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Vous pensez que c’est une 3102 ? Et bien non, la 31013, est la même Volga avec une plaque de plomb dans le coffre arrière. A dire vrai, dans l’exemplaire qui illustre cet article la dalle de plomb est absente, et le propriétaire actuel ne l’a jamais vue. Mais cette plaque de 90 kilos faisait bien partie de l’équipement de série de la GAZ-31013 car sans elle, il était difficile d'avoir une répartition des masses acceptable après l’installation du lourd V8.
Même aujourd’hui il est facile de voir quelle voiture puissante et rapide elle est. Il est aussi facile d’imaginer ce qui se passa en 1982 lors qu’elle est tombée de chaîne. Dans les longues lignes droites, en matière de vitesse, elle n’avait pas de concurrente.
La 31013 peut être considérée comme l’un des plus aboutis exemples de « tuning d’usine ». Même s’il est clair qu’en 1982, les spécialistes de GAZ n’avaient jamais entendu ce mot, la pratique elle-même existait depuis longtemps : par exemple, GAZ avait déjà fabriqué pour les services spéciaux une petite série de Pobeda avec de gros et puissants moteurs, ainsi que la Volga M-23 sur la base de la M-21. C’est à cette époque qu’on commença à parler de « véhicules de poursuite » (en russe on parle de « dogonialka », celle qui court après), une appellation totalement adaptée à ce type de voiture. Plus tard, quand GAZ à commencé à produire les GAZ-24, un atelier spécial continua à jouer les apprentis sorciers sur les différents modèles de la marque. Le sommet de cette évolution fut atteint avec la Volga GAZ-31013 sur base 3102.
On peut parler avec fierté de cette dogonialka. Elle surpassait même la célèbre Mercedes-Benz E500 qui était apparue beaucoup plus tard ! De toute manière, par sa cylindrée, elle n’aurait pas pu être comparée à une E320, ou à une Volga à moteur 2,4. Son moulin à elle, un ZMZ-505.10 faisait 5,53 litres ! Bien sûr la puissance était beaucoup plus modeste que la Mercedes : 195ch à 4000tr/min, mais avec un couple énorme de 405Nm à 2200/2500tr/min. Pourtant, contrairement à la E500, les ingénieurs de Porsche n’avaient pas participé à la conception de la voiture.
Si la voiture ressemblait à une 3102 ordinaire, c’était exprès. « Pour que personne ne la remarque ». Néanmoins, nombreux sont ceux qui après leur apparition sur les routes avaient appris à la reconnaître. Les inspecteurs de la police routière (GAI) se sont rapidement adaptés : l’œil exercé du fonctionnaire remarquait à la fois les antennes du système de communication « Kavkaz », la garde au sol un peu plus basse, et les deux sorties d’échappement. Sur certains exemplaires, celui-ci était particulièrement bien camouflé avec une sortie deux en un. Pour brouiller encore plus les pistes, on laissait les trois pédales comme une Volga normale, alors que la voiture était équipée d’une boîte automatique. Pour parler technique, il s’agissait d’un convertisseur hydraulique à 3 vitesses, avec un rapport final de 2,35. Il s’agissait d’une boîte particulièrement fiable. Heureusement car elle était très complexe à réparer car le plancher du véhicule n’avait pas subi de modifications et pour déposer cette boîte, les mécaniciens devaient faire preuve de miracles d’adresse.
Les voitures étaient assemblées à la main : la carrosserie (mieux isolée des bruits et des vibrations) était étamée et peinte selon les techniques utilisées sur les Tchaïka, avec plusieurs couches de peinture et de vernis. La production en petite série permettait d’équiper ces voitures spéciales de tous les équipements possibles. Toutes disposaient de la direction assistée, certaines avaient la climatisation et des vitres électriques.
