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La Michka, cette petite voiture à faible budget typiquement russe, sera commercialisée en début d'année prochaine, a indiqué Leonid Zagorski, le directeur général de la société MTM (Michka-Toula-Moskva). Une cinquantaine d'exemplaires de pré-série roulent déjà sur les routes.

L'histoire de cette voiture est complexe. Au milieu des années 90, l'industrie automobile russe s'effondrait et la disparition de ses constructeurs paraissait inévitable. C'est pourtant en 1997 que "Avtoselkhoemach holding", compagnie créée sur les ruines d'une société d'Etat soviétique, a conçu une voiture compacte et bon marché. On lui prédisait un bel avenir. De nombreuses entreprises ont investi pour participer à cette aventure, comme la "Leningradski Severnij Zavod, l'usine d'équipements agricoles de Stravrov, "Kavkaz-M" de Krasnodar et même un fabriquant de fourrures... BelAZ aurait, lui aussi, acheté une licence en vue de produire la Michka.

Les plans étaient ambitieux (on parlait d'une capacité annuelle de production de 30,000 voitures). L'usine de Krasnodar a signé un contrat avec une société américaine, laquelle devait aider aux investissements, amener son expertise et même de nouvelles technologies pour produire la "Michael" (comme ils l'avaient renommée) pour un prix de 3000 euros (pour le modèle de base) à 5000 euros (pour une version à moteur 1,4 de 78ch et boîte automatique)... Mais les problèmes économiques du pays et la crise mondiale ont eu raison de tous ces projets...

A l'exclusion d'un seul. En janvier 2003 est fondée la société MTM (Michka-Toula-Moskva), qui compte parmi ses créateurs l'administration de la région de Toula et le grand maître des échecs Anatoli Karpov. Mais au fil du temps les responsables de la région changent, ainsi que leur attitude envers le projet : ils refusent  désormais de fournir les installations de production de l'usine de moissonneuses batteuses de la ville. Anatoli Karpov ne rend pas les armes pour autant et avec ses collègues il a réussi a mener le projet jusqu'au bout. La voiture a passé avec succès ses tests d'homologation et s'apprête à rentrer en phase finale de production !

La Michka appartient à la catégorie des voitures compactes (Classe-A). C'est la voiture la moins chère sur le marché russe : en version de base avec une carrosserie "break", elle ne coûte que 195,000 roubles. Ses acheteurs potentiels sont les retraités, les habitants des zones rurales, les pêcheurs et les chasseurs. Elle peut être aussi adaptée pour les services de police ou de santé surtout dans les zones périphériques. Elle peut aussi être la deuxième voiture du foyer. De plus, une version à vocation sociale destinée aux personnes handicapées sera même disponible.

Son châssis tubulaire est constitué de tubes de section carrée en acier de 3mm. Celui-ci est prévu pour conserver ses propriétés durant au moins 10 ans. Les panneaux de carrosserie en plastique (réalisés par thermoformage sous vide par la compagnie "Sibur" de Toula) sont accrochés directement sur la châssis. Le moteur et la boîte de vitesse mécanique proviennent de l'usine de moteurs de Melitopol (MeMZ) bien connue puisque fournisseur de ZAZ. Mais la Michka est prévue pour recevoir n'importe quel type de moteur ayant une cylindrée de 1 litre à 1,3 litre provenant d'un fournisseur étranger, comme par exemple, Volkswagen, Renault Peugeot ou Hyundai. Cela ne prend pas beaucoup de temps puisqu'il suffit d'adapter le berceau moteur. Certaines pièces sont empruntées à l'Oka ou à des modèles de VAZ, UAZ, GAZ et ZAZ. Elles sont faciles à trouver chez les revendeurs de pièces détachées. La réparation et l'entretien peuvent être effectués dans une simple station service.

"Si la voiture est une voiture bon marché à tous les égards, indique Leonid Zagorski, il y a assez d'espace sous le capot pour installer des équipements supplémentaires, pour augmenter le confort ou la sécurité, comme la direction assistée, l'ABS ou la climatisation. En fonction des demandes des clients, nous sommes prêts à modifier le tableau de bord, les sièges ou les garnitures intérieures pour quelque chose de meilleure qualité. Mais pour cela, il faudra bien sûr payer".

