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Boukhanka : un UAZ fait maison.

Parmi les samodelki dont a déjà parlé notre journal, celui-ci est un des plus vieux. La plupart des ZIL ou Gazik modifiés ont été construits dans les années 90, à une époque où plus personne ne s’étonnait de la propriété privée d’un camion. Mais celui dont il est question aujourd’hui est beaucoup plus ancien : il a été construit en 1981.

A première vue, ce minibus de couleur kaki ressemble non pas à une samodelka mais à un véhicule produit en grande série. Sa carrosserie en forme de coin est conforme à ce qui était à la mode dans les années 1970-1980. Dans cette voiture vous ne trouverez aucun problème de jointures entre les éléments de carrosserie : tout a été assemblé avec soin. De plus, on dirait que certaines pièces ont été fabriquées directement en usine ! Vous trouverez tout de même à l’extérieur de la voiture certains détails caractéristiques de la personnalisation. Par exemple le dessin des gouttières au dessus des portières.

A la fin des années 1970 - début des années 1980 un particulier ne pouvait pas acheter un camion ou un minibus. Mais il était possible d’en construire un soi-même au sein d’un club d’amateurs de samodelkis enregistré auprès de la GAI. Le problème des pièces se résolvait assez facilement. Dans les garages on trouvait beaucoup de minibus accidentés ou ayant atteint leur limite d’âge. De nombreuses pièces pouvant encore servir était assez régulièrement jetés à la poubelle.

La voiture dont nous parlons aujourd’hui est l’œuvre du moscovite Anatoli Michukov. Elle est basée sur un châssis de 4x4 UAZ-452 légèrement modifié. Si nous mentionnons un ancien indice usine du fourgon UAZ, c’est qu’à l’époque où Anatoli a fabriqué sa voiture, l’Usine d’Oulianovsk n’utilisait pas encore les indices 3741, 3962 et 2206.

Cette samodelka est un peu plus courte que le fourgon UAZ original : le porte à faux arrière est raccourci de 20cm. Le porte à faux avant reste standard, mais comme le nez est un plus élevé que le UAZ-452, les angles d’attaque et de sortie sont beaucoup plus à son avantage : c’est un paramètre essentiel pour une voiture tout-terrain. Cette samodelka est également 20cm moins large que le fourgon d’origine.

La carrosserie de la voiture est fabriquée selon la technique employée pour la production en série des autobus : des panneaux en acier sont soudés à une carcasse de tubes à section rectangulaire. Ici c’est le châssis du UAZ qui sert de base à cette carcasse. Il en résulte une structure très rigide : à aucun moment les baies de portières et de vitres ne se tordent sous l’effort. De plus, sans altérer la rigidité, on peut transformer cette samodelka en véhicule safari partiellement ouvert. L’énorme toit en vibre de verre se détache et on peut ôter les panneaux latéraux vitrés.

Un pièce comme la renfort séparant les deux vitres de pare-brise a également une très grande importance dans la rigidité de la voiture de Michukov. On sait que la baie de pare-brise est un des points faibles de la carrosserie de nombreux minibus et de certains camions à cabine avancée. Les véhicules en série dont la baie de pare-brise était la plus rigide sont le UAZ-452 et le RAF-977, car leur pare-brise était réalisé dans un verre bombé.

Malgré sa carcasse massive, la carrosserie de Michukov n’est pas particulièrement lourde. Selon son créateur, elle est même plus légère que sur le fourgon de série. Cela est essentiellement du aux dimensions plus petites, le plancher de l’habitacle en bois et le toit en fibre de verre. Michukov a pesé une fois à vide son véhicule sur une balance à camion : il pèse un peu plus de 1,6t alors que le UAZ-452 accuse 1720kg.

Les portes sont disposés comme à peu près la majorité des minibus : à gauche il n’y a qu’une porte pour le conducteur, et deux à droite. Celle de l’arrière étant battante. Les charnières extérieures ne gâchent pas l’apparence de la voiture. En plus elles permettent aux portières avant de s’ouvrir sur 90°, comme sur les UAZ-452 et le RAF-977. A la forme de l’embouti on remarque que le partie arrière des portes de la cabine sont celles modifiées d’un UAZ.

