il a un sérieux problème. Le tout-terrain d'Oulianovsk risque de devenir le recordman de nos mesures... Ses distances de freinages sont énormes et lors des ralentissements appuyés, la voiture tire à droite ou à gauche. Et après deux tentatives, les plaquettes des freins à disques avant sont déjà en surchauffe ! Il va falloir que chez UAZ on se mette d'urgence au travail pour remédier à ce gros défaut. Dans ce contexte, la Niva se comporte décemment, même si le chinois est meilleur. Car si son toucher de pédale est moins "instructif" et dur, il freine assez bien.

Sur autoroute, le UAZ retransmet assez fidèlement les irrégularités de la chaussée. Rien de catastrophique, mais c'est très désagréable. Dans les virages, il prend beaucoup de roulis et même pour des petites corrections de cap, il est nécessaire de faire de grands mouvements. La direction est d'ailleurs trop légère. On peut s'y habituer mais on est loin des normes modernes. Si cela peut compenser, vous pourrez sans crainte traverser des voies de tramways à pleine vitesse ! Les Niva et Hover ne sont pas non plus sans reproches : direction floue et roulis. Mais c'est plus supportable que dans le UAZ. Le Hover est un peu plus à l'aise : sa suspension se comporte mieux sur les bosses et secoue moins les passagers.

Alors qu'en est-il quand on quitte la route, par exemple pour une route forestière avec de profondes ornières et des montées et des descentes abruptes ? Après tout, c'est aussi pour cela que l'on achète ce genre de véhicule ! Pourtant, les constructeurs de ces trois modèles n'ont même pas monté des pneus tout-terrains.

Les commandes de transmission (enclenchement de l'essieu avant et rapports courts pour le UAZ, réducteur et blocage de différentiel pour le Niva) nécessitent une main confiante et expérimentée. Ce n'est pas passé ? Essayez de faire bouger la voiture d'avant en arrière... Et maintenant ? Sur le Hover c'est beaucoup plus simple avec le bouton rotatif. Il n'a pas l'air bien solide, mais au moins cela fonctionne ! Une fois la manoeuvre effectuée, le UAZ sera le moins inquiet dans ces conditions difficiles : la garde au sol élevée et les portes à faux courts seront bien utiles. Avec le bon rapport enclenché cela devrait passer tout seul, mais il faut reconnaître que le UAZ est difficile à conduire même en tout-terrain. Le problème est le même que sur route : la direction manque de réactivité et est peu informative. La Niva n'est pas meilleure : les soubassement frottent facilement et quasiment "planté" les roues patinent. Dans des ornières sèches cela aurait été sans doute encore pire. Mais elle est plus facile à conduire : la voiture change plus facilement de trajectoire et réagit franchement aux coups de volant. Le Hover nous a étonné. Nous avions pourtant une corde en réserve dans le coffre du UAZ. Il n'en a pas eu besoin. Si sa garde au sol n'a pas été suffisante, la troisième courte a fait des miracles avec son moteur peu puissant. Il se comporte mieux que la Niva et est beaucoup plus facile à conduire que le UAZ.

Nous nous sommes arrêtés quand nous avons réalisé que seul passerait un camion Ural à six roues motrices. Avec les pneus de route, essayer de continuer aurait été une pure folie. Bilan des courses : une protection de carter moteur déchirée sur la Niva, la trappe cachant le crochet de remorquage arrachée sur le Hover. Le UAZ a moins souffert... même si tout à coup tous les voyants se sont éteints au tableau de bord... Un mystère qu'on ne peut sans doute pas imputer à notre partie de tout-terrain.

Le UAZ est traditionnellement considéré comme une voiture ayant une garde au sol gigantesque. Ce n'est que partiellement vrai car sous le pont avant, la garde au sol n'est que de 200mm, comme sur la Niva, soit 10mm de plus que sur le Hover. Sous l'échappement on est à 340mm contre 240mm sous la boîte de transfert de la Niva et 15mm de moins sur le Hover. Et étonnement, le carter de pont arrière culmine à 210mm pour le UAZ et la Niva et 215mm pour le Hover ! Mais pour les angles d'attaque, le UAZ est hors-concours...

Honnêtement nous ne attendions pas à ce que le Hover se comporte de manière si honorable. Les Chinois fabriquent un tout-terrain très décent. Il n'est pas sans défauts, mais qui n'en a pas ? Il coûte par contre beaucoup plus cher que la Niva. Cette dernière n'est pas mauvaise non plus. Et pour ce prix, elle est un bon compromis entre capacités de franchissement et comportement routier.

Du UAZ nous n'avons rien appris de franchement nouveau. C'est une voiture d'hommes ayant besoin d'un vrai tout-terrain : des professionnels ou des vrais passionnés. Il offre de belles caractéristiques en franchissement et une suspension à toutes épreuves (en théorie). Mais elles ne seront nécessaires que dans des conditions que nous n'avons pas pu tester... en raison de pneus inadaptés. Choisir cette voiture pour un autre usage pourrait s'apparenter à un inexplicable mystère...

Lu sur : http://www.zr.ru/a/281240/
Adaptation VG

Tag(s) : #Essai, #Chevy Niva, #UAZ, #Patriot