La voiture est homologuée avec les carrosserie "break", "fourgon" et "pick-up". Mais selon Leonid Zagorski, il y aurait aussi une demande pour un version cabriolet. Il faut dire que la carrosserie break peut être facilement transformée : il suffit de dévisser quatre vis pour pouvoir aisément retirer la partie arrière du toit.

Et à l'intérieur ? Il est facile de se faire une idée. La carrosserie est 12mm plus large que celle de l'Oka et quelqu'un de moins de 190cm n'aura pas l'impression de se sentir à l'étroit. Les sièges reculés à fond laissent suffisamment d'espace. Mais si deux adultes veulent s'installer à l'arrière, ils devront s'asseoir de travers. Trois passagers seront de trop. Banquette arrière rabattue le coffre est tout simplement énorme. Les caractéristiques techniques officielles mentionnent une capacité maximale de 800 litres, mais selon Leonid Zagorski il en fait une cinquantaine de plus.

La photo qui illustre la capacité du coffre (Za Roulem s'excuse pour sa petite taille car elle a été faite avec un téléphone portable) permet de se faire une idée de sa capacité réelle : elle a été prise par un habitant de Toula qui a récemment acheté une Michka. Voilà les réserves pour l'hiver qu'il a réussi à charger dans le coffre : 7 sacs de pommes de terre (40 kg), deux sacs d'oignons (35kg), un sac de betteraves et un sac de choux (25kg chacun). Il a transporté tout cela avec sa femme et selon le conducteur, la voiture a bien supporté toute cette charge.

La Michka adaptée pour les handicapés dispose des mêmes caractéristiques que l'Oka : large portière et siège situé à la même hauteur qu'un fauteuil roulant. Il est donc très facile de s'installer à son volant. Il faut rendre ici un hommage particulier à l'équipe menée par Anatoli Karpov qui a choisi de proposer cette version. Actuellement (et depuis longtemps) aucun constructeur ne propose en Russie de voitures pour les personnes handicapées. On en trouve en Europe, mais à des prix très élevés.

Les concepteurs de la Michka sont conscients du fait que leur voiture, conçue au siècle dernier, apparaît simpliste. Mais ils ont l'intention de l'améliorer. La Michka a été confiée pendant trois mois au célèbre designer suisse Franco Sbarro. Il a déjà fait quelques propositions et il faut donc s'attendre dans le futur à ce que la Michka évolue fortement. Leonid Zagorski indique que "les deux parties sont actuellement en cours de négociation et que pour concrétiser le projet, avec sa carrosserie en plastique, il ne faudrait que trois mois".

Une caractéristique intéressante de la Michka est sa garde au sol : 185mm. De plus, ses soubassements plats augmentent encore ses capacités de tout-chemin. Les seuls éléments "contondants" sont le pot d'échappement et le mécanisme du frein à main. Lors de ses différents essais, la Michka a montré de vraies capacités d'évolution à la fois sur la neige, dans la boue et sur le sable. Dans ces dernières conditions, le faible poids de la voiture et les 70 chevaux du moteur permettent de se sortir de tous mauvais pas. Les créateurs de la Michka planifient d'ailleurs de faire une version à quatre roues motrices.

En attendant, la Michka est également disponible en version bi-carburation essence-gaz. Celle-ci est déjà homologuée. Le système d'alimentation est d'origine italienne. Le réservoir de gaz est situé dans l'emplacement de la roue de secours ce qui permet de préserver le compartiment à bagages. Torique (il fait presque la taille d'une roue), sa capacité est de 42 litres. La consommation de gaz est de 7 litres aux 100km. Avec ses deux réservoirs de carburant la voiture dispose d'une autonomie d'environ 1300 km !