Les portières de la cabine sont équipées des vitres et lève-vitres récupérés du UAZ-452. Malgré tout, Michukov a réussi à dessiner des encadrements de porte de forme originale. Les poignés de portes sont issues du minibus polonais Nysa très populaire à l’époque. Il a également dessiné les moulures en bois dans le style de ce qui est fait sur le fourgon 4x4 Volvo.

Michukov a dessiné consciemment la partie arrière de son véhicule dans le style Land Rover Defender. Une porte battante avec une petite vitre étroite à sa droite et à sa gauche. La lunette arrière est équipée d’un essuie-vitre. La roue de secours est suspendue à l’extérieur dans le plus pur style Jeep. Les petits feux arrière sont de marque inconnue. Ils pourraient provenir d’un camion benne Magirus Deutz. Les butées arrière étaient montées sur un légendaire Jeep datant de la seconde guerre mondiale. Dans les années 60 Michukov en possédait une.

A l’intérieur le tableau de bord d’un RAF-2203 est parfaitement bien adapté. Son design et la disposition des instruments sont plus modernes et plus ergonomiques que sur le UAZ-452. Sous ce dernier on trouve le capot étrange du dispositif de chauffage avec les deux grandes grilles de la ventilation. Ils semblent directement sortis d’usine. Le chauffage a été récupéré sur un autobus Mercedes-Benz 408 qui servait dans les années 70 d’ambulance. Un deuxième chauffage est installé derrière le siège passager au même endroit que dans le GAZ-3221 « GAZelle ». Il provient du minibus Nysa. L’habillage de la colonne de direction et les comodos de clignotant, de phares et d’essuie-glaces proviennent d’une VAZ-2106.

Le Neiman provient d’une Fiat. C’est celui que l’on trouvait sur les voitures particulières soviétiques jusqu’en 1983. Par rapport à celui des actuelles Jigoulis, il se différencie par le fait qu’il y a deux positions pour la clé : colonne bloquée ou non.

Depuis quelques années le créateur de la voiture a remplacé certaines pièces. Ainsi un volant d’Opel a fait son apparition. L’éclairage est devenu plus efficace car les phares ronds ont cédé leur place à des phares rectangulaires de VAZ-2105. Associés à la calandre de Moskvich-2140 retravaillée, ils s’accordent parfaitement avec les lignes de la voiture. Les sièges avant de RAF-2203 ont fait leur temps et Michukov prévoit de les remplacer l’été prochain par d’autres en provenance d’une voiture étrangère.

La partie arrière de l’habitacle est destinée au transport de marchandises. Il n’y a pas de sièges. Si nécessaire on peut enlever le plancher après avoir retiré les tapis en caoutchouc et ôté quelques vis de fixation. Impossible sur un UAZ ordinaire, on obtient un accès depuis l’habitacle à la boîte de vitesse, la boîte de transfert et l’arbre de transmission et le pont arrière.

On dit que sous les intempéries et loin du garage, il est plus confortable pour travailler sur le moteur d’être assis dans la cabine. Mais là encore on est gêné par le volant, par les leviers de vitesse et par le capot moteur. De plus sur le UAZ-452, l’ouverture du capot ne permet pas d’accéder à toute la mécanique. Les alentours du troisième cylindre sont recouverts une cloison de l’habitacle et le quatrième cylindre se trouve dans une niche et est recouvert par les fixations du capot. C’est la raison pour laquelle toute la mécanique sur cette partie du moteur pose problème.

Il n’y pas de cloison dans l’habitacle de la voiture de Michukov. Le moteur ZMZ-402 est entièrement recouvert par un capot amovible. Il est très facile de travailler sur le moteur depuis n’importe quel côté. Un réglage ou une réparation de n’importe quelle complexité peuvent être faits directement en restant à l’intérieur de l’habitacle. A noter que le moteur n’étant pas le UMZ d’origine, il peut fonctionner à l’essence Ai-92 et également, comme ici au gaz. Le réservoir de gaz occupe la place du réservoir droit.

