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L'auteur du blog rusautomobile nous raconte une nouvelle histoire tirée de ses souvenirs de journaliste auto (il faudra que je prenne contact avec lui pour en savoir plus). Cette fois ci, il est question d'un petit scandale qu'il a provoqué sur le stand de Baltijas Dzips au Salon de Saint-Pétersbourg en septembre 1996. Voilà pourquoi :

"En mai 1996, à la foire de Nijni-Novgorod, j'ai rencontré par hasard un jeune homme qui s'est présenté comme collaborateur du bureau d'étude de Parfenov, qui portait alors le nom de "Design Centr - Styl". Il m'a montré plusieurs photos d'un nouveau tout-terrain basé sur une mécanique de UAZ. D'après ce qu'il m'expliquait, ce véhicule dessiné et réalisé par Parfenov avait été commandité par le letton Felix Tontegode. Pour être plus précis, l'équipe de Parfenov avait réalisé cette voiture dès 1992, dans le but de la produire à l'usine de Kirov. Une dizaine de voiture avaient même été construites. Mais l'affaire avait rapidement capoté (comme toutes les projets entrepris par Parfenov...). Tontegode avait donc l'idée de relancer le projet et produire cette voiture dans un Pays Balte sous le nom de "Baltijas Dzips" (la Jeep Balte). Apparemment l'idée était ensuite d'en lancer la fabrication à Saint-Pétersbourg et dans de nombreuses autres villes russes en tirant profit de la simplicité de sa conception : une carrosserie en plastique sur un châssis et une mécanique UAZ.

J'ai discuté avec ce jeune homme pendant près d'une heure et tout enregistré avec mon dictaphone. De retour à Moscou, j'ai tout retranscrit pour écrire un article sur le sujet. Il reproduisait assez fidèlement ma discussion. J'ai essayé de  passer un coup de fil à Saint-Pétersbourg, histoire de contrôler la véracité des propos de cet homme avec Iouri Chtcherbakov, alors directeur du bureau d'étude de Parfenov. Nous nous connaissions un peu : je l'avais rencontré deux ans plus tôt à Saint-Pétersbourg car je voulais m'enquérir du sort de la Laura. Il m'avait envoyé deux photos de la nouvelle Laura (l'une d'elles, en noir et blanc, illustre cet article)

L'article sur Baltijas Dzips et Felix Tontegode fut publié. En  septembre 1996, je suis allé au salon de Saint-Pétersbourg, avec sous le bras le magazine dans lequel il se trouvait. A ce salon, Tontegode présentait son projet et exposait la voiture. Chtcherbakov lui avait déjà transmis l'article. Je le rencontre sur place et il me dit : "Felix t'attend, va sur son stand". J'y suis allé...

Il a commencé à me crier dessus : "te voilà, petit salaud, je vais te broyer tes doigts". Ou quelque chose dans ce style. "Je t'emmène à une conférence de presse et devant le monde entier tu vas réfuter tes allégations. Et si tu veux, j'appelle un correspondant des Izvestia qui est mon ami et il te fera virer de la profession ". Honnêtement, je n'exagère pas. C'est ce qu'il criait. J'ai bêtement baissé les yeux, sans trop savoir ce qui m'arrivait. J'ai fini par comprendre qu'il avait lu mon article et que celui-ci ne lui avait pas plu !

Puis il a pris une profonde respiration et il m'a fait part calmement de ses prétentions. Il voulait savoir d'où je tenais toutes ces conneries, pourquoi je les avais inventées. Il parlait de mon mystérieux interlocuteur de Nijni-Novgorod, dont je n'avais malheureusement, même pas gardé une carte de visite. De nouveau il criait : "Je ne connais aucun collaborateur de Nijni-Novgorod. C'est mon projet. Il n'y a que moi qui sait ce qu'il contient et je suis le seul qui peut en parler !". Pour couronner le tout, il avait un argument supplémentaire : "En plus, je ne m'appelle pas Tontegode !". Et dans tout l'article je l'avais affublé de ce nom. Je suis reparti un peu dépité. Après un sourire conciliant, Chtcherbakov m'a dit : "Tu m'aurais demandé...".

"Tontegode" n'a jamais rien fabriqué. La production n'a pas été lancée et la voiture s'avéra être un échec (*). Peu de gens se rappellent aujourd'hui de cette voiture. Et pourtant dans l'article, qui indignait ce "Tontegode" j'avais été prudent en doutant un peu de sa capacité à mener jusqu'au bout ce projet ambitieux.

Lors de ce salon en 1996, j'ai discuté avec Parfenov, malheureusement sans mon dictaphone. Je me souviens qu'il m'a dit que la nouvelle Laura était basée sur la Pontiac Fiero, qui avait une suspension à double triangulation à l'avant et de type MacPherson à l'arrière. Ce n'était pas une vraie voiture de sport, mais sa garde au sol était adaptée à nos routes. Sur le stand deux exemplaires étaient exposés : un rouge et un jaune. Si vous regardez bien, vous verrez la Baltijas Dzips au second plan".

A noter que Rusautomobile se trompe peut-être en affirmant que la voiture n'a jamais été produite. On trouve sa trace assez facilement sur le net. Ainsi on peut lire :

"La Baltijas Dzips est une marque peu connue. Il s'agit d'une société basée à Riga qui a commencé à fabriquer des voitures en février 1997. Son modèle principal est le pick-up deux places à 4 roues motrices BD-1322, conçu par le bureau d'études péterbourgeois "Stil" sur la base du UAZ-3141. Ce véhicule se compose d'un châssis cage sur le quel on monte les panneaux de carrosserie en fibre de verre. D'autres modèles ont également fait leur apparition : un pick-up avec un empattement rallongé de 300mm et aussi le pick-up BD-132211 avec une double cabine à 4 portes. Ces modèles disposent d'un pont avant enclenchable, d'une direction assistée Adwest, d'un démultiplicateur. Les moteurs sont des ZMZ-402 ou ZMZ-406 russes ou un turbodiesel Iveco 8141 S27 de 105ch. La charge utile est de 625kg. Le BD-1322 est destiné aux amateurs de loisirs de plein-air, les agriculteurs, les géologues ou l'armée".

Le site Wikipedia indique par ailleurs que Baltijas Dzips a fabriqué environ 1350 exemplaires de ce modèle en trois ans et demi : http://de.wikipedia.org/wiki/Baltijas_Dzips

Lu sur : http://rusautomobile.livejournal.com/152581.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Baltijas, #Dzips, #Anecdote, #Laura, #Rusautomobile