
Le réalisateur tchèque Petr Horky a réalisé un documentaire consacré au travail du Suédois Bo Andersson chez AvtoVAZ. D’une durée de 63 minutes et intitulé « The Russian Job », il a été a été tourné pour la télévision tchèque et sa bande annonce ci-dessous montre qu’il mérite vraiment d'être vu. Il est présenté comme suit :
« L'usine Lada, construite en 1960 à Togliatti, a été conçue pour montrer au monde occidental le miracle de la prospérité soviétique. Une utopie parfaite dans laquelle personne n'osait douter. 50 ans plus tard, l'usine est en pleine déconfiture et continue à perdre des milliards de roubles par an. Et personne n'ose renverser cette tendance jusqu'à ce qu'un super manager suédois vienne apporter le business model capitaliste à l'usine socialiste.
Bo Andersson, cet ancien militaire qui a déjà ressuscité un autre constructeur automobile russe, est arrivé à Togliatti avec une petite équipe mais avec un gros objectif : être le premier président étranger d'AvtoVAZ. Personne n'ose s'opposer à lui. Pas au début ».
Dans une interview, Petr Horky raconte le tournage :
Q : Vous avez fait un film sur la compagnie russe Lada. C’est arrivé comment ?
R : A l’automne 2014, je travaillais pour un journal économique et on m’a demandé d’aller visiter l’usine Lada à Togliatti pour écrire un article sur elle. Là, j’ai rencontré ce dirigeant suédois, pragmatique et travailleur qui était en train d’amener des changements spectaculaires dans cet endroit plutôt endormi. C’était un homme du monde capitaliste essayant d’occidentaliser une relique post-soviétique. J’ai écrit mon article mais le thème et les images sont restées dans ma tête. Avec un ami photographe, nous avons demandé à Bo Andersson si nous pouvions réaliser un documentaire sur ce processus de réforme. Et il a dit oui.
Q : Quels sont les choses les plus étonnantes que vous avez découvertes pendant le tournage ?
R : J’ai été surpris sur comment tourne autour de l’usine dans la ville. Presque toute le monde que vous rencontrez là-bas a travaillé dans l’usine ou connait au moins quelqu’un qui y travaille. Vous pouvez partout sentir que la ville a été construite autour de l’usine. La plupart des habitants de Togliatti se souviennent du passé communiste comme le meilleur moment de leur vie.
Q : Le film montre le côté percutant de Bo Andersson dans les affaires. Pensez-vous que vous avez aussi réussi à monter son côté le plus sensible ?
R : Bo Andersson est très direct dans son attitude envers son travail et envers ses employés mais en même c’est une personne vraiment très prudente. Nous l’avons approché plus que n’importe quel journaliste ne l’avait approché et nous avons eu des discussions très ouvertes avec lui, ce qui est inhabituel pour des personnes occupant des postes aussi élevés. Mais en même temps, Bo Andersson était toujours conscient d’être devant la caméra et nous ne l’avons jamais vraiment pris au dépourvu.
Q : De quelle manière le film explore-t-il les stéréotypes russes ?
R : Je pense que vous êtes très poli dans votre question. Vous auriez pu dire que nous avons exploité les stéréotypes russes ! Dans notre film, les habitants sont sentiments de leur passé, parfois ils sont fainéants, parfois ils sont fiers, ils aiment s’afficher et jouer carte blanche. Mais ils peuvent aussi profiter de leur vie, ils ont leur propre vie, aiment se jeter dans l’eau glacée ou passer un bon moment à ramer sur la Volga, quel que soit le régime politique en place.
Q : Comment décrivez-vous l’atmosphère du film ?
R : Je ne peux plus répondre de manière objective mais des fois je le vois comme une comédie avec des sous-entendus tragiques et d’autres fois comme une tragédie avec un fond de comédie. C’est donc probablement quelque chose entre les deux.
Q : Le film présente les « Morses », un groupe de Russes excentriques qui nagent dans l’eau glacé. Pourquoi avez-vous décidé de les inclure ?
R : Ce club de baigneurs faisait partie d’AvtoVAZ. Nous pensons que la micro-histoire de la déneigeuse pouvait illustrer les relations compliquées entre les gestionnaires étrangers et les locaux.
Q : Voyez-vous des similitudes avec la vie et la mentalité des gens de République Tchèque ?
R : Je pense qu’en République Tchèque vous pouvez également trouver également beaucoup de gens qui vivent dans le passé et dans un état de négation collective, mais ce n’est pas aussi concentré qu’à Togliatti.
Q : Qu’avez-vous prévu pour la suite ?
R : Je n’ai pas de plans précis mais je voudrais revenir à la question originale : où est la frontière entre l’Est et l’Ouest ?
En espérant qu'il sera possible très rapidement de visionner ce documentaire dans son intégralité.
Vu sur :
https://fakti.bg/avto/273091-spasitelat-na-lada
http://therussianjob.krutart.cz/
https://dokweb.net/articles/detail/416/interview-petr-horky-director-of-the-russian-job-a-film-in-the-competition-for-mid-length-documentary-at-idfa-2017
Adaptation VG