La batterie est positionnée derrière le dossier du siège conducteur comme sur le fourgon habituel, mais sur ce dernier pour l’atteindre il faut démonter le siège à cause de la cloison. Ici elle se trouve dans un logement facile d’accès et si nécessaire il est aisé de sortir la batterie de l’habitacle.

Sur le panneau avant au dessus de la calandre on dispose d’un faux capot, comme celui que l’on retrouve sur le RAF-2203. Il donne accès à un espace entre le masque avant et l’habitacle où se trouvent le maître cylindre des freins, de l’embrayage, le mécanisme d’essuie-glace, le réservoir de lave-glace, le radiateur de chauffage, l’accès aux ampoules de phares et certains appareils électriques. Toutes les pièces proviennent de modèles de grande série. Par exemple le maître cylindre vient d’une GAZ-24.

Les ressorts standards de UAZ étaient trop rigides pour cette carrosserie légère. C’est pourquoi d’autres éléments ont été trouvés pour assurer le meilleur compromis entre capacité de charge et confort de roulage. Les ressorts longitudinaux sont proches de ceux que l’on trouvait sur le UAZ-451, la version « propulsion » du fourgon UAZ. La colonne de direction est assez originale : il s’agit d’un arbre intermédiaire à cardans d’un ancien camion MAZ-200.

La voiture fêtera cette année ses 25 ans. Selon son propriétaire, à de nombreuses reprises il a transporté des marchandises en conditions de terrain très difficiles. C’est justement pour cela qu’est conçu un UAZ. A l’époque soviétique, Michukov a participé plusieurs fois à des expéditions sur longue distance organisée par des clubs de propriétaires de samodelki. Les participants à ces « courses » ont visité plusieurs coins de l’URSS. Aujourd’hui encore la voiture est en parfait état. Il n’y a aucune tâche de rouille sur la carrosserie, et les pièces sont faciles à remplacer : les pièces de rechanges UAZ et ZMZ sont disponibles n’importe où.

En Russie les véhicules comme ceux fabriqués par l’Autrichien Steyr Pinzgauer ou le Volvo à cabine avancée sont peu connus. Un Land Rover peut même faire sensation dans les rues de Moscou. Il s’agissait de véhicules qui il y a dix ans à peine servaient dans l’armée des pays européens. Ils sont utilisés aussi par la police et par les services d’incendie. Il s’agit d’une niche occupée en Russie par le fourgon UAZ.

Ce qui est intéressant c’est justement que chez les Européens, ces fourgonnettes 4x4 avait une forme en coin, alors que UAZ avait eu des prétentions pour en faire un véhicule avec un design plus civilisé : panneau avant potelé, pare brise bombé, panneaux latéraux et toit arrondi. Le minibus de Michukov ressemble non seulement au Volvo ou au Steyr, mais il rappelle aussi un prototype UAZ qui devait remplacer le vieux fourgon dans les années 80.

A l’époque soviétique les créateurs de samodelki étaient très nombreux. Ils organisaient des parades dans les rues et des voyages lointains. Nombre de ces créateurs sont devenus célèbres : on a parlé d’eux dans les journaux, des reportages télé ont été tournés. La plupart des samodelkis étaient des voitures particulières. Michukov est l’un des rares qui dans les années 80 a décidé de fabriquer son propre camion. Il existe un autre exemple en Géorgie où des ingénieurs ont fabriqué des véhicules à deux et trois essieux basés sur des châssis de UAZ avec une carrosserie réalisée à partir de morceaux de cabine de KAZ-608B « Kolkhida ».

Lu sur : http://gruzovikpress.ru/article/samodelka/2006_04_A_2006_07_05-13_53_15/
Adaptation VG

Tag(s) : #Samodelka, #Russie