En Union soviétique, la voiture n'était pas seulement un moyen de transport, mais un véritable luxe. Du moins, pour la majorité de la population. Pour acheter une nouvelle voiture, il ne suffisait pas de gagner une somme d'argent fabuleuse pour l'époque, il fallait rédiger une demande à l'administration locale, obtenir une autorisation, faire la queue, payer, puis attendre à nouveau et enfin obtenir la voiture tant convoitée... Pas étonnant qu'au pays des Soviets, le monde des passionnés de voitures était en quelque sorte l'élite.
C'est pourquoi, même aujourd'hui, certaines personnes pensent que le tuning n'existait pas en URSS. Bien sûr, ce n'est pas le cas ! Certains automobilistes, tout comme aujourd’hui, « amélioraient » leurs voitures. Bien sûr, il s'agissait d'un loisir qui n'était « pas pour tout le monde », et il était impossible de commander quelque chose sur internet ou de se le procurer en magasin. Par conséquent, tous les accessoires nécessaires à la personnalisation devaient d'abord être « obtenus » par l'intermédiaire de connaissances, par des « proches » travaillant dans les magasins et dans les ateliers de réparation automobiles, échangés contre d'autres articles rares, etc. Mais c'est précisément ainsi que les voitures ont acquis des attributs que l'on peut aujourd'hui considérer comme cultes : des nattes de massage à billes sur les sièges, un volant tressé et, bien sûr, un spectaculaire pommeau de levier de boîte de vitesses avec une rose à l'intérieur !
Il est clair qu'en réalité, le tuning soviétique était beaucoup plus intéressant et diversifié que les améliorations purement externes. Il y avait des balles de tennis placées dans les ressorts de suspension pour améliorer leurs propriétés, et de l'antigel versé dans les phares... Mais ce que l'on sait moins, c'est que malgré tout son élitisme, les amateurs de tuning automobile en URSS devaient faire face à la critique et à la censure.
Ces critiques cachaient souvent l'amertume et l'envie banales des citoyens soviétiques, car tout le monde ne pouvait se permettre d'acheter une voiture, et encore moins de la modifier. Les mots « Pigeon » et « Gamin » sont les mots les plus doux que les conducteurs de voitures « tunées » pouvaient entendre à leur adresse. « Fainéant !», entendait-on souvent après que l’amateur soviétique aient démarré en trombe au feu rouge. Et pour les « décorations » telles que les pommeaux avec une rose ou les déflecteurs sur les vitres latérales, on pouvait même obtenir le titre de « bourgeois pur jus ».
Toutefois, ce n’est pas seulement la rumeur populaire qui s’abattait sur le « tuning soviétique », mais aussi les professionnels. Voici ce que le populaire (et l’unique !) magazine automobile de l'URSS - Za Roulem - a écrit dans l'article « ... et ce qui est mauvais » en 1978 : « Il faut retirer toutes pièces qui pourrait, dans certaines circonstances, accrocher une autre voiture... Il semblerait que tout soit clair. Mais regardez ce que les conducteurs font parfois. Il n'est pas si rare de rencontrer, malheureusement, des entrées d'air saillantes, des moustaches dépassant de 20 à 30 cm sur les pare-chocs, qui peuvent facilement blesser un piéton ».
Le journal continue : « Un autre exemple. Aujourd'hui, sur les routes des États Baltes et dans d'autres endroits, on peut voir un certain nombre de voitures avec des assiettes en plastique sur les phares. Certains automobilistes essaient de protéger le verre contre les pierres et la saleté de cette manière analphabète. Mais cela devrait être fait différemment - à l'aide de grillages, d'écrans transparents ». Les experts soviétiques n'apprécient pas non plus les améliorations du design : « Je voudrais m'opposer à ceux qui accrochent divers talismans dans la voiture, au niveau du pare-brise ou de la lunette arrière. Premièrement, cela réduit le champ de vision et deuxièmement, ce qui est encore plus dangereux, indépendamment de la volonté du conducteur, cela distrait son attention, augmentant la quantité d'informations entrantes durant la conduite... Les décorations inutiles - toutes sortes d'emblèmes, d'autocollants - sont récemment devenues une épidémie. Cette épidémie, bien sûr, touche les personnes qui ont une vision étroite des choses et des goûts peu sophistiqués »...
« Il est assez amusant de voir des publicités d'entreprises étrangères sur les vitres des voitures. À l'étranger, elles sont payantes, alors que chez nous, il s'agit d'une publicité gratuite, pardonnez-moi l'expression » s'indignent les experts automobiles soviétiques de la fin des années 70. À la fin de l'article, ses auteurs, dont deux candidats aux sciences techniques et le chef du département technique de la police de la circulation, notent que la voiture est « une œuvre complète d'esthétique technique », dont l'élégance a été travaillée par « des artistes et des sculpteurs ». « Des ajouts amateurs ne peuvent que la détériorer » sont convaincus les auteurs.
Lu sur : https://www.avtovzglyad.ru/fan-zona/starohod/2021-01-18-kak-v-sssr-klejmili-ljubitelej-kolhoznogo-tjuninga/
Adaptation VG