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La publication des résultats financiers de 2017 met en lumière l’état actuel des affaires d’AvtoVAZ. Les raisons pour être optimiste sont nombreuses : la compagnie a réduit ses dettes et montre que son plan de reprise est en marche.

S’il y a encore des zones troubles dans son bilan, dans l’ensemble on peut dire que Lada est en bonne forme. En voici les dix raisons :

1. Des pertes réduites de 4,6 fois :
Les comptes d’AvtoVAZ sont toujours dans le rouge. Mais de moins en moins : au lieu de 44,8 milliards de roubles de pertes en 2016, celles de l’année dernière sont de 9,66 milliards. La croissance du marché russe, le renforcement du rouble, la hausse du prix des voitures, le lancement de versions de plus en plus coûteuses et d’autres facteurs ont permis cette réduction. Cependant, l’objectif stratégique de revenir à l’équilibre dans les deux prochaines années est peu susceptible d’être atteint. Prudent, Nicolas Maure le président d’AvtoVAZ, prédit un retour aux résultats positifs seulement pour 2020. En outre, dans le rapport d’audit du cabinet Ernst & Young, une phrase rappelle que la situation financière d’AvtoVAZ est la preuve d’une incertitude significative qui pourait permettre d’avoir des doutes quant à la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités. Au 31 décembre 2017, la dette à court terme de la société dépassait ses actifs de 62,3 milliards de roubles. AvtoVAZ aurait donc encore besoin d’une recapitalisation.

2. Un marge opérationnelle positive :
Mais les résultats opérationnels sont encourageants : une marge opérationnelle positive a été atteinte en 2017 alors que selon le programme de relance on ne l’attendait que pour 2018. AvtoVAZ fait état d’une marge opérationnelle de 1,6 milliards de roubles (elle était à moins 16,2 milliards en 2016). C’est tout d’abord la hausse des revenus (de 40,7 milliards de roubles, soit +22%) y compris les revenus provenant des exportations et les résultats des ventes de pièces de rechanges et de services après-vente qui a permis d’atteindre chiffres.

3. Une part de marché record et un sous-engagement colossal de l’usine :
Selon son propre rapport, l’année dernière AvtoVAZ a vendu 320,222 voitures et véhicules utilitaires légers et a atteint sa meilleure part de marché au cours des six dernières années avec 19,5% (ou 20,5% pour les voitures particulières). La Granta, la Vesta, la XRAY et la Largus font partie du top-10 des ventes en Russie. Les breaks Vesta SW et SW Cross ont été fabriqués à 5,518 exemplaires ou second trimestre, la majorité des véhicules produits ayant d’ailleurs été des Cross. Aux ventes en Russie, il faut ajouter les voitures et les kits CKD qui ont été exportés (24,955 exemplaires) et aussi les caisses pour la Chevy Niva et pour VIS-Avto. Il faut aussi rajouter les 107,375 voitures qu’AvtoVAZ a vendu à l’alliance Renault-Nissan (c’est-à-dire les Almera, Logan et Sandero assemblées à Togliatti). En tout cela fait 485,461 voitures, soit 15,7% de plus que l’année précédente. Cependant, à en juger par le volume de production, l’utilisation de la capacité de l’usine est inférieure à 40%.

4. Une lente accélération des exportations :
En 2017, AvtoVAZ a augmenté de 28% ses ventes sur les marchés étrangers et a commencé à livrer des voitures en Lituanie, en Jordanie, à Cuba et même en Chine (où des Niva classiques ont été expédiées). En tout, les Lada sont présentes dans 30 pays. Mais le volume total reste faible (24,000 voitures), le modèle le plus populaire est comme avant la Lada 4x4 et l’expansion vers les plus grands marchés d’Europe occidentale est freinée par les normes sur les émissions de dioxyde de carbone. Par conséquent, la majeure partie des exportations de 2017 concerne les pays de la CEI (15,5 mille, en hausse de 91%) et en Europe seules 5,905 Lada ont été vendues (essentiellement en Allemagne, en Hongrie et en Slovaquie). Comme le dit Nicolas Maure, « nous ne nous attendons pas à ce que nous nous concentrions sur l’Europe dans un avenir proche, mais après 2023 nous aurons des modèles globaux qui répondront à des normes économiques strictes ».