Alekseï, le propriétaire actuel de cette dogonialka affirme qu’il a eu la possibilité d’acquérir cette voiture dans un sale état, mais il l’a acheté parce qu’elle lui plaisait beaucoup. Naturellement ces voitures n’étaient pas en vente libre : après la chute de l’URSS, elles ont encore été utilisée un certain temps par la 9ème section du KGB (devenu ensuite le FSB). Mais quand les services spéciaux ont eu besoin d’améliorer leur efficacité et qu’ils ont eu la possibilité d’acheter des voitures étrangères, celles-ci ont été mises en vente. L’un des parents proches d’Alekseï occupait justement un poste haut placé dans la 9ème section, et donc ... Maintenant la voiture sert de carte de visite à Alekseï et à Evgueni, son ami et partenaire en affaires.
Juste après l’achat de la voiture, ils ont eu des mauvaises surprises : il a fallu refaire le moteur en achetant des pièces rares coûtant le prix de pièces pour voitures étrangères. Les bougies cassent constamment, la direction assistée bourdonne, et l’huile fuit par le carter.
Sur routes glissantes, la voiture demande une conduite particulièrement habile. Une pression imprudente sur la pédale de gaz peut mettre facilement la voiture en difficulté. Notre héros a même une fois regretté l’absence de la plaque de plomb dans le coffre quand sur chaussée humide la voiture est partie en tête à queue. Mais heureusement, tout c’est bien terminé.
Evgueni, l’ami d’Alekseï, a également appris à connaître les mœurs perfides de la voiture, quand il a pris le volant de la Volga, et que Alekseï à pris la voiture de sa femme. Ils roulaient ensemble, et la Volga a commencé à prendre le large. Maintenant Alekseï en parle avec le sourire « Le fou, il pensait qu’il allait décoller ou quoi ? ». Il n’arrivait pas à rattraper la Volga (pourtant il roulait en Nissan Primera 2l. GT). Et son ami ne réagissait pas non plus aux appels de phares. La voiture a fini par s’arrêter avec rudesse alors qu’Alekseï pensait l’accident à l’abord d'un virage serré inévitable. Plus tard il s’est avéré que le carburateur était resté coincé en position ouverte, et ce n’est qu’après avoir actionné plus d’une centaine de fois la pédale qu’ils ont réussi à remettre tout en ordre.
Malgré tout la voiture plaît à Alekseï. A tel point, qu’il a même refusé de la vendre $7500. Il l’aime pour sa conduite calme et harmonieuse à basse vitesse, pour son caractère statutaire (dans la circulation on s’écarte de cette Volga noire). Pour son originalité aussi : la voiture a conservé sa sirène et dispose d’autres équipements orignaux comme par exemple le bouton pour démarrer le moteur (Alekseï nous avait pourtant demandé de ne pas révéler le secret). Mais l’essentiel est dans le potentiel de la machine. Même au-delà de 100 km/h on sent que le moteur n’est qu’à 25% de ses capacités et qu’à n’importe quel moment il est capable de démontrer la grandeur de l’industrie soviétique.
Alekseï n’a pas trop modifié la voiture : les roues alliages, les rétroviseurs, les vitres électriques, les amortisseurs Monroe sont les seules choses qu’il a installées. Il considère qu’on ne peut pas faire mieux que les ingénieurs de l’usine et que la voiture ne devrait pas lui faire de mauvaises surprises avec le temps : bien qu’il ne possède la voiture que depuis un an.
Il n’a cependant pas résisté à la mode du drag-racing : il a déjà pris plusieurs le départ contre des sportives étrangères et il a souvent fini premier. Mais pour être honnête il a refusé de se mesurer à une Subaru Impreza WRX STI : "elle a quatre roues motrices et une répartition des masses idéales, et ma dogonialka à un nez lourd et un arrière léger". Il n’hésite pas non plus à épater ses voisins en écrasant un instant la pédale d’accélérateur. C’est toujours intéressant d’observer la réaction de ceux qui restent plantés au feu rouge.
Vous aimeriez connaître les valeurs du 0 à 100km/h ... mais Alekseï gardera encore une fois le chiffre secret. Cela n’est pas mentir de dire que les voitures laissent leur empreinte sur leurs propriétaires !
Lu sur http://www.zr.ru/show_article.pl?ida=23204
Traduction VG