Sönke Friedreich, un historien allemand, a étudié comment en RDA le ministère de la Sécurité d’État, plus communément connu sous le nom de Stasi, harcelait les ouvriers de la Sachsenring candidat au départ vers la RFA.
Deux ou trois ans avant la chute du Mur, lorsqu’un technicien du département d’essais de Trabant a fait une demande de sortie du territoire Est-allemand, sa demande a été rejetée. Cela n'a rien d'extraordinaire puisque les travailleurs de la Sachsenring devaient rester en RDA... et pour les punir d’avoir fait ce genre de demande, on les affectaient à des postes bien moins payées.
Sönke Friedreich, de l’Institut de l’Histoire de la Saxe de Dresde a écrit un livre sous le titre « Construire des voitures en RDA » et a donné une conférence sur le sujet à Chemnitz intitulée « Collégialité – Socialisation – Répression. Le travail collectif à la VEB Sachsenring Automobilwerke Zwickau ».
« Muter à un poste inférieur, moins qualifié, moins payé et physiquement plus difficile était une punition. Cela servait d’exemple à ceux qui serait tenter de faire la même demande et menait à l’humiliation du demandeur » raconte l’historien à propos des réponses de la Stasi aux employés de la VEB Sachsenring qui voulaient quitter le pays. Au cours des trois premiers de 1986, 43 employés de Trabant ont fait une demande de sortie, dont 23 hors production. Pas une seule demande n’a été acceptée. Ces employés ont ensuite été convoqué par le service du personnel pour un entretien relatif aux informations transmises par la Stasi sur la demande qu'ils avaient passée et ils étaient ensuite décrit dans leur dossier comme « têtu », « malin », « arrogant » ou « rusé ».
Comme le raconte l’historien, la Stasi mentionnait dans ses propres dossiers comment l’ambiance se détériorait à l’usine. On contestait régulièrement la gestion hebdomadaire du personnel. Des agents de la Stasi infiltrés parmi le personnel rapportaient fréquemment la détérioration du climat entre les travailleurs en raison de défauts dans la production, de la mauvaise qualité du Duroplast, du niveau élevé de poussière dans l’atelier N°3 et de l’augmentation continuelle des cadences. Dans un rapport de 1983, la Stasi écrivait : « Il y a de plus en plus d’indifférence parmi les ouvriers qui prennent de moins en moins soin à leur travail. Les ouvriers et les contremaîtres sont résignés à cause des nombreux problèmes qu’ils ne peuvent plus maîtriser...». La Stasi avait donc pleinement conscience que la classe ouvrière était en train de tourner le dos à l’Etat.
Lu sur : http://www.freiepresse.de/LOKALES/ZWICKAU/ZWICKAU/Die-Stasi-und-die-Sachsenring-Werker-artikel9537724.php
Adaptation VG