5. La course vers les plateformes mondiales :
Ces « modèles globaux » après 2023 font partie du plan stratégique qui prévoit cinq nouveaux modèles Lada en 2020-2022 et cinq autres en 2023-2026 auxquels il faut rajouter sept restylages de modèles actuels. Cependant, selon Nicolas Maure, il est clair que les nouveaux moteurs répondant aux normes européennes et la volonté désirée de Lada de faire son entrée sur le marché mondial grâce à la croissance des exportations seront le résultat de la transition vers les moteurs et les plateformes de l’alliance Renault-Nissan qui devrait prendre au maximum cinq ans. D’ailleurs, un des objectifs pour AvtoVAZ sur la période 2018-2021 reste de développer ses propres ressources d’ingénierie. Mais dans les résultats 2017, les coûts d’ingénierie sont restés stables : ils se sont élevés à 1,5 milliard de roubles comme en 2016. Soit dit en passant, certaines données de ce rapport sont curieuses : à fin 2017, 767 milliards de roubles avaient été investis dans le projet Vesta, 735 millions dans le projet Vesta SW et SW Cross et 1,7 milliard dans la XRAY. Indirectement, cela indique clairement que le coût des projets basés sur la plateforme B0 sont excessivement élevés !

6. Moins quatre milliards sur la Chevy Niva-2 :
L’une d’une partie les plus intéressantes du rapport financier de VAZ concerne les résultats de la joint-venture GM-AvtoVAZ. En 2017, en raison de « l’incertitude concernant le financement du projet de la nouvelle Chevrolet Niva », il a été décidé de dévaluer les actifs de la coentreprise de 4,25 milliards de roubles. En conséquence, GM-AvtoVAZ a enregistré une perte de 3,12 milliards, dont la moitié est supportée par AvtoVAZ, augmentant de fait ses pertes !

7. Plus de 80 milliards de dettes :
Mais la principale raison des pertes d’AvtoVAZ est le service de la dette. En 2017, les intérêts de la dette ont coûté à l’entreprise 7,3 milliards de roubles et 12,6 milliards de dollars supplémentaires ont servi à rembourser certains prêts. Et le montant des dettes à court terme s’élève à près de 120 milliards de dollars et les obligations à long terme auprès de Rostekh et de la Vneshekonombank sont de 84,4 milliards de roubles ! C’est pourquoi AvtoVAZ négocie avec ses actionnaires et les banques pour refinancer le portefeuille de ses prêts et obtenir de nouveaux prêts auprès de ses actionnaires. De plus, fin janvier 2018, le gouvernement russe a modifié la procédure de financement d'AvtoVAZ par Rostekh, excluant du document la mention de la participation proportionnelle de la société d'État dans le capital, ce qui ouvre la possibilité d'augmenter la part de l'alliance par de nouvelles contributions.

8. Une augmentation des subventions :
Autre nuance d’importance : pour 2017 AvtoVAZ a reçu des subventions de l’Etat russe pour un total de 20,4 milliards de roubles. C'est 2,2 milliards de plus qu'en 2016. Grosso modo, l'Etat a indemnisé le constructeur automobile de 64 mille roubles pour chaque Lada vendue en Russie ! Au total, 53 milliards de roubles ont été alloués à AvtoVAZ au cours de ces trois dernières années.

9. Un pronostic pour 2018 - la nouvelle Granta N°1 ? :
Pour cette année, AvtoVAZ s’attend à ce que ses ventes ne progressent pas moins que l’ensemble du marché russe, soit environ 10%. Une impulsion supplémentaire pourrait être donnée par les nouveaux modèles que Lada présentera cet été : la berline Vesta Cross et le XRAY Cross. Mais la principale nouveauté sera le renouvellement de la Granta qui intègrera désormais la Kalina restylée (hatchback et break) ce qui permettra à AvtoVAZ de cumuler leurs ventes. Cela signifie que la nouvelle Granta devrait prendre la première place dans le classement des ventes sur le marché russe. Aujourd’hui elle se classe deuxième à quelques unités de la Kia Rio et la Kalina est seulement 23ème.

10. Un nouveau président :
AvtoVAZ aura très probablement un nouveau président. A la fin de l’année dernière, Nicolas Maure a été nommé vice-président de Renault pour la région Eurasie, une sérieuse promotion. Il conserve pour l’instant son poste chez AvtoVAZ mais il plaisante beaucoup avec ses équipes sur son départ et sur la recherche pour se trouver un successeur. Sergueï Tchemezov, le PDG de Rostekh, indiquait pourtant début février que la question de son départ était déjà tranchée et que Renault cherchait un candidat pour sa succession en coordination avec la compagnie publique russe.

Lu sur : https://autoreview.ru/news/avtovaz-tormozit-ubytki-10-faktov-o-zdorov-e-lady
Adaptation VG

Tag(s) : #Lada, #Economie