La production de la Michka sera particulière. Dans l'usine, pas de chaîne de montage mais des postes de fabrication où des équipes seront chargées de sa fabrication de A à Z. En cas de problème qualité, il sera facile de trouver l'équipe responsable du défaut - celle-ci devra payer les réclamations de sa poche. Une telle incitation financière obligera les ouvriers à effectuer un travail sans faille.

Lorsqu'on connait les précédents, on peut se demander si ce nouveau projet pourra aboutir à la production de masse. En d'autres termes, MTM aura-t-il suffisamment d'argent ? Leonid Zagorski répond : "En ce moment nous n'avons pas d'argent "frais" pour organiser la production en série, mais cela devrait bientôt changer. Nous émettrons plus d'actions lors de notre passage en bourse au quatrième trimestre. Je dois ajouter que des investisseurs de renom ont exprimé leur intérêt pour participer à notre projet. Ils ont d'ailleurs pu voir de près nos voitures et sont rassurés sur les bénéfices qu'ils peuvent tirer avec nous. Ils ont été également rassurés en voyant notre business-plan. Celui-ci prévoit un bénéfice net de 20 à 25 mille roubles par voiture vendue et nous prévoyons d'en produire 20,000 par an. En plus, notre business-plan est délibérément pessimiste avec un prix d'achat des pièces au détail, et non en gros. En pratique, les dépenses devraient être moindre que celles prévues dans ce plan".

"Les investisseurs ont une autre raison d'être confiants dans le succès de notre entreprise, poursuit Leonid Zagorski. Le garant du projet est Anatoly Karpov connu pour ses capacités de calcul et d'évaluation des situations. Cela signifie que nous aurons bientôt les fonds nécessaires et dès le premier trimestre 2012, la Michka sera commercialisée".

Toujours à propos d'argent, mais du côté des acheteurs, MTM a conclu des accords avec un grande banque pour que la Michka puisse être achetée avec une taux de crédit préférentiel. On parle d'un taux de 6%. Cela devrait permettre aux faibles revenus de prendre un crédit avec des échéances de remboursement de 3,000 roubles.

Michka est un nom qui sonne agréablement à l'oreille des Russes mais ce n'est pas le nom de la voiture mais du projet. L'entreprise a donc pris la décision d'organiser un concours national pour lui trouver un nom. Les modalités de ce concours seront bientôt dévoilées. A noter qu'Anatoly Karpov, l'un des pères du projet, ne conduit pas. Il n'a jamais eu le permis de conduire. Il ne ressent pas le plaisir de conduire. Il ne s'assoit jamais derrière un volant et n'en a pas envie. Malgré cela, pourquoi la voiture ne porterait tout simplement pas son nom à lui ?

Légende des photos :

  • Les premières Michka étaient prêtes alors que la neige de l'hiver 2011 n'avait pas encore fondue.
  • La plaque constructeur le prouve. La Michka est une vraie voiture.
  • A l'intérieur, on remarque immédiatement les pièces provenant d'autres voitures russes. Le niveau d'équipement, le confort et l'ergonomie correspond à l'idée que l'on peut se faire d'une voiture à faible budget, mais au moins on en a pour son argent. Il faudrait toutefois améliorer l'isolation phonique. Le levier de vitesse est trop court et il faut se pencher pour passer les vitesses. Cependant, ce modèle est un exemplaire de pré-série et on ne pourra apporter un avis définitif qu'avec un modèle de série.
  • Michka avec carrosserie break. Le hayon s'ouvre en deux parties. La partie basse peut servir de plateforme de chargement pratique.
  • Après de simples manipulations, la Michka se transforme en cabriolet.
  • Le dossier du siège conducteur s'incline et offre un large accès aux places arrière. Le passager a avancé son siège pour laisser de la place aux jambes de son accompagnatrice.
  • N'est-ce pas une voiture familiale ?
  • La roue de secours prend place sous le plancher du coffre. C'est là qu'est installé le réservoir à gaz de la version bi-carburation.
  • Leonid Zagorski est impliqué dans le projet depuis pratiquement le début.

Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/365082-narodnyj_avtomobil_mishka_vyhodit_v_ludi/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Michka, #Projet